Faune malgache – Extinction des espèces et menaces sur les rescapées
La préservation des espèces constitue, une des principales causes de la protection de la biodiversité. Les statistiques prouvent que les menaces d’extinction ne sont pas de simples théories mais des réalités existantes. L’extinction des espèces continue et s’amplifie pour devenir l’un des problématiques à l’échelle mondiale en ce début du 21è siècle. Près de 80% de la biodiversité malgaches en sont menacées. La situation semble beaucoup plus grave selon le département de biologie et de conservation de l’université de Berkeley en Californie, qui a publié dans le magazine américain « Science » que 2 315 espèces de faune et de flore malgache sont à protéger dans les meilleurs délais. Le rapport national de suivi des Objectifs Millénaire du Développement a, par contre, précisé que 75 espèces de poissons, 62 mammifères, et 281 végétales endémiques de Madagascar sont menacées.
Exactement, 17 espèces de lémuriens malgaches sont décrites comme étant éteintes. Ils s’agissent des lemuridae, Archaeolemuridae, Paleopropithecidae, Megaladapidae, et Daubentoniidae. Ces primates disparus sont caractérisés par leurs grandes tailles par rapport aux lémuriens actuels. Le plus imposant qui a vécu à Madagascar, c’est certainement l’Archaeondris, dont cinq subfossiles témoignent qu’il a la taille d’un gorille adulte, qui pèse jusqu’à 250 kg. Après ce poids lourds, le Paleopropithecus pesait jusqu’à une cinquantaine de kilos, soit légèrement plus grande que l’orang-outan femelle. Une autre espèce très singulier concerne le Daubentonia robusta, qui serait un proche cousin de l’Aye aye actuel mais avec une taille 5 fois supérieure. Le plus récemment disparus après l’arrivée de l’homme serait le Megaladapis qui vivait encore dans les années 1500.
Déforestation et changement climatique
Les experts estiment que la cause de la disparition des animaux géants de Madagascar serait la chasse, la déforestation, le changement climatique ainsi que les maladies transmissibles. Sur ce dernier point, ces spécialistes pensent que les phénomènes de civilisation, d’urbanisation et de croissance démographique ont provoqué la propagation des virus, microbes et autres maladies qui ont contribué à la disparition de certaines espèces. Le Dr Armand Rasoamiaramanana, directeur de Laboratoire de Paléontologie et Biostratigraphie à l’université d’Antananarivo, explique que l’analyse des globules blancs extrait dans les moelles épinières à l’intérieur des subfossiles a permis de prouver scientifiquement que la maladie jouait une des causes dans la mort de ces animaux géants. Pour ce qui est du changement climatique, la découverte de subfossiles d’eupleuris, lémuriens hippopotames, et crocodiles dans un même gisement a permis aux chercheurs d’émettre l’hypothèse que ces animaux ont été empoisonné par le souffre à cause d’une éruption volcanique ainsi que la hausse de température.
La faune rescapée menacée à 80 %
Si des espèces sont déjà disparues, la menace sur la faune malgache restante est évaluée à près de 80%. Parmi les plus étudiées, 45% des espèces d’oiseaux endémiques figurent sur la liste rouge des espèces menacées. Chez les reptiles, la dernière mise à jour de l’Uicn en novembre 2011 fait état que 40% des reptiles terrestres de Madagascar sont menacés dont 22 espèces de caméléons, geckos, scinques, et serpents se trouvent en danger critique d’extinction. Chez les tortues, 5 espèces à savoir : la Rere (Erymnochelys madagascariensis), la Sokake (Astrochelys radiata), la Kapila ou Tsakafy (Pyxis arachnoides), la Kapidolo, (Pyxis planicauda) et l’Angonoky (Astrochelys yniphora) ont comme statut « en danger critique d’extinction». Pour l’Astrochelys radiata, les résultats d’enquêtes avancent une moyenne de 50.000 spécimens collectés par an, ce qui provoque l’alerte sur la possible extinction de cette espèce d’ici 45 ans. Pour le cas d’Angonoky, le dernier recensement de Durrell Wildlife Conservation a fait qu’il n’en reste plus que 400 individus vivant à l’état sauvage. En ce qui concerne le sokake, sa population a diminué de 12 millions à 3 millions d’individus en mois de 20 ans selon Turtle Survival Alliance (Tsa). En ce qui concerne les amphibiens avec un taux d’endémisme à 99%, un quart d’entre eux sont classées dans la liste des espèces menacées, et 07 espèces de grenouilles de Madagascar sont en danger critique d’extinction.
100 et 290 millions de dollars US de perte
La destruction de l’environnement provoque d’énormes dégâts économiques pouvant atteindre des centaines de millions de dollars. D’après une source émanant du ministère de l’Environnement, le coût total de la dégradation de l’environnement est estimé à 100 et 290 millions de dollars Us (600 milliards Ariary) dont 75% sont dues à la déforestation et 15% à cause de l’érosion qui provoque la diminution de la production de l’agriculture et de l’élevage. Outre plusieurs décennies d’attente, le coût monétaire de la restauration de la forêt par système de replantation est évalué entre 1 221 283 Ariary et 10 534 818 Ariary par hectare. Ces coûts varient avec l’étendue de la surface à restaurer. Quant à l’entretien et à l’accompagnement, le coût total pour assurer que les arbres atteignent leurs tailles adultes va de 190 000 à 300 000 ariary. Madagascar fait actuellement partie du top 10 des hots spots de la diversité biologique mondiale. De nos jours, il ne reste plus qu’à peine 9 millions d’hectares de forêt naturelle, soit moins de 10% des forêts primaires malgaches.
Une espèce fait vivre un demi-millier de personnes
L’extinction d’une espèce peut engendrer une perte économique considérable. D’après Lily Arison René de Roland, directeur de « Peregrine Fund », l’espèce d’oiseau Siketribe peut faire entrer jusqu’à 210 millions d’ariary, soit un demi-million de dollars par an, au Parc Masoala, sans parler d’autres retombées financières pour les agences de voyage. La présence de cet oiseau dans le parc attire près de 7 000 touristes par an, qui payent 30 000 ariary par personne. Si cette espèce vient à disparaitre, le parc aura une perte de 501 000 dollars et près de 500 employés des 50 agences de voyages travaillant en collaboration avec le parc seront au chômage. Ceci sans parler de la réduction des clients pour les transporteurs, les hôtels et les artisans. La conservation de cette espèce garantie l’augmentation du gain financier pour le parc, la stabilité du travail pour le personnel des agences de voyage et des transporteurs, ainsi que le marché pour les produits artisanaux.
Ra-dom