Masina ny tanindrazana ! La terre est sacrée pour les malagasy. Le peuple n’a jamais accepté que les étrangers puissent avoir l’accès (acheter) à la terre malgache. C’est d’ailleurs, l’une des raisons évoquées pour soulever le mouvement populaire en 2009. Bien que le régime Ravalomanana n’a pas encore conclut l’accord avec la société Daewoo, la rumeur a fini à faire tomber le régime. Les tenants actuels du pouvoir n’ont pas encore pris la leçon de l’histoire. En effet, l’accès à la terre aux étrangers est évoqué lors de l’examen de la politique d’investissement de Madagascar à Genève le 3 décembre dernier.

Le pays veut à tout prix attirer des investisseurs directs étrangers. « La refonte des cadres juridiques plus appropriés sont des priorités pour le Gouvernement afin d’attirer plus d’investissement. Nous sommes en train de modifier la législation dans plusieurs domaines tels que l’exploitation minière, l’accès à la terre et l’administration publique, entre autres. Les recommandations de la politique d’investissements seront déterminants », a annoncé Harison Randriarimanana, Conseiller économique de la Présidence de la République et Pca de l’Edbm.

« Madagascar a des perspectives prometteuses pour l’investissement direct étranger (Ide), mais nous devons transformer ce potentiel. Les impacts de l’Ide sont loin d’être automatiques, en particulier en ce qui concerne la réalisation des objectifs de développement durable et l’amélioration de la qualité de vie », a déclaré le ministre de Madagascar de l’Industrie et développement du secteur privé Narison Rafidimanana, qui a dirigé la délégation à Genève. Il a réitéré son engagement à mettre en œuvre ses recommandations sur la politique d’investissement, en disant « nous prenons les recommandations en matière de politique d’investissement et demandons le soutient de la Cnuced dans la prochaine phase de la coopération technique ».

« Comme il est doté de riches ressources naturelles, d’une population jeune et de vastes étendues de terres fertiles, Madagascar a un potentiel extraordinaire pour attirer des Ide », a déclaré MukhisaKituyi, Secrétaire général de la Cnuced. Malgré ce potentiel, la performance de la Grande île est décevante. Le volume d’investissement direct étranger du pays se situe en dessous de la moyenne régionale et a connu une baisse au cours des 10 dernières années. Dr Kituyi a déclaré que la politique d’investissement de la Cnuced vise à fournir des orientations sur les politiques d’investissement pour le développement et pour soutenir la reprise économique complet du pays.

Axé sur la nécessité de restaurer la confiance des investisseurs, la revue recommande une clarté et la sécurité dans le cadre réglementaire de Madagascar, y compris la définition de l’Ide dans les textes juridiques, la sécurité foncière, la possibilité d’acquisition de terrain pour les étrangers, la fiscalité, ainsi que des critères pour l’adhésion à des zones économiques spéciales et les régimes pour les entreprises. La politique d’investissement dispose également d’approches créatives et pragmatiques pour attirer et faire bénéficier les Ide à travers des stratégies sectorielles ciblées en cohérence avec ses objectifs de développement.

Quid des investisseurs locaux

Comme l’a annoncé Harison Randriarimanana, le gouvernement est en train de mettre divers dispositifs pour attirer les investisseurs étrangers. Quitte à donner la terre à des non nationaux ? Avec le pouvoir d’achat de la population et la perte en vitesse de l’Ariary ainsi que la loi sur l’apatride qui ouvre à « tout le monde » le droit d’avoir la nationalité, le peuple malagasy finira par devenir un étranger sur ses terres. Paradoxalement, le régime en place refuse de mettre des mesures incitatives pour les investisseurs nationaux qui ne demandent, qu’au moins, à être sur le même pied d’égalité que les étrangers : bénéficier les mêmes mesures fiscales et douanières,… mais le secteur privé prêche dans le désert. Personne ne les écoute.

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