Pêche – Tarissement des ressources
Etant une île, la plupart des personnes vivant dans les côtes de Madagascar vit de la pêche. Ces pêcheurs traditionnels, mais aussi les industries opérant dans le secteur sont menacés. Les captures diminuent à cause de la surexploitation, et les pêches illégales. Le ministère de la pêche et des ressources halieutiques a mis en place une politique sur le secteur. La population attend des concrets, car le sujet touche de leur survie.
Le potentiel malgache en crevette côtière est estimé à plus de 8.000 tonnes. Cette potentialité a été pleinement exploitée avant 2003 puis la production n’a pas cessé de diminuer. Le ministère en charge de la Pêche et de l’aquaculture en collaboration avec le Gapcm a mené toujours des réflexions à travers des ateliers pour l’aménagement de cette pêcherie (presque tous les trois ans), mais la diminution drastique de la production n’a pas été toujours prévisible par tous les acteurs.
La capture dans la pêche crevettière n’a cessé de diminuer. Le minimum de captures sur la côte ouest semble avoir été atteint, passant sous le seuil de 3 000 tonnes. Depuis, à part une légère remontée à 4 000 tonnes en 2011, les captures annuelles restent comprises entre 3 000 et 3 500 tonnes.
Le nombre de licences pour les chalutiers industriels reste fixé par le Décret 2007‐957 et il s’élève à 59 pour la côte ouest, c’est‐à‐dire les zones de gestion A, B et C. La totalité de ces licences étaient encore utilisées en 2009, mais la situation économique des armements membres du Gapcm a rapidement conduit ces dernières années à un repli de la flottille vers le sud, c’est‐à‐dire la zone C. En 2014, les zones A et B n’étaient plus exploitées que par 13% de la flotte, contre 22% en 2007, et 29% en 2000. Selon les dernières informations obtenues des membres du Gapcm, un seul armement a opéré en 2014 dans la zone A, et la poursuite de cette activité en 2015 nécessite des mesures de restauration de la ressource dans cette zone.
Concombre de mer
Les holothuries communément appelées concombre de mer, chenille de mer, limace de mer, bêche de mer, trépangs sont des animaux benthiques.
Auparavant, on parlait plutôt de collecte de trépang car elle se pratiquait à pied le long des plages ou dans les mers peu profondes lors de la marée basse. Au fur et à mesure où la demande du marché asiatique a commencé à apprécier cette ressource, la pêche est devenue organisée par des pêcheurs traditionnels à bord d’une pirogue monoxyle ou par la prise accessoire des chalutiers crevettiers (avant les holothuries capturées par ces chalutiers étaient rejetées en mer). L’Oneth ou Organisation Nationale des Exploitations des Trépangs et Holothuries a été justifiée pour faire face aux exploitants illicites. Mais cette nouvelle organisation s’est affaiblie très vite en dépit de la présence de nouveaux exploitants qui se sont permis de travailler en cachette avec quelques détenteurs de permis de collecte. Quelques années plus tard avec l’instabilité politique à Madagascar, ces exploitants illégaux se sont devenus des exploitants réglementaires face à la délivrance de nouveaux permis de collecte depuis 2005.
La production a connu une augmentation exponentielle au cours des trois dernières décennies. Elle est passée de 14,5 tonnes en 1979, à 118 tonnes en 1988, à 390 tonnes 2000 puis 890 tonnes en 2011. Cette forte augmentation de production a été due à l’entrée en activité des pêcheurs industriels utilisant des milliers de bouteilles de plongée, méthode de pêche prohibée par les textes en vigueur. Une unité, équipée d’un bateau mère et de plusieurs dizaines de vedettes munies de moteur hors bord, emploie près d’une centaine d’équipage. Toutes les zones côtières Ouest de l’Ile ont été explorées.
Aucune évaluation de stock de cette ressource n’a été effectuée.
Si on considère qu’il faut 8 kg de trépang frais pour avoir 1 kg de trépang séché, la production maximale reconvertit en poids vif est de l’ordre de 7 000 tonnes. Cet indice de conversion est de l’ordre de 2,5/1 pour l’Holothuria Scabra, soit donc une estimation de 2 500 tonnes si tout le stock est composé de cette espèce.
La pêche aux langoustes se pratiquait avant les années 90 surtout dans le littoral de la Région d’Anosy (entre Ilanivato au sud Ouest et Manantenina au Nord de Taolagnaro). Plus tard, la pêche s’est également développée dans les Régions de Vatovavy fitovinany (Manakara) et Atsimo Atsinanana (Farafangana – Vangaindrano).
La production moyenne annuelle se situe autour de 350 tonnes mais les ressources sont supposées surexploitées même si Giudicelli l’a estimé à une potentialité de 1 000 tonnes.
La production au cours des dix dernières années (2000 à 2009) en poids vif, accuse une augmentation régulière jusqu’en 2006, puis elle a affiché une baisse d’environ 30 % l’année suivante. La production de 2012 ne représente que moins de la moitié de celle de 2006.
Des séries de mesures d’aménagement ont été réalisées par la Fao et les dernières dataient de 2003 avec la participation des acteurs des deux zones (Taolagnaro et Manakara). Les pêcheurs avancent également selon leur analyse personnelle, que le tsunami de novembre 2004 avait comme impact direct à l’écosystème des langoustes par la fissure de leur lieu de refuge. Les acteurs de cette filière avancent que les productions des deux années après le passage du tsunami ont justifié cette raison.
Petits pêcheurs
Plus de la moitié, environ 60%, de la production halieutique est fournie par les petits pêcheurs et aquaculteurs. Toutefois, les mesures de gestion au niveau du secteur (textes, réglementation, outils de suivis et de contrôle, …) concernent essentiellement les volets industriels et semi industriels. Ce premier constat de déphasage des outils de gestion avec les réalités des acteurs sera l’une des pierres fondatrices de la nouvelle politique bleue, axée vers plus de professionnalisation des acteurs et une modernisation des outils du secteur.
Les petits pêcheurs contribuent pour moitié à la création de la richesse (valeur ajoutée) du secteur, et pour 60% de la production halieutique totale Malgache, et ce avec des embarcations monoxyles dont moins de 1% utilisent un moteur.
On recense 585 000 pêcheurs, maritime et continentale, dans 58 000 ménages gérés à 94% par des hommes. Ils sont situés dans 2 500 villages de pécheurs de 600 000 personnes, dont 280 000 (45%) sont membres de ménage de pêcheur. Ces villages, dont le tiers est à proximité de mangroves, et les trois quart (environ 1 850) possèdent des sites de débarquement (plage):
• sont situés par ordre de grande importance dans les Régions de Diana (essentiellement les pêcheurs de crevettes), de Boeny, d’Atsimo Andrefana, d’Analanjirofo, et de la Sava
• sont répartis à 40% sur du maritime exclusif, à 34% en eau douce exclusive, et à 25% en mixte
On dénombre 72 000 pêcheurs, soit 83 %, qui en font leurs activités principales. Leurs niveaux d’éducation sont faibles avec 30 % d’illettrés, et 50% de niveau primaire, et moins de 12% de niveau secondaire.
Les petits pêcheurs possèdent 49 000 pirogues dont plus de 92% sont en monoxyle et 7% en planche, propulsées à 69% par pagaie, et à 30% par voile.
On dénombre 6 400 fabricants de pirogue, et 11 000 mareyeurs dans ces zones.
Recueillis par FR.