La défense de la démocratie et de l’Etat de droit – Randy Donny face à ses engagements
Le 18 mars dernier, Randy Donny ou Dieudonné Randrianomearisoa, de son vrai nom, a été élu par les membres de l’OJM afin de représenter les journalistes au sein du Haut conseil pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit (HCDDED). Une élection faite dans la transparence et n’ayant souffert d’aucune contestation et remportée avec 6 voix, Randy Donny se dit d’honorer cet engagement : défendre la démocratie et l’Etat de droit. Interview.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présentez à HCDDED ?
Je dirais que cela s’inscrit dans la logique de mon parcours professionnel. Historien-géographe de formation, je suis devenu journaliste par passion. Tout au long de mes vingt ans de journalisme professionnel ayant débuté en mai 1996. Mais avant cela, j’ai commencé à publier des articles dans des journaux bien avant de décrocher le bac, et à en traiter tous les thèmes. Et la défense de la démocratie et de l’Etat de droit en faisait partie. Je prends juste trois exemples pour l’illustrer.
Chaque candidat pour représenter les journalistes au sein du Haut conseil pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit (HCDDED) doit inclure dans son dossier un exposé sur la conception de la démocratie et de l’Etat de droit pas le postulant. Et bien, au lieu de pondre un nouveau texte, j’ai juste envoyé un article que j’ai écrit dans « L’Express de Madagascar » du lundi 20 mai 1996 en page 03, autant dire, un de mes premiers articles en tant que journaliste professionnel, dans lequel j’explique clairement mon point de vue sur ce qu’est la démocratie et l’Etat de droit. J’y ai prédit la chute De Zafy Albert, soit-dit en passant. Dès mes débuts donc, je n’ai cessé de m’intéresser à ce thème.
Autre chose, je suis correspondant de Reporters Sans Frontières à Madagascar depuis plus de 15 ans. Comme vous le savez, il s’agit d’une ONG internationale qui milite pour la défense de la liberté de la presse, un des piliers de la démocratie. Ne dit-on pas que la presse constitue un quatrième pouvoir au sein d’un régime démocratique ? Si je suis resté aussi longtemps à ce poste, au sein d’un organisme étranger, c’est que quelque part, il y a des valeurs et des principes que l’on partage.
Enfin, et ça tout le monde s’en souvient, pendant la Transition, lorsque le régime Andry Rajoelina a fermé la « Place de la démocratie » à Ambohijatovo, qu’il a lui-même inaugurée, j’ai décidé de la ‘rouvrir’ dans l’émission de télé que je dirigeais à l’époque, la matinale « B-louuh » sur RTA. Pendant trois ans, de 2012 à 2015, j’y ai invité des personnalités de tous bords pour discuter liberté, démocratie, Etat de droit et droits de l’Homme alors que les médias d’Etat restaient fermés à l’opposition.
En tant que représentant des journalistes, quel est votre projet ?
Oh, il y en a plein, mais pour l’instant, je préfère me taire car on dit que « si tout le monde sait où tu vas, tu n’arriveras jamais à destination. Laisse-les croire que tu dors ». Sinon, je ferai tout pour rester digne de ma mission. Plus qu’une reconnaissance ou un honneur, c’est avant tout des responsabilités et des espérances à ne pas décevoir.
Quelle est la mission du HCDDED et quel profit en tirent les journalistes étant donné qu’ils y sont représentés ?
Le HCDDED a pour mission d’observer le respect de l’éthique du pouvoir, de la démocratie et du respect de l’Etat de droit, de contrôler la promotion et la protection des droits de l’homme. Vous serez d’accord avec moi pour dire que ceci fait partie du quotidien du journaliste ! Un journaliste digne de ce nom, quelle que soit sa rubrique, doit toujours veiller au respect effectif des valeurs démocratiques et de l’éthique, à la promotion et à la protection des droits fondamentaux, au respect de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. Ce qui inclut la liberté de la presse. Et rien que pour cette dernière, la présence de la presse s’impose. Actuellement, qui parle intérêt, dit bénéfice. Mais avant tout cela, il y a des devoirs qu’il faut s’acquitter.
On parle de défendre la démocratie et l’Etat de droit, mais peut-on confirmer qu’ils existent vraiment à Madagascar ? Comment les faire valoir ?
Si vous dites qu’il n’y en a pas, et bien c’est justement le moment de les mettre en place. Si vous dites qu’il y en a, alors, il faut continuer à le défendre et à le promouvoir. C’est un combat de tout instant, vous savez…
Sur la liberté de la presse, que pouvez-vous dire sur le rapport de force entre journalistes/ Justice/ forces de l’ordre et dirigeants ?
Cela vous étonne tant que ça ? Mais forces de l’ordre, Justice et dirigeants ne pourront jamais s’entendre. Ne vous faites pas d’illusions. C’est partout dans le monde. Et c’est mieux ainsi. Aux gens de la Presse de faire preuve de professionnalisme pour éviter les problèmes. Quand vous n’avez rien à vous reprocher, vous êtes inattaquable.
Sinon, comment lutter contre les faux-journalistes qui envahissent actuellement le monde du journalisme ?
La lutte contre les faux-journalistes s’inscrit dans la lutte contre la corruption. Vous savez autant que moi que ces gens-là viennent aux conférences de presse juste pour toucher les « felaka » qu’on distribue en usurpant les noms des organes de presse absents. Or, qu’est-ce que le « felaka », sinon de la corruption, déguisée ou pas.
Propos recueillis par Ralambomamy