Pierre Lenoble Navony – Représentant du Sénat auprès du HCDDED – « Retrouver les valeurs malgaches au sein de la société »
Actuellement, les membres du Haut conseil pour la défense de la démocratie et l’Etat de droit (HCDDED) sont presque au complet. Seule une institution qui n’est pas encore mise en place n’a pas présenté son délégué, ainsi que celui nommé par la présidence de la République. Toutefois, les Institutions déjà instaurées ont accompli cette tâche, y compris le Sénat. Et parlant de ce dernier, son représentant au sein du HCDDED, Pierre Lenoble Navony, a accepté gentiment de nous apporter certaines explications quant à ses ambitions en tant que Haut conseiller.
Madagascar Matin (M.M) : Quelles ont été vos motivations pour devenir un membre de la HCDDED ?
Pierre Lenoble Navony (P.L.N) : Vous savez que notre pays a passé des crises depuis l’année 1972, que ce soit sur le plan économique, social, ou vie politique de la Nation. Cela s’est aggravé de jour en jour. Il a fallu un organe pour pallier les effets négatifs de ces évènements. Face à cela, il faudrait stopper la dégradation de la quotidienneté de la population et trouver un terrain d’entente pour le développement du pays. En effet, avant 1972, Madagascar a été parmi les pays les plus développés en Afrique. Là maintenant, nous en sommes très loin, voire les plus pauvres de l’Afrique. Il faut remédier à cela, et je crois que ce poste me permettrait d’apporter ma part.
M.M : Personnellement, que pensez-vous apporter au sein du HCDDED ?
P.L.N : D’abord, je suis un historien. Et sans me vanter, je connais l’Histoire de Madagascar, même si ce n’est pas toute l’histoire. Nos traditions ont été bafouées depuis 1972, donc il faudrait trouver une solution pour remettre sur les rails nos philosophies, nos coutumes, et biens d’autres. C’est malheureux de voir que les gens ne respectent plus la vie comme autrefois. Il est si facile pour certains de tuer, alors que ce sont des vies humaines. Cette situation n’est pas conforme à nos valeurs ancestrales, et il faudrait qu’on arrive à faire revenir ces traditions. Vous voyez, le Japon est aujourd’hui devenu ce qu’il est car il a respecté et maintenu ses traditions, malgré tout. Ce qui ne marche pas chez nous c’est que nous voulons à chaque fois copier la philosophie des pays occidentaux alors que nous n’en sommes pas un. Donc, je voudrais rappeler cette nécessité.
M.M : N’étant pas sénateur, cela a été-t-il difficile de convaincre les sénateurs de vous choisir pour les représenter ? Quelles ont été leurs conditions ?
P.L.N : Certes, je ne suis pas sénateur, mais nous sommes amis. Moi et les politiciens, nous nous connaissons. Ils connaissent mes valeurs, ma façon de diriger étant donné que j’ai déjà été le vice-président du Congrès de la Transition (CT). De là, il ont vu comment je travaille, et ils se sont dit que je pourrais apporter quelque chose.
M.M : Actuellement, les membres du HCDDED sont quasi-complets. Y aura-t-il prochainement une réunion où vous devrez attendre les autres membres pour pouvoir la tenir ?
P.L.N : Récemment, les associations de la société civile ont élu leur représentant. Il reste donc le délégué du Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH), et celui de la présidence de la République. En tant qu’élus, nous devons encore attendre ces deux personnalités avant de pouvoir tenir une assemblée. De toute façon, il faudrait attendre notre décret de nomination, car sans cela, nous ne pouvons pas exercer nos fonctions en tant que tel.
M.M : Parlant d’activité, pouvez-vous apporter plus d’éclaircissements à nos lecteurs concernant les véritables attributions du HCDDED ?
P.L.N : Comme son nom l’indique, il y a d’abord la défense de la démocratie. Mais qu’est-ce que la démocratie ? La démocratie a quand même des limites. Il ne faut pas se cacher derrière la démocratie après avoir dénigrer quelqu’un ! Il faut donc apprendre ce qu’est vraiment la démocratie aux dirigeants, aux opposants, à la population. Et de deux, il y a l’Etat de droit. C’est la bonne gouvernance, mais c’est aussi le respect d’autrui, car actuellement, cette conception semble être négligée. On tue des gens pour un rien et ce n’est pas un Etat de droit.
M.M : Y-a-t-il d’autres précisions sur le HCDDED ?
P.L.N : Le HCDDED a vraiment des grandes affaires sous la main. Il ne faut pas oublier que c’est la première fois que le pays instaure une telle institution. Nous sommes au nombre de neuf, et pourtant, nous devrons nous charger de toutes les affaires du pays, allant de Diego à Fort-Dauphin, et de Mahajanga à Toamasina et sillonner la totalité du pays ne serait pas une mission facile. Le secret serait une belle organisation et la méthode de travail, mais aussi avoir des bonnes astuces et de l’expérience en matière de démocratie et de droits de l’homme.
Vahatra Ny Aina