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Mercredi 27 Novembre 2024

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Grand interview – Pr Henri Rasamoelina – Elections communales : « Le HVM n’a pas d’avenir… »

Professeur en sociologie et titulaire d’un D.E.A en histoire des civilisations, journaliste depuis 1985 à Paris puis à Madagascar, enseignant-chercheur à l’Université de Fianarantsoa et Toliara, membre titulaire de l’Académie Malgache, ancien député de Madagascar pendant cinq ans, auteur d’une quarantaine de publications scientifiques et des milliers d’articles de presse dans plusieurs journaux à l’étranger et à Madagascar, Professeur Henri Rasamoelina nous livre sa vision des récentes élections communales et municipales, et de la période postélectorale.

 

Madagascar Matin : Le régime actuel est allé jusqu’au bout de son forcing malgré les critiques dont il à été la cible concernant la tenue des récentes élections communales et municipales. Résultat : un taux d’abstention record avoisinant 70%. Comment interprétez-vous ce manque d’enthousiasme flagrant de la majorité des électeurs à aller vers les urnes ?

Pr Henri Rasamoelina : Je pense qu’après le vote de la motion de déchéance contre le Président de la République et la motion de censure contre le gouvernement, le régime a cru pouvoir se refaire une nouvelle légitimité et montrer vis-à-vis de la communauté internationale qu’il contrôle encore la situation. Ce qui explique le forcing qui a pourtant mécontenté la population et est derrière le fort taux d’abstention. Il suffit de poser la question aux personnes qui ont boudé le scrutin du 31 juillet dernier pour s’en convaincre. C’est une minorité qui gouverne donc à tous les niveaux. Du gouvernement aux collectivités décentralisées.

 

M.M. : Après les élections présidentielles et législatives de 2013, les récentes élections communales et municipales auraient dû se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Toutefois, les anomalies ont été nombreuses et flagrantes à plusieurs niveaux. Selon vous, quels ont été les vrais problèmes de ces élections et qui faut-il blâmer ? Pourquoi ?

Pr H.R. : Le gouvernement est à mon avis le premier responsable en faisant le forcing alors que la crise institutionnelle n’a pas été réglée. Il y a eu, vous savez, un flottement avant que le gouvernement ait confirmé la tenue de ces communales. On peut penser également cependant que c’était pour prendre de court  les autres protagonistes même, par exemple pour avoir le temps de contrôler les listes électorales. Je connais des bureaux de vote où l’ancien maire devenu candidat du pouvoir, avec l’aide des chefs de Fokontany, où plus d’une quarantaine d’électeurs par bureau de vote, supposés comme non  favorables au candidat du pouvoir ont disparu de la liste avec même des candidats conseillers, c’est-à-dire qui a été sur la liste au moment de la déposition de candidature et rayé après. Je pense qu’il faudrait faire des enquêtes sérieuses et sanctionner les responsables. La Ceni-T est également responsable en ayant accepté la tenue de ces élections alors que tout n’a pas encore été prêt.

 

M.M. : Avant le jour du scrutin du 31 juillet dernier et avant même la période officielle de campagne électorale, plusieurs médias ont rapporté que le parti d’État avait déployé les grands moyens pour obtenir une écrasante victoire. Cependant, les résultats provisoires indiquent que le Hvm n’a pas fait le poids face au Mapar ou aux Indépendants, du moins dans les grandes villes. Quelles réactions peut-on attendre du Hvm ? Le président de la République sera-t-il maintenant obligé de s’avancer vers la concrétisation d’un pacte de responsabilité ?

Pr H.R.  : Le régime Psd a fait de même en 1972 après la grave maladie du Président Tsiranana mais même avec un résultat de plus de 90%, il est tombé quelques mois après. Cette fois-ci le Hvm n’a pas réussi à avoir une victoire écrasante car finalement les résultats ont donné plus ou moins les mêmes rapports de force qu’à l’Assemblée Nationale. Il  faut que le Président de la République en tire maintenant une conclusion en appliquant ce que prévoit la Constitution en ce qui concerne la nomination du Premier Ministre et la formation du gouvernement. Cela pour ne pas faire perdre inutilement du temps au pays. Dans le cas contraire, je pense qu’il faudrait penser à une présidentielle anticipée car de nouvelles législatives reviendrait à la même situation que ce qu’on voit avec les communales. Les députés doivent prendre position sur ce qui se passe actuellement. C’est un devoir vis-à-vis de la nation.

 

M.M. : Aujourd’hui, les contestations commencent déjà à éclater aux quatre coins de l’île, notamment là où le parti d’État est donné provisoirement vainqueur. À Miarinarivo ou à Ambovobe Androy, les candidats ont décidé de porter plainte au niveau du tribunal administratif pour contester la victoire des candidats Hvm. À Fianarantsoa tout comme à Ilakaka, la population est descendue dans les rues pour dénoncer les manœuvres du Hvm. Pouvons-nous espérer aujourd’hui une quelconque stabilité ? Quel est le futur du régime Hvm ?

Pr H.R.  : Si le pouvoir a cru régler la crise institutionnelle et politique avec ces communales, il n’a pas réussi car au contraire il y a aggravation des problèmes. A Fianarantsoa que je connais très bien par exemple: avec des moyens financiers énormes le Hvm n’a eu qu’un piètre résultat et tente en désespoir de cause de s’en sortir avec des manipulations de chiffres. Ce que la population, qui a vu les résultats dans chaque bureau de vote refuse malgré les pressions. Le Président de la République doit y faire attention et refuser de suivre aveuglément ses sbires locaux. Car c’est lui qui va en payer le prix après un moment ou un autre. Le Hvm n’a pas d’avenir sauf s’il accepte de jouer le jeu. Vous savez qu’en France par exemple, les socialistes ont pu revenir au pouvoir avec le Rpr Jacques Chirac comme Premier Ministre et Jacques Chirac plus tard avec le socialiste Lionel Jospin comme chef du gouvernement. Autrement on rallongera inutilement la crise vécue depuis le début de cette Quatrième République par Madagascar.

 

M.M. : Plusieurs candidats pointent actuellement du doigt le fait que les nouveaux élus ne sont ni crédibles ni légitimes. Et par ailleurs, en parlant de stabilité, plusieurs candidats revendiquent l’annulation des élections et de tous les votes. Est-ce une réponse adéquate à la situation actuelle ? Quels en seraient les conséquences ?

Pr H.R.  : C’est vrai que la majorité des maires élus ne sont pas légitimes avec même pas 10% des électeurs que ce soit en ville qu’à la campagne. Chez moi à la campagne, le maire sera déclaré élu avec 350 voix pour une population d’environ 10 000 âmes. C’est ridicule. C’est la même chose dans les grandes villes. Comment parler de crédibilité, de légitimité et de développement ainsi? La Quatrième République est fondée sur du sable. Je pense que comme solution il faut tout simplement appliquer ce que disent les textes de loi et annuler certains résultats quand c’est nécessaire. Je pense qu’il n’y a pas d’autre solution afin de ne pas vivre une crise latente et pour ne pas dire autre chose.

 

M.M. : Quelles leçons peut-on tirer des récentes élections communales et municipales ?

Pr H.R. : Je pense que l’organisation d’une élection alors que le minimum des conditions n’est pas prêt est un crime contre une nation. Le régime Rajaonarimampianina a fait reculer la pratique politique et la pratique électorale de plusieurs dizaines d’années.

M.M. : Un sujet que nous n’avons pas abordé.

Pr H.R. :Je crois que ce que l’on a vu à Air Madagascar, à la Jirama actuellement et ailleurs encore est la conséquence de la même pratique de gouvernement où une minorité au pouvoir décide sans consultation sur le plan économique. Il faudrait aussi que le Président de la République et le nouveau gouvernement qui arrivera en tirent des conclusions.

 

Laza Marovola

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