Agrocarburant – Un secteur à faire valoir
Le secteur Agrocarburant a connu un développement rapide à Madagascar depuis 2005 avec l’arrivée massive d’investisseurs étrangers. Cette situation a coïncidé avec les initiatives entreprises par le Gouvernement malgache de promouvoir les investissements directs étrangers afin d’accélérer le développement économique de Madagascar. Par ailleurs, le contexte international a grandement contribué à l’augmentation de l’intérêt sur la filière à Madagascar. En premier lieu, la hausse du prix du pétrole qui a contribué à booster la recherche et la production de source d’énergie alternative. Ensuite, le souci environnemental, les tendances pour la réduction des émissions de Co2, le marché du carbone dans lequel les Agrocarburants ont été perçus comme une solution intéressante ayant entraîné l’ouverture d’un important marché des Agrocarburants en Europe.
L’arrivée de ces investisseurs a donné une nouvelle dimension jamais rencontrée à Madagascar en matière de projet agricole. Ces projets Agrocarburants ambitionnent d’investir des montants qui se chiffrent à des dizaines de millions de Dollars sur des terrains de plus de dizaines de milliers d’Hectares et en employant des dizaines de milliers de travailleurs.
Le pays dispose plusieurs avantages.
La disponibilité des matières premières : Madagascar, sans considération des destinations finales des produits, nombreuses sont les matières premières potentielles déjà existantes. Pour la production d’agroéthanol, ce sont la canne à sucre (69 820 ha), le manioc (378 290 ha), le maïs (306 392 ha) et les sons de riz dans les zones rizicoles qui présentent une potentialité intéressante du point de vue quantitatif et qualitatif. D’autres plantes telles que le jacquier, banane et ananas peuvent être classées comme telles. Et pour la production d’agrodiesel, les Jatropha, le ricin, le coton, le soja et le palmier à huile s’avèrent les plus connus.
- La disponibilité de terrains : A partir des données sur l’occupation du sol, 3 zones d’occupation ont été considérées. Primo, les zones à exclure : les forêts, les aires protégées, les zones de culture, les zones humides (marécages et mangroves), plans d’eau, les surfaces bâties, les carrés miniers ayant obtenus des permis B d’exploitations. Deuxio, les zones exploitables sous conditions sont les savanes et les prairies comportant des éléments ligneux, ces zones peuvent avoir des stocks en carbone important et parfois de hautes valeurs de biodiversité. Tertio, les zones exploitables regroupent les terres avec savanes et prairies herbeuses. Sur une superficie totale de 59 179 951 ha, les zones exploitables sont estimées à 16 211 876 ha (27%), les zones exploitables sous condition se chiffrent à 17 387 895 ha (29%), et enfin les zones à exclure qui s’élèvent à 25 580 181 ha (43%). Ainsi, des terrains « exploitables » ont été recensés dans les 22 Régions de Madagascar dont la superficie maximale se trouve dans la Région Menabe (3 200 032 ha) et Melaky (3 144 420 ha), et celle minimale dans la Région d’Analanjirofo (35 992 ha).
Marché
Les consommateurs d’énergies peuvent être regroupés en 8 catégories: le secteur du transport, le secteur industriel, le secteur agricole, le secteur relatif aux activités extractives et minières, le secteur de la construction et du Btp, le secteur de la télécommunication, le secteur de la production d’énergie et les ménages. Le carburant est utilisé par tous les secteurs d’activités afin d’alimenter les moteurs que ce soit fixe ou mobiles. L’électricité est aussi utilisée par une grande partie de ces consommateurs, notamment au niveau des ménages pour l’éclairage et la cuisson et au niveau de certains secteurs afin de faire fonctionner les machines de production. Les combustibles sont surtout utilisés par les ménages pour la cuisson, l’éclairage et le secteur industriel afin d’alimenter les chaudières.
Le secteur du transport terrestre constitue un des plus grands consommateurs d’énergie à Madagascar. Ce secteur regroupe les différents matériels roulants motorisés qui assurent le transport de personnes et des marchandises et qui sont utilisés à titre privé ou à titre professionnel. Le parc automobile à Madagascar fonctionne avec 2 types de carburants : Essence, Essence super sans plomb 95 (SuperCarburant) et le Gasoil.
Les utilisateurs d’automobiles s’approvisionnent généralement auprès des stations-services. Le parc automobile immatriculé à Antananarivo de ces 30 dernières années est évalué à plus de 200 000 véhicules. Le service de l’immatriculation auprès de l’Institut National de la Statistique enregistre entre 10 000 à 15 000 nouveaux véhicules qui entrent et roulent à Madagascar chaque année. En 2010, 49,7% des véhicules nouvellement immatriculés sont des véhicules neufs et la majorité des véhicules roulant à Madagascar est alimentée en Gasoil.
A Madagascar, l’intérêt économique de développer cette filière est sa capacité à générer des emplois et de revenus en milieu rural, tout en renforçant l’indépendance énergétique et permettant d’économiser des devises. Il importe que cette filière soit la mieux intégrée possible dans l’économie nationale et que les Agrocarburants produits ne soient pas tous destinés à l’exportation. Aussi, il importe de bien déterminer les possibilités de les écouler au niveau national.
Recueillis par FR