La Compagnie de la Gendarmerie d’Analanjirofo se vante de la saisie de 10 tonnes de bois de rose à Fénérive-Est avant-hier. Et c’est bien le cas de le dire puisque 92 rondins de ce bois précieux  ont été trouvés sur un bateau dont le nom reste à trouver. Effectivement, le ou les propriétaires l’ont effacé à coup de peinture à huile de couleur jaune et espéré transporter incognito cette cargaison. Mal leur a pris puisque le bateau a coulé, sûrement à cause du poids élevé. On peut dire que ces derniers ont vu plus gros que leur ventre et les matelots de ce bateau ont, eux aussi, vite fait de prendre le large. Le revirement de la situation n’a pas plaidé en leur faveur d’autant que les sanctions annoncées par les tenants du pouvoir ont toujours parlé de tolérance zéro en la matière. A coup sûr, si ces matelots sont pris près du bateau en question, le gouvernement va convoquer la presse locale et nationale pour montrer que le voilà luttant efficacement contre le trafic de bois de rose, et avec des résultats efficients ! Tel a été le cas l’année dernière où on a dispatché, à grande échelle, des photos de l’ancien ministre de l’environnement et des forêts sur la plage de Mananara-Nord avec quelques rondins de bois rose à … ses pieds. Pour les observateurs, c’était la blague du siècle !

Infinitésimale
Et c’est presque le même cas pour cette fois-ci puisque la gendarmerie locale a mis la main sur ces 92 rondins de bois de rose, non à la suite d’une enquête serrée menée par l’intelligence humaine mais par le fruit d’un pur hasard.
Evidemment, la cargaison se trouve actuellement sous bonne garde. Enfin, pour le moment et peut-être le temps de quelques prises de vue pour les télévisions et les quotidiens lèche-bottes puisque beaucoup se rappellent de cette histoire de plus de 1 100 rondins de bois de rose ramenés des Comores et gardés dans l’enceinte d’un camp militaire à Antananarivo pour finalement disparaître. Et en réalité, 10 tonnes de bois de rose ne représente qu’une infinitésimale partie de la richesse nationale partie illicitement à l’étranger depuis l’avènement de ce régime. On connait l’inertie, voire même le sommeil profond de nos dirigeants actuel quand il s’agit de protéger nos richesses, et non seulement forestières mais aussi minières. Pour ce qui est de garder nos côtes, aucune initiative n’a été menée dans ce sens et l’espoir né de la visite officielle de nos dirigeants en Israël, en 2014, n’a été que mirage. D’ailleurs, ce voyage s’est vite transformé en pèlerinage.
Pour le citoyen lambda donc, la saisie de ces 92 rondins n’est que l’arbre qui cache la forêt, soit une exportation massive déjà réalisée, en cours et surtout pour une durée indéterminée. Il n’y a vraiment pas de quoi … s’exciter, c’était le sacrifice nécessaire !

J.L.R