Réseau Qualireg – Formation et sécurité des plats des rues à Madagascar
Sécurité alimentaire et nutritionnelle, développement économique régional, sûreté sanitaire des aliments et protection des consommateurs… Ces défis sont fondamentaux pour le futur des populations des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien : la Réunion, l’île Maurice (et l’île Rodrigues), Madagascar, les Comores, et les Seychelles, tout autant que pour l’ensemble des pays du Sud.Le réseau scientifique et technique QualiReg s’est emparé de ces sujets forts en se consacrant à l’amélioration de la sécurité des aliments et au développement de productions agroalimentaires de qualité dans les pays de l’océan Indien. En 2010, le réseau QualiReg a été créé autour de 28 institutions ; en 2015, il rassemble désormais plus de 60 membres issus de l’océan Indien et d’Afrique du Sud. Le réseau a présenté son bilan d’activité dont nous publions aujourd’hui et demain quelques réalisations à Madagascar.
Les formations du Critt s’exportent à Madagascar
Un lien fort s’est construit depuis 2010 entre le Critt et le Clam, le Consortium des Laboratoires Agroalimentaires de Madagascar constitué d’une trentaine de laboratoires officiels et d’entreprises privées.
Ensemble, ils proposent aux techniciens et professionnels du Clam des formations à Madagascar, notamment sur les démarches qualité en laboratoire, l’audit interne selon l’Iso 19011 (mai 2014, 30 participants), la métrologie (juin 2014, 10 participants) en lien également avec le réseau des halles technologiques, les normes Iso 14000 sur la sécurité sanitaire des produits (novembre 2014 avec la collaboration du Groupe Afnor, 50 participants). La dernière en date s’est déroulée le 16 juin 2015 à Antananarivo et a porté sur l’Iso-Ts 22002-1 et plus particulièrement sur les prés requis pour la sécurité des denrées alimentaires. A la suite de ces échanges réguliers et constructifs, le Critt et le Clam s’associeront dans les prochains mois pour développer une coopération plus étroite en matière de conseil et d’accompagnement aux entreprises malgaches
Le Critt fait la promotion des démarches Hqse
Le 17 juin 2015, Benoit Dubourg et Julien Kuna du Critt /Ccir ont présenté devant un parterre d’étudiants les compétences de la réunion de formations et d’expertises en matière d’Hygiène Qualité, Sécurité, Environnement, à l’invitation du directeur de l’Ecole Supérieur des Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo à Madagascar et avec le soutien du réseau.
Madagascar : hormones de synthèse dans les viandes ?
En 2012, plusieurs vétérinaires ruraux à Madagascar ont signalé une utilisation abusive en élevage porcine de substances anabolisantes susceptibles de faire engraisser les porcs, une pratique pourtant strictement interdite réprimée par la loi malgache. La Direction des Services Vétérinaires (Dsv) Madagascar, le Cirad et Oniris (Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes) se sont associés pour initier un travail de surveillance et de contrôle sur l’utilisation des substances anabolisantes en élevage à Madagascar. Cette action exploratoire a été soutenue financièrement par l’Ambassade de France à Madagascar et le réseau QualiReg.
Ce travail a ainsi confirmé une contamination fréquente des viandes de porcs par des résidus chimiques issus d’une hormone de synthèse injectée chez l’animal. Parmi les 18 molécules recherchées, seule une substance anabolisante, l’acétate de médroxy-progestérone a été isolé. Celle-ci, détectée dans 20% des échantillons, semble largement utilisée dans le but de stimuler la croissance des animaux et provient d’un détournement massif de produits contraceptifs féminins théoriquement distribués dans le cadre du planning familial à Madagascar.
En 2014, ces données ont été confirmées lors d’une enquête effectuées auprès de 90 éleveurs malgaches. On y apprend que l’utilisation illégale des hormones de synthèse est généralisée et touche près de 38% des éleveurs ; dans 50% des cas, les éleveurs achètent ces produits chez leur vétérinaire ou leur technicien, les autres en pharmacie ou dans les centres de santé ! Les éleveurs utilisent ces injections sur les truies de réforme et sur les jeunes femelles afin d’améliorer l’engraissement. De nombreux avantages sont avancés par les éleveurs (faible coût, facilité d’utilisation, amélioration de l’engraissement, absence de complication liée à une intervention chirurgicale, absence d’effets secondaires) en oubliant le fait que ces hormones de synthèse ne sont pas dégradées et que leurs résidus se retrouvent dans la viande, par la suite consommée par des populations potentiellement sensibles.
La Dsv et le ministère de la Santé disposent des informations nécessaires pour alerter les professionnels de terrain et mettre en place des mesures de contrôle efficaces. Par ailleurs, comme cette fraude représente un détournement grave des fonds du planning familial malgache et de la coopération internationale, le ministère de la Santé et l’Agence de coopération américaine (Usaid) ont été alerté
Manger dans les restaurants de rue à Antananarivo : un risque pour les consommateurs ?Alors que la restauration hors-foyer a augmenté dans de nombreux pays en développement et en particulier à Madagascar, les autorités sanitaires cherchent à mieux encadrer les professionnels propriétaires de nombreuses gargotes et « hotely » de la capitale malgache pour limiter les risques d’infections alimentaires chez les consommateurs.
En 2012, Grâce à la coopération régionale réunionnaise, la direction des services vétérinaires de Madagascar, le Cirad, la faculté de médecine de l’université d’Antananarivo et le Centre d’infectiologie Charles Mérieux ont associé leurs forces pour déterminer la prévalence de Salmonella spp. et de Campylobacter spp. directement présents dans les plats cuisinés à base de porc vendus par les restaurants de rue de la capitale et pour mieux comprendre les facteurs de risque liés aux pratiques.
Salmonella spp. a ainsi été isolée dans près de 10% des 60 restaurants étudiés et dans 5% des échantillons de plats de porc. Les sérotypes les plus fréquents étaient le Salmonella Typhimurium (44%) et Senftenberg (33%). Campylobacter n’a quant-à-elle pas été détectée. L’étude des pratiques a également montré que le risque pour un restaurant d’être positif à la salmonelle diminue quand il y a des locaux spécifiques et quand le personnel porte des vêtements spécifiques. Inversement, ce risque augmente lorsque la température des plats à base de porc était supérieure à 52°C ou quand des nappes à usage multiple sont utilisées dans le restaurant.
Certes intéressante en matière de prévention et d’information auprès des professionnels malgaches, cette étude s’intègre dans une approche régionale de lutte contre les maladies transmises par les aliments et en collaboration avec les autres îles de l’océan Indien où les consommateurs s’inquiètent de plus en plus face à leur assiette.
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