Leader de pacotille
Depuis que le nouveau président de la République de Madagascar a été élu par la voie des urnes il y a de cela plus d’une année et demie, le robinet des aides budgétaires n’a jamais été rouvert à fond par les bailleurs de fonds. Pourtant, cela aurait dû être logiquement le cas. Aujourd’hui, nous n’y pouvons rien parce que c’est la vie, mais surtout parce que les dirigeants n’ont pas su convaincre les principaux bailleurs de fonds d’aider une nouvelle fois la Grande île après cinq années successives d’embargo économique. Maintenant il est donc clair pour tous que les riches occidentaux ou orientaux sont plutôt réticents à injecter de l’argent dans l’économie malgache et cela se comprend. En plus d’une année et demie de règne, le pays n’a pas cessé d’être secoué par des dizaines de revendications populaires et parfois même syndicalistes. Paroles en l’air, promesses non tenues, violation répétée de la Constitution et non respect de la démocratie sont entre autres les raisons qui ont motivé plusieurs à se dresser contre le régime en place. Jusqu’ici, le calme n’est pas toujours revenu et la situation risque même de tourner au vinaigre notamment à cause des dernières élections communales et municipales plus que controversées. Mais après une année et demie d’échec de la part des responsables étatiques actuels, il faut reconnaître que les Malagasy sont encore et toujours patients mais aussi sages, contrairement aux milliers de Libanais qui ont envahi les rues de leur capitale pour exprimer leur ras-le-bol le weekend dernier. Sur les médias internationaux, on pouvait voir une énorme marée humaine qui criait d’une seule voix, le feu s’est embrasé ici et là, les forces de l’ordre ont utilisé des canons à eau pour essayer d’évacuer la population, les manifestants répondaient avec des jets de cocktails Molotov ou avec tout ce qui leur tombait sous la main. Pourtant, il ne s’agissait de là que d’une simple manifestation dénonçant l’entassement des ordures. Il est donc clair que la situation à Madagascar n’est pas encore de cette ampleur mais cela ne saurait tarder si les dirigeants actuels ne savent pas prendre les décisions justes pour apaiser la tension. Des décisions justes, les tenants du pouvoir actuels ne devraient pas avoir de mal pour en faire des tonnes compte tenu de la médiocrité et l’incompétence dont ils ont fait preuve pendant maintenant plus d’une année et demie. Aujourd’hui, ce qui reste à faire pour nos dirigeants c’est de se dresser et de s’ériger en vrais leaders et en vrais hommes d’Etat. Au lieu d’avancer et de faire signer un mémorandum pour la stabilité à des députés sans éthique ni morale ni réelles idéologies, les dirigeants devraient se concentrer sur la mise en œuvre d’un pacte de responsabilité qui pourrait être garant d’une vraie stabilité et d’un climat d’apaisement. Ce ne sera certes pas facile de trouver un terrain d’entente mais pour éviter le pire pour le pays, nos dirigeants doivent maintenant faire des compromis dans l’intérêt général de la population. Au lieu d’envoyer deux camions remplis d’éléments des forces de l’ordre pour mater des étudiants qui veulent juste reprendre les cours, les dirigeants devraient prendre du recul sur la situation, agir avec beaucoup de compréhension et apporter des solutions concrètes avant que ces jeunes universitaires soient intenables. Au lieu de signer des contrats en catimini avec des entreprises étrangères dont l’issue sera fatale pour nos compagnies nationales, les dirigeants auraient dû trouver des solutions plus bénéfiques pour nous. Au lieu d’insister de diriger le pays avec une bande d’amis cravatés en bleu dont la loyauté pourrait changer au moindre pépin, le chef de l’Etat devrait travailler avec d’autres factions politiques et oublier ses idées de régime dictatorial dont l’issue lui sera certainement fatal. Aujourd’hui, si le premier président de la Quatrième République de Madagascar souhaite finir son premier mandat présidentiel, il devrait se tourner vers la population et répondre à ses réelles attentes pour éviter de se faire éjecter de force par un mouvement populaire auquel il n’aura aucune solution. Dans le cas contraire, l’histoire n’oubliera pas que le numéro un actuel n’était qu’un simple leader de pacotille.
Laza Marovola