Nouveau Code d’investissement minier – Braderie des terres malgaches
Une braderie pour les terres malgaches ! La majorité de la population qui n’a pas les moyens d’inscrire leurs terrains à leur nom a de quoi à s’inquiéter. En effet, le nouveau Code d’investissement minier donne une latitude pour les investisseurs. Dans son troisième alinéa de l’article 1.1, l’avant -projet stipule que « nul titulaire de permis minier ne peut s’installer ou procéder à quelconque opération d’extraction [dans le cadre de l’activité de recherche ou de l’activité d’exploitation] sur un site inclus dans son périmètre minier sans être propriétaire [foncier] du site ou, à défaut, sans avoir épuisé la procédure d’identification et d’information des propriétaires et convenu de contrat de bail ou d’autre accord avec les propriétaires fonciers ou avec les autorités locales ». « Ce premier point porte gravement atteinte à la souveraineté nationale malgache. En effet, cet article 1.1 sous-entend que les sociétés minières, notamment étrangères et transnationales, deviennent propriétaires des terres, au lieu de se contenter d’extraire le produit du sous-sol pour une durée limitée dans le temps. Cela réduit dangereusement le patrimoine légué aux générations futures malgaches. N’étant pas un occupant traditionnel, le grand investisseur minier est poussé à acquérir un titre foncier. Pour le commun des Malgaches, le titre foncier reste inaccessible en raison de son coût élevé. Le délai d’obtention constitue un autre handicap car la délivrance d’un titre intervient très souvent plusieurs années après le dépôt de la demande. En revanche, les sociétés, notamment étrangères, bénéficient de l’appui inégalable de l’Edbm. Si l’article 1.1 de l’avant-projet est maintenu, seuls les nationaux très riches et les sociétés étrangères pourront entreprendre des activités minières. Les perspectives sont très inquiétantes » explique le collectif Tany. D’après l’association Taratra sachant que Madagascar a une superficie de 592.000 km2, si on prend la logique qu’une Compagnie minière peut avoir accès à 10.000 km2 [pour un permis de recherches]. , cela signifie que 60 sociétés peuvent couvrir tout le territoire. Madagascar est le seul pays qui accorde une telle surface, entravant les autres initiatives.
Non à la contestation de la population
L’Avant projet va plus loin encore dans sa volonté de protéger les intérêts des sociétés minières. Il criminalise de façon scandaleuse les mouvements de contestation au mépris des droits et libertés des populations riveraines affectées par les impacts négatifs. L’accaparement de leurs terres, l’absence ou l’insuffisance des compensations, comme la non-réalisation des promesses faites par les sociétés minières au cours de réunions de conciliation, ont conduit les populations locales à manifester.
Désormais, les articles 164 à 170 du Code minier concernant les infractions et les pénalités mettent sur le même plan les exploitants illicites, les voleurs et les receleurs de produits miniers d’une part et les personnes qui manifestent en guise de protestation d’autre part.
Outre cette braderie, le nouveau Code minier est par ailleurs très critiqué par la conférence des évêques par le biais du projet Taratra sur les nouvelles dispositions fiscales. Reste à savoir si l’Etat comme d’habitude va faire la sourde oreille. Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona annonce vers la fin de la publication du projet Taratra que « La tenue du salon international des mines et du pétrole de Madagascar du 23 au 25 septembre n’est pas appropriée et illogique car il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ». D’après ses dires, le pays ne peut pas lancer une promotion internationale car les textes législatifs, réglementaires et fiscaux relatifs au secteur extractif ne sont pas encore prêts et de l’autre, les débats sur le sujet ne sont pas entamés au niveau régional et national.
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