Equipe lamentable !
Le concert réunifiant deux monstres de la musique malgache pour ce dimanche nous rappelle bien évidemment à ce qu’était Madagascar dans les années 70-80 et ce qu’il aurait dû être des décennies plus tard.
Avant que les parents de votre serviteur l’envoient au Centre national d’enseignement de la musique, sis dans le temps dans le Complexe scolaire d’Ampefiloha, l’on jouait déjà sur une guitare fabriquée par la maison « Manako » et chantait à tue-tête la célèbre chanson de Mahaleo « Mozambika » sur les … « tamboho ». C’était dans le milieu des années 80, évidemment. Et en assimilant le texte, on comprenait que Madagascar vit dans la paix et on croyait que Didier Ratsiraka parlait pour ne rien dire en évoquant à chacun de ses discours, les menaces de guerre civile ou tribale. « Mozambika e, mitabataba lalandava e, …, ny basy no mihirahira », disait cette chanson et on apprenait par l’intermédiaire du journal parlé de la Radio nationale Malagasy que le parti Frelimo et Samora Machel, président de la république à l’époque, étaient les bons si les blancs de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud sont les méchants. Beaucoup d’entre nous, encore dans les classes primaires et secondaires, c’est-à-dire des « ankizy ankehitrio, tompon’ny taona roa arivo », estimaient que ces mozambicains sont des attardés ou encore vivant comme des primates et ne connaissaient pas la valeur du « fihavanana ». On était vraiment sûr que cela n’arrivera jamais à notre pays d’autant la guerre civile de Mozambique a duré plus de 17 ans en faisant plus d’un million de victimes. Durant tout ce temps donc, Madagascar aurait dû faire un grand bond en avant et devenir ce qu’il a toujours espéré : « un dragon de l’océan Indien ». Enfin, ce qui a été écrit dans le « Boky mena », puis hurlé sur tous les toits dès qu’un dirigeant de l’époque prenait la parole en public et que les « ankizy ankehitrio » ont assimilé, outre donc les connaissances acquises à l’école. Justement, la question posée dans la même chanson des Mahaleo n’avait pas été comprise à l’époque : « Gasikara, handeha ho aiza e ? » et mettait en doute les directives consignées dans les « mitabe ». Après des années de guerre donc, le Mozambique a su remonter la pente tandis que Madagascar a vu son économie fondre comme glace au soleil et à l’heure actuelle, 1 metical – la monnaie de ce pays – vaut 81 ariary !
La chanson des Lolo sy ny tariny semble confirmer cette dégringolade qui, selon un quotidien de la place, est de l’ordre de 5 000% pour la monnaie nationale en 55 ans d’indépendance. « Lekaoma » parle de boat-people que les comoriens ont pris dans les années citées supra et justement, pour cause d’instabilité politique. On l’a aussi appris sur les ondes de la Rnm, à l’époque, la mort violente d’Ali Soilih et d’Ahmed Abdallah, mais aussi les coups d’Etat qui ont vu la chute de deux autres présidents déposés par le fameux mercenaire Bob Denard. A l’époque, le comorien arrive au pays pour sauver sa peau et vivre tranquillement sans gêner personne. Il était ainsi normal de les voir garder les propriétés de gens issus de la classe moyenne et en même temps, d’essayer d’arrondir la fin du mois en vendant des brochettes au coin de la rue. Bien sûr, il a laissé femme et enfants dans son pays, comme tout exilé de l’époque, et n’a rien pu emmener que ce qu’il avait sur sa peau. Et dès que la situation de son pays a tourné en sa faveur, il repart en sens inverse. Il n’est pas rare ainsi d’entendre des histoires de leur quotidien à Madagascar, racontées par ces exilés d’un temps lorsqu’on les rencontre au détour d’un reportage à l’étranger. En tout cas, et ce depuis quelques années, les comoriens viennent dans notre pays pour uniquement acquérir des connaissances. Ils sont donc étudiants dans les nombreux établissements supérieurs de la Capitale et ne comptent pas du tout rester, même pas pour faire des stages et obtenir un début d’expérience professionnelle. Pour hier, le franc comorien vaut 7,6 ariary et personne n’ose penser que les Comores sont 7 fois plus avancées que la Grande île. Dans ce cas, les athlètes comoriens ont bien eu raison de quitter les derniers jeux des îles de cette année. D’ailleurs, on dit qu’il n’y a que les étudiants pauvres qui viennent continuer leurs études supérieures à Madagascar puisque les enfants de la classe moyenne et la classe aisée comoriennes ont préféré le faire dans l’Hexagone, et non sur la petite île de Mayotte, même si cette dernière est un département français.
Bref, les Mahaleo et Lolo sy ny tariny devraient revoir leurs textes et les adapter au contexte actuel. Mais ces faits révèlent aussi que nous étions toujours dirigés par des nuls, plus cancres que les mozambicains et les comoriens. Et on sait que l’équipe actuelle est la plus pire de toutes.
Jean Luc RAHAGA