Déclaration de guerre !
La guerre contre le terrorisme est mondiale, elle occupe de très nombreux pays et s’étend sur plusieurs fronts. Les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Turquie, la Syrie, et entres autres, l’Irak sont concernés de près et cela fait des années que la lutte dure. Le continent noir est aussi touché de très près par la situation, notamment plusieurs pays se trouvant au sud du Sahel dont le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, et le Niger, mais aussi des pays de l’Afrique du nord, notamment la Lybie, et la Tunisie dont le secteur du tourisme venait d’être lourdement plombé par des jihadistes. Pour le Boko Haram devenu Etat islamique de l’Afrique de l’ouest, sa présence signifie évidemment que l’Afrique, gangrenée par la corruption et la pauvreté, est un terrain idéal pour l’implantation de la … charia.
Pour Madagascar, les terroristes les plus connus sont les dahalo puisque cela fait plusieurs décennies qu’on entend parler d’eux. Parmi leurs actions les plus violentes, on peut recenser bien sûr le carnage d’Ankazoabo-Sud ou encore la tuerie d’Ikeliberano dans les années 80. Déjà à ce moment-là, on savait que des armes de guerre et des fusils d’assaut sont aux mains des dahalo et apparemment, savamment utilisés puisqu’il ne se passe une année sans qu’on entende parler de morts dans les rangs des militaires mais aussi de la population. Bizarrement, l’Etat rechigne à sortir des statistiques sur les actions des dahalo : le nombre de bovidés emportés, de fokonolona et de poursuivants assassinés, de maisons brûlées, de femmes violées, d’enfants tués, d’écoles abandonnées par les instituteurs, de membres des forces de l’ordre descendus, mais aussi de la part des forces de l’ordre, des données sur les exactions commises.
Après que 8 militaires, faisant partie de l’opération de sécurisation « Fahalemana » menée depuis quelques semaines, ont été tués par les dahalo, le chef de l’Etat-Major de l’Armée malagasy a déclaré la guerre contre ces derniers. Du coup, beaucoup se sont demandé si ce n’était pas déjà le cas puisque de nombreuses opérations militaires étaient menées depuis plus d’un quart de siècle, sans que celles-ci arrivent au bout du phénomène. Rien que depuis l’avènement de ce régime, on en a entendu parler d’au minimum une demi-douzaine dont la fameuse opération « dahalo niova fo » où un pactole de 22 milliards d’ariary a été distribué. Et la déclaration de guerre engage l’Etat à ce que l’on donne aux exécutants les moyens financiers et techniques exigés pour une totale réussite de l’entreprise. Et sur ces points, les doutes s’installent facilement. On sait par exemple que parmi les huit militaires morts, 7 viennent de la Capitale : quatre du régiment de l’artillerie lourde (Ral) d’Imerintsiatosika et trois du régiment d’appui et de soutien (Ras) d’Ampahibe. En somme, ils ne connaissent rien du terrain d’Ankazoabo-Sud et apparemment, les informations nécessaires n’ont pas été données pour les avertir des dangers mortels et pour mieux élaborer un système de défense plus approprié. Dans les deux grandes guerres mondiales, les soldats envoyés au front sans aucune indication sont appelés … des chairs à canon !
Et d’un autre côté, les dahalo ne sont pas des guerriers qui vivent en marge du fokonolona. Au contraire, ils en font bel et bien partie et habitent même au sein du fokontany. Il arrive même souvent que tout le village, femmes et enfants compris, s’adonne aux activités des dahalo. Dans ce cas, l’opération de vengeance menée risque de raser des fokontany entiers et des communes du Sud.
On sait aussi que le phénomène dahalo de ces dernières années a été amplifié par la pauvreté, en réalité, contre laquelle le régime aurait dû déclarer la guerre depuis longtemps. En effet, on connait les effets dévastateurs de la pauvreté dans tout Madagascar et si seulement, les tenants du pouvoir actuels arrivent à hisser, ne serait-ce que de quelques petits points le produit intérieur brut du pays, le taux de criminalité baissera de manière significative. Mais il n’y a pas que cela, puisque le régime doit aussi déclarer la guerre aux trafiquants dont l’exploitation et l’exportation illicite de bois de rose, de l’or et de toutes les richesses minières, halieutiques et forestières. On se rappelle des annonces faites par les dirigeants actuels mais aucune n’a été suivie d’acte.
Bref, plusieurs fronts se présentent et on attend que la prise de responsabilité du pouvoir soit vraiment effective.
Jean Luc RAHAGA