Lutte contre la corruption – Engagement forcé de Hery Rajaonarimampianina
Le 25 janvier 2014, le nouveau président de la République Hery Rajaonarimampianina prêta serment au stade municipal de Mahamasina. « Devant le Dieu créateur et la Nation ainsi que le peuple, je jure d’accomplir pleinement et entièrement mais aussi d’une manière juste, mes hautes responsabilités de Président de la Nation malagasy. Je jure d’utiliser les pouvoirs à moi conférés et de consacrer toutes mes forces pour défendre et raffermir l’unité nationale et les droits de l’Homme. Je jure de respecter et d’y veiller comme à la prunelle de mes yeux, la Constitution et les lois de l’Etat, d’œuvrer sans relâche au bien-être du peuple malagasy sans exception ». Ce sont les propos du numéro un actuel, mais plus d’une année et demie après cette présentation de serment, la réalité est toute autre.
En effet, l’unité nationale n’existe pas et les droits de l’Homme sont constamment bafoués sans qu’il ne dise un mot. Par ailleurs, Hery Rajaonarimampianina est accusé d’avoir violé à maintes reprises la Constitution et les lois de l’Etat. Mais le plus important est, sans doute, le fait qu’il n’œuvre pas du tout pour le bien-être du peuple malagasy mais de ses intérêts particuliers. Il faut donc reconnaître que le Président de la République n’a pas respecté son serment à la lettre et cela risque d’être la même chose concernant son engagement dans la lutte contre la corruption. En effet, on peut juste affirmer qu’il se sent obligé de signer cet engagement dans la mesure où c’est le Fonds Monétaire International qui oblige le régime actuel à en faire une priorité des priorités. Autrement dit, c’est une étape obligatoire, comme la présentation de serment, qui ne servira qu’à obtenir des aides budgétaires et à rien d’autre, encore moins de lutter concrètement contre la corruption.
Le chef de l’Etat se surestime
Lors de sa tournée africaine, au mois de juillet dernier, Barack Obama avait clairement souligné et appelé les pays africains à vaincre le cancer de la corruption. Cette déclaration concerne, bien évidemment, Madagascar mais il faut se rendre à l’évidence que les dirigeants du pays ne l’ont pas fait une priorité. En effet, l’indice de perception de la corruption s’empire, de jour en jour, et la Grande Ile se trouve aujourd’hui à la 130è place des pays les plus corrompus de la planète, si elle était encore à la 118è place l’année dernière. Autrement dit, rien n’est fait pour lutter concrètement contre la corruption. Par ailleurs, il est maintenant clair que la stratégie mise en place pour lutter contre ce fléau n’est pas adéquate. Les institutions comme le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité, la Chaîne Pénale Anti Corruption et le Bureau Indépendant Anti Corruption sont totalement inefficaces. Mais, contre toute attente, le numéro un d’Iavoloha croit qu’il peut changer quelque chose. En effet, il sera le leader de la mise en place et de l’application de la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption. Autant dire que le chef de l’Etat se surestime et pense avoir les compétences et être même capable de mener à bien cette lutte contre la corruption.
Laza Marovola