Politique d’appauvrissement rapide
Avant l’arrivée de Hery Rajaonarimampianina au plus haut sommet de l’Etat, le taux de pauvreté était déjà important et concernait à peu près 90% de la population. Dans cette statistique, il faut prendre en compte le fait que 72% de cette population étaient concernés par l’extrême pauvreté. Cette semaine, Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, s’est félicité du fait que nous soyons la première génération dans l’histoire qui pourra mettre un terme à l’extrême pauvreté. En effet, c’est une première dans l’histoire que le taux de l’extrême pauvreté frapperait moins de 10% de la population mondiale. Toutefois, de nombreux obstacles demeurent a souligné le dirigeant de la Banque mondiale et l’objectif de mettre fin à la misère d’ici 2030 ne sera donc pas aisé. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, la situation est effectivement encore et toujours préoccupante et c’est le cas de Madagascar. De ce fait, tous les yeux sont tournés vers le premier responsable et garant de la nation qui n’est autre que le locataire actuel du palais d’Iavoloha. Au passage, il faudrait souligner que ce dernier a été maintes fois critiqué sur sa politique de lutte contre la pauvreté inefficace, voire même plutôt inexistante. Par ailleurs, le régime Hvm/Rajaonarimampianina a toujours été pointé du doigt dans la mesure où ni le principe de redevabilité, ni le volet social n’ont été les priorités des priorités. Le résultat de ce manquement est donc tout à fait logique si l’on considère l’accroissement dangereux de la pauvreté.
D’après le rapport de la Banque mondiale, 80% de la population vivraient sous le seuil de pauvreté porté de 1,25 à 1,90 dollar par jour. Toutefois, cette constatation ou ce rapport peut être considéré comme très tolérante parce que la réalité dans le pays est plus grave que ces 80%. En effet, si certains économistes avaient déjà prédit que 95% de la population seraient concernés par la pauvreté d’ici la fin de l’année 2015, quelques têtes dirigeantes au sein du gouvernement actuel ont déjà confirmé que ce chiffre a été atteint 3 mois avant la fin de cette année. Force est donc d’en arriver au fait que la politique du régime actuel est tout autre qu’une politique de lutte contre la pauvreté. Au contraire, il faut mettre en évidence que les choix politiques des tenants actuels du pouvoir accélèrent plutôt l’appauvrissement de la population malgache. Constatation, en moins de deux années de règne, la pauvreté a gagné 5 points et on ne parle même pas de l’extrême pauvreté qui se propage comme…la peste. Au rythme actuel des choses, ce pourcentage pourrait pourtant ne pas diminuer dans la mesure où la croissance économique est insignifiante tandis que le coût de la vie ne cesse de monter en flèche. Pire encore, les dirigeants souhaitent appliquer la vérité des prix dans le courant de ce mois d’octobre, chose qui ne fera qu’aggraver une situation qui est déjà plus qu’alarmante. Sur une population estimée aujourd’hui à 23,5 millions d’âmes, il est inacceptable que plus de 22 millions de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour. Par ailleurs, cela ne signifie pas que les 1,5 million autres sont riches étant donné que certains vivent avec 3,4 ou 5 dollars par jour.
Au final, les seuls qui ne sont pas concernés par la pauvreté sont les dirigeants et leur famille et c’est une injustice inacceptable. Même si c’est toujours le même cas de figure dans la majorité des pays pauvres, la population ne devrait pas, ou plus se laisser faire dans puisque la souveraineté appartient au peuple. De plus, quand une politique ne porte pas ses fruits et n’a aucun impact direct positif sur le quotidien de la population, cette dernière devrait prendre les choses en main d’autant plus si les dirigeants qui gouvernent son pays sont incompétents, anti patriotiques et motivés par leurs intérêts particuliers. C’est le cas actuellement à Madagascar où les dirigeants ont décidé d’appliquer une politique d’appauvrissement rapide pour la population et une politique d’enrichissement rapide pour eux.
Laza Marovola