Bizarrement, ces trois affaires touchant des personnalités du Nord arrivent au même moment. Non seulement les notables de cette partie de l’île parlent de discrimination, et brandissent en conséquence le tribalisme, mais évoquent aussi la neutralisation des élites régionaux. L’heure est grave et certains observateurs évoquent déjà les moments sombres traversés par notre Nation.

Rappelons-nous en 2013, une foule en furie a immolé deux ressortissants européens soupçonnés d’être trempés dans des trafics d’organe. Evidemment, cette justice populaire n’est pas du goût des bailleurs de fonds qui exigent des sanctions exemplaires à l’encontre de tout citoyen malagasy concerné de près ou de loin par cette affaire. Pour l’ancien sénateur Joseph Yoland, originaire de la petite île de Nosy Be, on a prononcé son nom comme étant le commanditaire de ces crimes affreux et ce dernier a donc été traîné devant le prétoire.

Pour le régime, c’est l’occasion idéale pour se débarrasser d’un adversaire politique de taille dans cette région tout en satisfaisant le diktat des occidentaux et, en retour, en espérant une pluie diluvienne de dollars Us et d’euros. Et les observateurs estiment que c’est pour cette même raison que l’ancien député de Mananjary Camille Omar el-Mektoub a été épinglé alors que ce dernier n’avait réalisé que le programme gouvernemental de la dernière Transition. Souvenons-nous que l’envoi de femmes travailleuses en Arabie Saoudite était officiellement autorisé mais le bien-fondé du programme a été jeté dans les poubelles par le régime actuel.

Une autre allure

D’où la qualification de traite de personnes pour cette affaire le concernant, un crime non-toléré par les américains.

Quant à Johnfrince Bekassy, la tête de liste des conseillers régionaux du parti au pouvoir pour une commune urbaine de la Région Sava, beaucoup estiment que ce dernier a été purement et simplement sacrifié pour faire bonne figure lors du passage des missionnaires du FMI au pays. On peut effectivement crier au scandale puisque Bekassy n’a commis aucune infraction forestière, à savoir, exploitation, coupe, transport, commercialisation et exportation de bois précieux. D’ailleurs en la matière, le dossier aurait dû être traité par le tribunal compétent de la juridiction judiciaire, d’autant que le Bianco n’est pas habilité à traiter une infraction forestière.

Ces derniers jours, ces trois affaires ont pris une autre allure plus régionaliste, voire même tribale et les notables des régions citées supra évoquent même la neutralisation de leurs élites. Pour les affaires de bois de rose par exemple, elles concernent évidemment tout le monde.

Bref, voilà un cocktail qui risque de péter au nez des actuels tenants du pouvoir et si on y ajoute la pauvreté extrême dans laquelle vivent les 95% des malgaches, l’explosion peut survenir à tout moment.

Jean Luc RAHAGA