Le XVIe sommet de la Francophonie est jusqu’ici censé se tenir à Antananarivo au mois de novembre 2016. A titre de rappel, Madagascar a été le seul pays à se porter volontaire pour l’organisation de sommet qui nécessitera un peu moins de 100 millions de dollars. Même si on peut se vanter d’avoir un centre de conférence international qui n’a pas réellement servi, il faudra y apporter des modifications, et il ne faut pas oublier non plus les frais d’hébergement et de déplacement des délégations francophones qui seront présentes dans nos murs pendant 6 jours. Ce futur sommet sera placé sous le thème : « Croissance partagée et développement responsable » et il faut déjà critiquer que l’Etat aurait mieux fait de choisir les bons maux.

En effet, si les termes « croissance partagée » renvoient à l’idée d’un mouvement d’ensemble, ils peuvent également signifier une différence sur un point de vue. Compte tenu de la situation actuelle, on ne peut que se focaliser sur la deuxième signification dans la mesure où la croissance n’est pas la même dans le pays ni entre les pays francophones. A l’heure actuelle, 95% de la population malgache sont concernés par la pauvreté et vivent avec moins de 2 dollars par jour tandis que les dirigeants mènent la grande vie. On peut toutefois souligner que la croissance n’est pas réellement partagée. En effet, on ne peut même pas parler de croissance au niveau de la population puisque le niveau de vie de celle-ci ne fait que régresser au jour le jour à cause de la hausse incessante du coût de la vie et de l’inaction flagrante des tenants du pouvoir.

A l’heure actuelle, les dirigeants ont toujours été critiqués dans la mesure où la lutte contre la pauvreté n’existe pas vraiment et que le volet social a été totalement délaissé. Il faut donc se demander aujourd’hui si l’organisation du sommet de la francophonie est une priorité des priorités quand la majorité de la population a du mal à trouver de quoi se mettre sous la dent au moins une fois par jour. Pourquoi donc dépenser autant de millions de dollars quand on peut faire autre chose pour la population ? D’un côté, il faut reconnaitre que la tenue de ce sommet dans nos murs permettra aux autres d’avoir une visibilité sur le pays quoique la réalité ne soit pas vraiment reluisante ni en la faveur des dirigeants actuels. Quand les chefs d’Etat et leurs délégations se rendront dans la Capitale, ils ne pourront que constater la pauvreté à chaque coin de rue, le développement à deux vitesses qui ne favorisent que les responsables étatiques et surtout l’instabilité qui règne dans le pays. Même s’il est vrai que le régime actuel a encore une grosse année pour tout changer, il ne faut pas se voiler la face et préciser qu’il a déjà eu près de deux ans pour initier le changement. La situation au mois de novembre de l’année prochaine risque d’être la même qu’aujourd’hui étant donné que les dirigeants n’ont aucun plan concret pour changer quoi que soit à Madagascar, sinon cela est déjà fait.

A titre d’exemple, le taux de croissance est toujours faible après les deux années de règne du numéro un actuel. Dans une année, tout ce qui risque de changer, c’est le gouvernement Ravelonarivo qui n’est pas, reconnaissons-le, mieux que celui du docteur importé de Suisse. Par ailleurs, l’instabilité institutionnelle pourrait empirer à cause de l’élection sénatoriale qui se révèle être un forcing de l’Etat compte tenu de la précipitation de celui-ci à faire voter le projet de loi relatif à la mise en place de la Commission électorale indépendante nationale, dont l’indépendance est déjà remise en question. De plus, la tenue du sommet de la francophonie à Antananarivo pourrait être annulée au dernier moment parce que les caisses de l’Etat sont vides ou vidées à tort et à travers, que les bailleurs sont réticents à prêter de l’argent, et tout simplement parce que les conditions optimales ne seront juste pas réunies au moment opportun. Après la tenue des élections de la discorde, on ne peut aujourd’hui que s’attendre à un sommet de la discorde.

Laza Marovola