Education – Le ministère dépouille les enseignants
Scandale au sein de l’enseignement, puisque le ministère de l’Education nationale vient d’interdire les cours qui constituent à la fois une source de revenus supplémentaire pour les enseignants – un des corps les plus mal-payés de l’administration publique -, ainsi qu’un coup de pouce pour hausser le niveau des étudiants en classe d’examen.
Les enseignants qui exercent leur fonction dans les établissements publics ne peuvent plus compter que sur leur maigre salaire mensuel à cause d’une mesure prise par le ministère de l’Education nationale (MEN). En effet, on vient d’interdire les cours particuliers, ainsi que les publicités y afférentes. Déjà incapables d’adapter le système d’éducation à Madagascar – qui ne fait en réalité qu’emmener les enfants malgaches à l’abattoir – les actuels dirigeants de ce ministère se vengent sur les instituteurs et professeurs de collège et de lycée, un corps qui reste le plus mal-payé de toute l’administration publique, et ne veulent en aucun cas que ces derniers arrivent à arrondir leur fin du mois. Pire, aucune stratégie plausible et efficace n’a été menée jusqu’ici pour rehausser le niveau de l’enseignement dans notre pays et le dernier projet de réinsertion scolaire a connu une débâcle sans précédent. D’un autre côté, le MEN n’a pas encore approuvé les requêtes du syndicat des enseignants demandent l’augmentation de leurs droits. « Certes, il y a eu une augmentation du salaire global, mais cela ne suffit pas pour compenser nos requêtes » explique un enseignant fonctionnaire.
Les cours particuliers et cours de révision constituent ainsi une source de revenus supplémentaire pour les « profs » et avec cette interdiction, bon nombre d’entre eux risquent de ne plus pouvoir se concentrer sur leur mission puisqu’ils seront obligés de trouver d’autres activités pour survivre. Pour l’enseignement privé, des centaines d’emplois seront également supprimés.
L’Etat invente des coupables
Les mauvais résultats, lors des derniers examens officiels de l’année scolaire précédente ont provoqué des bouleversements au sein du ministère de l’Education nationale. Pour se rattraper, les hauts responsables attaquent directement les enseignants et les établissements, au lieu de miser sur une retouche du programme scolaire déjà trop chargé. Dans d’autres pays ayant presque le même Pib que Madagascar, l’on passe à l’aménagement du temps de travail dans la saison scolaire pour plus de repos, et ce, pour les enseignants et pour les élèves. L’objectif est d’aérer la mémoire de nos progénitures et de la meubler afin d’obtenir une meilleure concentration pour la suite de l’apprentissage. D’ailleurs, ce n’est faute d’avoir des repères qui sont parfois bicentenaires : « Raha noana ny kibo dia mivezivezy ny fanahy », disaient nos ancêtres, et c’est bien le cas de le dire pour les 95% des enfants qui ont encore le moyen d’aller à l’école.
Et selon les enseignants ayant des dizaines d’années d’expérience, l’hypothèse accusant les candidats libres d’être les principaux coupables de la chute du taux de réussite aux examens officiels est tout simplement … farfelue ! En effet, ce taux de réussite pour des lycéens se trouvant en classe de première, mais qui passent leur baccalauréat, est largement plus élevé que ceux en classe de terminale. Dans une autre réalité, plus de 70% des candidats qui réussissent aux examens officiels ont suivi des cours de soutien ou fait leurs études dans les institutions spécialisées. Mieux, les candidats libres ont existé de tout temps et diverses raisons poussent un étudiant à adopter « les classes sans murs » dont le nombre de places offertes dans l’enseignement public, les problèmes financiers touchant les 99% des ménages malgaches, les complications de l’administration publique, …. En tout cas, ces derniers souhaitent toujours continuer leurs études malgré toutes ces difficultés. Seulement, le ministre Paul Rabary, de passage donc à la tête de ce ministère, ainsi que ses sbires, viennent de mettre un coup … d’arrêt à l’avenir de ces jeunes. Quant à regarder du côté des formations techniques et spécifiques, il n’y a pas non plus grand-chose à voir, même pas une formation de mécanicien puisque ce ne sont pas les voitures qui manquent dans ce pays.
Bref, si l’Etat veut vraiment que le niveau de l’enseignement s’améliore, les conditions de travail des enseignants doivent être améliorées en priorité afin qu’ils puissent se focaliser entièrement sur leur mission.
J.L.R – Dominique Val