Lanto Rakotomanga – « Je m’engage à toujours soutenir ceux qui en ont besoin ! »
Après des mois de silence, le député Lanto Rakotomanga revient sur l’affaire Namontana et témoigne de ses souffrances, de ce que sa famille a enduré et de l’injustice à laquelle elle a fait face. La nuit du 8 juin lui a certainement marqué parce que la violence des éléments des forces de l’ordre lui a failli coûter la vie. Aujourd’hui elle souffre encore des séquelles des bombes lacrymogènes et suit des traitements. L’intimidation du régime ne cesse pourtant de continuer ceux qui osent remettre en cause ses intérêts et ceux qu’il considère comme menace ne sont jamais épargnés. Et pourtant, les dirigeants, pour sortir le pays de la misère, a besoin de conseil et de critique afin d’en tirer leçon. Seulement, on parle ici de gouvernement de sourd qui n’accorde aucune importance aux diverses suggestions. Mais malgré tout cela, elle reste debout et prend en main les responsabilités qu’on lui a confiées notamment de soutenir ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, elle ne s’est pas limitée de dénoncer l’incompétence du régime. La population est de plus en plus pauvre et au lieu d’apporter des solutions aux problèmes, les dirigeants sont trop pris aux sénatoriales. Lanto Rakotomanga confie…Pouvez-vous nous parler de la fameuse nuit du 8 juin ?
C’était mon pire cauchemar et j’aimerai bien, un jour, me réveiller sans plus y penser mais ce n’est pas aussi facile. Cette nuit me hante et je ne suis pas la seule à la revivre. Tous ceux qui m’ont soutenu en sont affectés. Ils m’ont toujours réconforté et m’ont aidé à surmonter cette histoire. Après cette nuit, j’ai décidé de rester discrète et de suivre mes traitements. J’ai également laissé, aux auteurs de cette poursuite injuste, du temps de réflexion. Aujourd’hui, il est plus que temps de ressaisir et de reprendre les activités. Je me suis engagée à apporter mon aide à ceux qui en ont besoin, à ne pas décevoir ceux qui ont voté pour moi et je vais respecter mon engagement. Tout le monde est témoin des tortures que j’ai endurées mais je ne me laisse pas pour autant démotivée et intimidée. J’ai beaucoup à offrir notamment mon temps, mes relations, le peu de moyen que je dispose pour aider mon prochain bien que j’endure encore les séquelles de cette nuit. Aujourd’hui j’ai de problèmes respiratoires et je dois effectuer un bilan à l’étranger mais comme on m’a imposé une interdiction de sortie du territoire, je dois rester à Madagascar et suivre des traitements.
Comment votre famille l’a-t-elle vécu ?
Je veux justement souligner que derrière la personnalité que les dirigeants n’apprécient pas, il y a toute une famille, des amis, des collègues… qui pourraient être affecté par des mesures non réfléchies. Après cette fameuse nuit, mes enfants ont été traumatisés et ont du suspendre leurs études alors qu’ils étaient en période d’évaluation. Ils ne se sont pas remis de cette image qu’ils ont vue à la télé et ce qui est pire, c’est que leurs camarades de classe qui l’ont également vu les rappellent souvent cet instant douloureux. Il y a également mon mari, mes parents qui ont été considérablement affecté par mon hospitalisation. Je profite de cette occasion pour remercier tous ceux qui m’ont soutenu pendant ces moments difficiles notamment ma famille, mes amis, les députés qui étaient présents lors de mon arrestation et les diverses associations qui ont dénoncé la violence des forces de l’ordre mais également les journalistes qui ne se sont pas limités d’informer la population.
Concernant les actions sociales, où en êtes-vous ?
Nous sommes proches de la saison pluviale et en cette période, la population du deuxième arrondissement souffre d’inondations et surtout d’éboulements. Rien que l’année dernière, 5 personnes en ont perdu la vie. Les fokontany se sont plaints auprès des responsables étatiques pour qu’il y ait de mesure de lutte afin de faire face à la prochaine saison de pluie mais sans suite. Ce que nous pouvons faire c’est de renforcer les sensibilisations pour que les personnes habitant les zones à risque quittent les lieux à temps. Par ailleurs, nous avons également apporté nos soutiens aux enfants en leur offrant des fournitures scolaires afin qu’ils puissent intégrer l’école sans complexe. Nous sommes également en collaboration avec des partenaires financiers pour préparer noël. Ce ne sont que des aides éphémères mais nous travaillons actuellement sur un projet permettant de donner une activité génératrice de revenues aux plus démunis. Il est important de leur donner du travail pour qu’ils puissent prendre en main leur vie. Et pour finir, le problème de délestage que les dirigeants n’ont jamais pu ou n’ont jamais voulu résoudre, nous allons apporter des solutions pour les habitants du deuxième arrondissement. La coupure fréquente affecte le travail de nombreuses personnes et les expose à l’insécurité.
A votre avis, que faire pour parvenir à une bonne gouvernance ?
Le fait de ne pas respecter convenablement la constitution et les diverses lois instaurées est un obstacle à la bonne gouvernance. Comme on dit, nul n’est censé ignorer la loi et les dirigeants devraient servir d’exemple quoique la situation en soit loin pour Madagascar. J’estime également qu’il est important de prioriser l’intérêt national et celui du peuple à ceux des dirigeants. Ce sont en effet les profils exigés d’un vrai leader pouvant mettre en place une bonne gouvernance. Madagascar est dans une situation déplorable et la population en souffre. Il est plus que temps que chacun prenne en main ses responsabilités afin de contribuer pleinement au développement du pays.
Ralambomamy