La pauvreté concerne de plus en plus de monde. 95% de la population vivent avec moins de 2 dollars par jour et quoi de plus normal si les dépenses des ménages sont donc calculées à un ariary près. En gros, personne ne peut se permettre des dépenses inexpliquées, comme celles engendrées par les factures de la Jirama. Depuis que les employés de la compagnie nationale d’eau et d’électricité ont repris du service après plusieurs semaines de grève, les files devant les caisses sont interminables.

Aujourd’hui, tous les usagers de la Jirama sont obligés de payer d’un coup au moins deux mois de facture pour la simple raison que cette compagnie a besoin d’argent. Si le directeur général adjoint de la Jirama a rassuré cette semaine que le prix de l’électricité n’a pas augmenté, ce n’est pas l’avis de la majorité des usagers qui se plaignent. Premièrement, nombreux ne comprennent pas pour quelle raison le prix de l’électricité est aussi élevé alors que la Jirama vend sa production à perte. Deuxièmement, la majorité des usagers ne peuvent plus régler leur facture parce que leurs revenus ont considérablement diminué à cause des nombreuses heures de coupures quotidiennes. Malgré ces coupures incessantes, la facture ne fait pourtant encore qu’augmenter. Troisièmement, en temps normal, c’est seulement après 25 kwH consommé que la règle de la deuxième tranche est appliquée. Toutefois, les consommations des usagers lors de la grève de la Jirama ont toutes été défalquées au sein de la deuxième tranche de consommation dans laquelle le kwH coûte plus de 600 ariary. Au final, il y a donc lieu de remarquer que la population ou du moins les usagers de la Jirama se font tous arnaquer à leur insu et à leurs dépens. Et on ose encore parler de service public.

La vérité des prix va empirer  les choses

Les tenants actuels du pouvoir avaient annoncé que l’application de la vérité des prix serait effective dès ce mois de novembre. Si ce n’est pas encore le cas actuellement, c’est tant mieux pour nous, bien que ce ne soit qu’un petit retard ou un ajournement qui ne prévoit rien de bon. En effet, lorsque la vérité des prix sera véritablement appliquée, tout sera tout simplement hors de prix à commencer par le carburant qui ne suivra pas les cours moyens du prix du pétrole au niveau international. Cette hausse du prix à la pompe engendrera une réaction à la chaîne sur les frais de transport, les coûts des produits de première nécessité mais surtout le prix de l’électricité. Il ne faut donc pas croire que la mise en concession de centrale à Symbion Power diminuera effectivement le prix de l’électricité. Pour cause, l’Etat doit se retirer petit à petit de la Jirama en mettant fin aux subventions suite à la suggestion du Fonds monétaire international. Ainsi, le partenariat public privé sera la seule solution pour la Jirama, comme c’est le cas aujourd’hui mais le problème réside sur le fait que ces partenariats sont essentiellement basés sur l’utilisation de groupes fonctionnement au gas oil. De ce fait, si les prix à la pompe augmentent, le prix à payer pour faire tourner ces groupes sera également élevé. Résultat : la facture sera salée et c’est la population qui va devoir payer pour ensuite apprendre à vivre sans électricité.

Laza Marovola