Au mois de mars de cette année, plus précisément le 15 au stade Chaban-Delmas, à la fin d’un match contre Bordeaux comptant pour le championnat de la Ligue 1, l’attaquant du Paris Saint Germain Zlatan Ibrahimovic, en colère contre l’arbitrage de Lionel Jaffredo, avait traité la France de « pays de merde » ne « méritant pas le PSG ». Même si l’attaquant suédois de Paris avait écopé d’une suspension de 3 matches et s’était excusé une heure après son coup d’éclat, il faut se demander si ces propos étaient réellement circonstanciés. En ce qui nous concerne, puisque nous sommes historiquement liés à la France, les propos de Zlatan devraient nous servir d’exemple. Il ne s’agit plus ici de la période de colonisation, ni du décret soustrayant les Iles Eparses du territoire de la République Malagasy adopté 87 jours avant la proclamation de l’indépendance du 26 juin 1960 mais des propos déplacées du nouvel ambassadeur de la France à Madagascar, Véronique Vouland-Aneini. « Les îles Eparses appartiennent à la France » a annoncé cette dernière après sa visite de l’hôtel de ville, le 19 octobre 2015. En comparaison avec les propos de Zlatan, on peut aisément affirmer que cette affirmation est une erreur d’arbitrage, si ce n’est une erreur de jugement. Lors de la proclamation de l’indépendance de Madagascar, le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation auraient dû s’appliquer automatiquement autour de la Grande île, redevenue un pays souverain. C’est pour cette raison que l’Organisation des Nations Unies avait condamné le décret n°060-555 du 1^er avril 1960 adopté par la France qui soustrait les îles Eparses de Madagascar et qui les place sous l’autorité direct des ministres des Dom/Tom. Le 12 décembre 1979, l’Assemblée Générale des Nations Unies avait ensuite adopté une résolution ordonnant à la France de nous restituer ces fameuses îles. Ce même jour, l’ONU avait même souligné que l’accaparement des Iles Eparses par la France porte atteinte à la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de Madagascar. Même si cette résolution n’a pas de valeur exécutoire mais plutôt de valeur de recommandation, il faut préciser que l’Assemblée Générale des Nations Unies est l’organe plénier de cette institution et exprime donc la volonté de tous ces pays membres. Autrement dit, depuis 1979, la majorité des pays membres de l’Onu sont favorables pour la restitution des Iles Eparses à Madagascar. Toutefois, la France ne s’est pas exécutée jusqu’ici et il faut dire qu’elle profite de sa position stratégique pour continuer de bouder ces îles se trouvant dans le territoire maritime malagasy. Même si la France est en position de force parce que son opinion pèse dans la balance dans le déblocage des aides budgétaires pour la Grande île octroyées par le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, il faudrait qu’elle reconnaisse que les îles Glorieuses, Europa, Juan de Nova et Bassas de India ne lui appartiennent pas. Au contraire, la France nous a volé ces territoires pour la simple raison que les ressources naturelles enfouies sous leurs sols sont énormes, voire gargantuesques. Toutefois, il ne s’agit pas seulement de la France parce que nos dirigeants ont un rôle à jouer dans cette affaire. Mais quand le président de la République Hery Rajaonarimampianina en personne n’est pas motivé pour se battre pour ces îles, contrairement à ses promesses électorales, il est tout à fait normal que l’ambassadrice de l’Hexagone se permette d’affirmer sans broncher que les îles Eparses appartiennent à la France. Bref, la colonisation n’a jamais pris fin et Madagascar n’a jamais été réellement indépendante une seule seconde. Aujourd’hui, même si la France a soudainement débloqué 20 millions d’euros d’aide budgétaire à l’arrivée de son nouvel ambassadeur, et même si elle a souvent aidé les dirigeants successifs, cela ne signifie pas que les Iles Eparses lui appartiennent. En clair, les déclarations de Véronique Vouland-Aneini prouvent que la France est d’une bassesse d’esprit et continue à considérer Madagascar comme un vulgaire territoire colonisé. Si le géant suédois du PSG est d’avis que la France est un « pays de merde », il serait difficile de le contredire.

Laza Marovola