Majorité silencieuse
Déjà 21 mois que la République de Madagascar est dirigée par un président de la République élu qui nous a tous bien arnaqués. En d’autres termes, cela fait déjà 21 mois que la population est laissée-pour-compte et considérée comme des moins que rien, si ce n’est du caca. En effet, le principe de redevabilité a été considéré comme un vulgaire bout de papier hygiénique que le nouveau chef de l’Etat a tout simplement décidé d’envoyer dans le tourbillon humide des toilettes de sa villa de luxe. Mais le leader et fondateur de la Puissance nouvelle qui souffle sur la Grande île n’a pas pensé aux conséquences de ses actes. Résultat : il est le président de la République le plus impopulaire de l’histoire de Madagascar. En toute connaissance de cause, il ne devrait plus penser à se faire réélire parce que la majorité de la population n’a plus envie de voir la sale gueule de « Môssieur je-me- crois-tout-permis » à la tête de l’Etat. Lors des dernières élections communales et municipales, 70% des électeurs ont déjà décidé de le lui faire comprendre si les 30% restants ont préféré voter contre lui, mis à part ceux qui ont été forcés et intimidés. Lors des manifestations des employés d’Air Madagascar ou de l’intersyndical de la Jirama, les pro-régimes ou plutôt les lèche-bottes ont toujours cherché les moyens de faire comprendre que les grévistes ne faisaient pas le poids contre la majorité silencieuse jamais d’accord contre les motifs de grève.
Aujourd’hui, la tendance est toutefois en train de s’inverser dans la mesure où la majorité silencieuse soutient à fond les revendications contre toutes les formes d’injustice. Seulement, les citoyens qui forment cette majorité silencieuse n’ont pas eu le déclic pour se mettre sur le devant de la scène afin de signifier leur ras-le-bol total. Aujourd’hui, il serait difficile d’affirmer le contraire surtout avec ce problème de délestage qui ne peut être résolu par les dirigeants. A chaque coupure d’électricité, toutes les personnes habitant sous le même toit râlent contre la Jirama mais surtout contre les dirigeants qui sont alors traités de tous les noms. Il ne faut pas se mentir parce que la majorité de la population est toujours envahie par la colère et le mécontentement quand le courant a été coupé alors que le brushing n’a été fait encore qu’à moitié, que le riz était en train de cuire doucement dans le rice cooker, que l’intrigue du film policier était sur le point d’être révélée, que le karaoké battait son plein, que la partie de World of Warcraft était encore envoûtant ou que les infos venaient à peine de commencer. En se basant sur la logique de la pensée humaine, on peut aisément affirmer que la majorité silencieuse qui fulmine de colère et qui rouspète dans toute la maison en cherchant désespérément les bougies est mécontente envers le régime actuel. Aujourd’hui, on peut encore dire que les tenants du pouvoir ont encore tout simplement la chance que la majorité de la population reste chez elle pour dire du mal d’eux. Toutefois, il faut qu’ils fassent très attention parce que dès lors que cette majorité décide d’extérioriser sa colère et son mécontentement sans craindre la répression des forces de l’ordre ni les menaces en tout genre, c’est la fin.
Aujourd’hui, inutile d’attendre la goutte d’eau faisant déborder le vase parce que le vase déborde déjà depuis longtemps. On ne peut même plus parler d’explosion sociale imminente parce que toutes les couches de la société éclatent déjà, mais chacun de leur côté. Il suffit donc qu’un motif les rallient pour que la société, la population en général devienne ingérable et plus précisément indomptable. Comme il en faut peut pour qu’une marée humaine se déverse dans les rues de la Capitale mais aussi du pays tout entier, espérons donc que le silence des dirigeants à propos des Iles Eparses devient un motif éloquent pour que la population prenne conscience que le moment est venu de s’unir et de prouver son patriotisme. Une majorité est silencieuse quand elle se cantonne à rouspéter chez elle mais les dirigeants ne doivent pas pour autant se croire à l’abri d’une manœuvre générale d’éjection.
Laza Marovola