Ministère de l’éducation nationale – Un établissement à caractère commercial ?
Dorénavant, l’octroi d’autorisation d’exercer et celle d’enseigner sera payant à partir de lundi prochain. De même pour l’attribution d’autorisation d’ouverture d’un établissement scolaire – 100 000 ariary par niveau -, le changement de localité, le changement d’effectif, le changement de direction ou encore le changement de dénomination, la participation exigée par la Dren Analamanga varie de 50 000 à 100 000 ariary. En somme, l’éducation nationale devient une … machine à sous !
La première remarque qui vient à l’esprit du citoyen lambda est que le régime se déclare réellement en faillite, de plus chaque ministère est obligé de trouver les moyens nécessaires à son fonctionnement. C’est déjà un peu le cas ces derniers mois où plus précisément, les agents font face à une série de pénuries, à commencer par les fournitures de bureau, en passant par l’absence totale de moyens de déplacement pour exécuter leurs tâches et attributions.
Les coursiers, par exemple, sont tenus de faire des kilomètres à pied — dans la chaleur comme dans le froid – afin de ramener les courriers des différentes directions et ceux des autres ministères. Et dès que quelques gouttes de pluie tombent, tout s’arrête, et c’est aussi le cas lors d’un délestage qui pourrait hypothéquer tout le travail de l’administration publique d’une journée. Pour la secrétaire, le problème s’aggrave singulièrement avec la vétusté des matériels informatiques puisqu’elle doit en même temps fournir de quoi fonctionner, tels les papiers blancs, les stylos, les gommes, …. Comble de malheur, – et c’est bien le cas de le dire -, cette dernière doit payer de sa poche les impressions de ses « devoirs » au cybercafé du coin ! Enfin, si l’enseigne, elle aussi, a le courant électrique.
Bref, c’est la catastrophe à tout niveau ces six derniers mois mais évidemment, les directeurs ainsi que les chefs de service, ont des alibis en béton : faute de loi de finances rectificative et/ou faute de déblocage du budget de fonctionnement de la part du ministère des Finances. Et avec un ministre importé du Canada – un des pays les plus riches de la planète qui n’a jamais connu les difficultés élémentaires dans lesquelles vit l’administration publique de Madagascar -, les demandes de financement sont vite « rangées » dans les débarras.
Tout ça n’est qu’un petit aperçu de la dure réalité et par conséquent, beaucoup estiment ainsi normal de « monnayer » – officiellement et « officieusement » - les services offerts.
Grand business
Seulement, c’est déjà une population exsangue que les fonctionnaires essaient de plumer davantage, d’autant que les habitants se sont toujours acquittés de leurs impôts et taxes. D’où le cri d’alarme des citoyens et concernant spécifiquement le ministère de l’Education nationale, les privés s’insurgent contre cette nouvelle mesure prise et appliquée à partir de la semaine prochaine, si on en croit à cette affiche vue dans les locaux de la direction régionale de l’Education nationale d’Analamanga et dûment signée par les responsables.
Pire et pour beaucoup, il s’agit d’une énième … injure à l’endroit de la population toute entière, après l’interdiction des cours particuliers et autres cours de soutien aux élèves et autre interdiction de passer les examens officiels pour les candidats libres, c’est-à-dire, ceux qui n’ont pas le moyen financier de fréquenter l’école tous les jours. De son côté, le ministère de l’Education nationale a trouvé une nouvelle source de financement et à coup sûr, fera vite engranger dans ses caisses ou peut-être les poches des caciques de cette institution des milliards d’ariary. Effectivement, on recense facilement des milliers d’établissements privés dans tout Madagascar, générant ainsi des millions d’enseignants et on sait que l’éducation est devenue un grand business.
Quant à la gratuité de l’enseignement garantie par la Constitution et crédo du régime, on est carrément en train de s’asseoir … dessus ! Ainsi, c’est le nouveau filon creusé pour ce ministère si celui chargé de l’Intérieur et de la décentralisation vient de trouver … l’autre affaire bien juteuse de permis de conduire biométrique. Nous en reparlerons.
J.L.R