Au péril de la vie
Personne ne naît réellement mauvais mais le devient. Personne ne décide de se rebeller qu’avec de bonnes raisons. Personne n’est autorisé à ôter la vie à un autre et c’est pour cela que l’appareil judiciaire existe. On a bien tendance à dire que la vie coûte cher, mais il est inutile de risquer de se faire tuer, parce que mort, il est impossible de profiter de la vie. Toutefois, il faut reconnaître que souvent risquer une mort certaine est devenu nécessaire, notamment dans les pays pauvres comme Madagascar. Dans 95% de la population vivant avec mois de 2 dollars par jour, il y a certainement des centaines, voire même des milliers de personnes qui pensent à faire l’irréparable pour se sortir de la pauvreté. Communément, on appelle cela l’appât du gain facile, rapide ou encore solution de facilité, motivés par les injustices mêlées aux difficultés du quotidien telles le chômage. Par ailleurs, cela va de pair avec la montée en flèche de l’insécurité qu’il n’est même plus étonnant d’entendre ou même d’être témoin des attaques à main armée en début d’après-midi. Mais quelque part, les bandits ne sont pas entièrement les seuls coupables dans la mesure où s’ils avaient un travail décent, ils n’auraient pas risqué leur vie pour quelques millions d’ariary. Mais c’est la vie ! Comment voulez-vous que les chômeurs et les plus pauvres gagnent de l’argent ? De la plus simple des manières en commençant par des petits larcins pour devenir enfin un vrai gangster se baladant et semant la terreur avec une kalachnikov et un pistolet automatique tout en risquant de finir sous terre plus tôt que prévu. Le cycle de la vie peut parfois être très dur à accepter pour ceux qui ont suivi des études, mais il faut se dire que les personnes dans ce cas là sont les plus nombreux dans notre pays. Dans le sud de la Grande île, on l’appelle phénomène dahalo et opération Fahalemana durant lesquels la population est le témoin d’une guerre sans merci dans sa région pour une question de Zébu. Chaque semaine, les morts et les blessés se comptent par dizaines et cette guerre dure déjà depuis des années. Les dahalo ne risquent pas d’arrêter de voler des zébus tant qu’ils n’auront pas de quoi s’occuper sérieusement, comme un travail. C’est ce que le gouvernement ne comprend pas et c’est la raison pour laquelle des dizaines, voire des centaines d’individus sont capables d’affronter les tirs des forces de l’ordre et de risquer de tomber sous les balles. La mort rôde partout à Madagascar parce que c’est un des pays les plus pauvres et les plus corrompus en Afrique et dans le monde. La majorité de la population est en train de mourir à petit feu pendant que les dirigeants continuent de grossir, preuve qu’ils jouissent pleinement de leur vie et de leur statut. On aimerait bien qu’ils s’étouffent avec leur caviar, leur saumon ou leur champagne mais ce n’est pas une vraie solution mais encore une facilité qui sous-entend encore la mort. Aujourd’hui, si tous ces morts font quotidiennement la une des journaux de la place, il faut se tourner vers les dirigeants et leur demander réellement ce qu’ils font pour résoudre ce problème. Cette procédure est tout à fait légale dans la mesure où le peuple a tout simplement le droit de savoir. Ainsi, s’il ne reçoit pas de réponses claires des dirigeants au plus vite, le peuple risque tout simplement de se soulever contre le régime en place même s’il sait qu’il sera confronté aux armes des forces de l’ordre, devenues milice spéciale des tenants du pouvoir. Mais d’un côté, les dirigeants ne sont pas totalement sûrs d’échapper à une mort certaine compte tenu du fait qu’une population en colère est capable de tout lorsqu’elle ne peut plus tolérer l’injustice dont elle est trop souvent la victime. Toutefois, la solution se trouve dans les mains des dirigeants, ou plutôt dans leur tête mais le fait est qu’ils doivent tout faire pour lutter concrètement contre la pauvreté et faire avancer le pays. Même au péril de leur vie s’il le faut.
Laza Marovola