Voyage présidentiel à Londres et Bruxelles – 774 millions d’ariary pour signer des dons !
Dans moins de 10 jours, une délégation présidentielle composée de 14 membres s’envolera pour Londres et Bruxelles. Et ce, pour signer un document portant sur l’octroi de 518 millions d’euros de dons entrant dans le cadre du 11ème Fed pour la période de 2014 – 2020. Coût du déplacement : 774 millions d’ariary ou 3,8 milliards de fmg !
Puisqu’il s’agit de don – et non de prêt – et que cette programmation devra se baser sur un document de stratégie et sur un programme indicatif national (Pin), beaucoup estiment qu’on aurait bien pu signer l’accord dans le pays même. C’est tout à fait justifié puisque Madagascar figure parmi les 5 pays les plus pauvres de la planète et s’offrir de telle balade pour juste parapher quelques pages et apposer une signature, coûte trop cher aux contribuables. D’ailleurs, ce sont les institutions européennes qui l’ont préparé sur la base d’autres programmes pluriannuels élaborés et seuls, trois secteurs prioritaires feront l’objet d’intervention. Cet exercice de programmation a été officiellement lancé lors de la mission du Commissaire au développement, Andris Piebalgs en juin 2014, et s’est fait en coordination étroite avec les autorités, la société civile, les acteurs économiques, et bien sûr les 28 Etats membres de l’Union européenne ainsi que les autres partenaires techniques et financiers (Ptf). Puis au mois d’avril dernier, un atelier d’échanges sur la version provisoire du Programme indicatif national 11ème Fed s’est déroulé à l’Hôtel Carlton. En un mot, ce sont la commission et le Service européen pour l’action extérieure (Seae) qui décident de tout et les Malgaches ne pouvaient qu’émettre des souhaits et désidératas.
Emplettes
Et puisqu’au moins à deux reprises, la délégation de l’Union européenne était arrivée dans nos murs et que la partie malgache peut aussi évoquer un cas de force majeure – la pauvreté extrême de la population –, il est ainsi normal que la cérémonie de signatures se déroule dans le pays bénéficiaire de la donation. Cela évitera la dépense inutile d’une faramineuse somme de 774 millions d’ariary qui pourrait nourrir les victimes de la faim et de la malnutrition du sud de la Grande île, et ce, jusqu’à la fin de l’année, tout en permettant, en même temps, d’envoyer de la pluie artificielle pour cette région durement touchée par la sécheresse. A coup sûr, les habitants de la Capitale et des autres régions de Madagascar n’en seraient pas jaloux de cette bonne initiative et préféreraient rester dans le noir – à cause du délestage ou de la panne technique -, tellement, ils y sont habitués depuis 22 mois maintenant. Certes, la tentation de faire des emplettes est grande, à la veille des festivités de la Nativité et de fin d’année, mais reporter le shopping pour d’autres occasions bénies par le peuple malgache serait faire preuve d’… amour pour sa Patrie. Le plus excellent exemple serait lorsque le président de la République aurait décidé d’aller revendiquer les îles éparses aux autorités françaises, et dans ce cas, on peut être sûr que les prix affichés dans les magasins parisiens vont connaître un sérieux coup de massue ! Et dans ce cas, Hery Rajaonarimampianina peut faire d’une pierre plusieurs coups : avoir fait de bons achats – ce qui plairait sûrement à certaines personnes de son entourage- , puis être accueilli comme un héros – tel ce fut le cas avec un certain Didier Ratsiraka en 1973 – et qui sait, le régime peut remplir aisément le stade de Mahamasina le 26 juin prochain, et cela, sans faire appel à de pauvres élèves des collèges et lycées des environs de la Capitale. Bref, comme on dit, c’est tout bénef !
J.L.R