Ils étaient invités mais n’ont pas daigné y répondre et évidemment, ils n’ont envoyé ni de représentants, ni de mots d’excuse. C’est au-dessus de leur force.  Et après l’interdiction de la procession d’une centaine de mètres, il y a quelques mois, voilà une autre manière peu « diplomatique »  de faire comprendre que le froid est installé pour durer.

Hier au Collège Saint-Michel d’Amparibe, l’Eglise Catholique Romaine a clôturé la célébration des 95 ans du « Fikambanan’ny Oekaristikan’ny Tanora »  (Fet)  et des 150 ans du « Aina sy Famonjena ary Fitiavana » (Afafi)  à Madagascar. Dans le monde entier dont la population est composée à un peu moins de 20%, soit 1,4 milliard d’individus, on fêtait aussi les 100 ans de la première du Fet et les 170 ans de l’Apostolat de la prière, mouvement catholique appelé « Afafi » pour la Grande île. Pour ces jubilés, une grande messe a été organisée d’autant que la clôture coïncide en même temps avec la fin de la conférence des Evêques. Ces derniers étaient donc au grand complet et bien sûr, l’Eglise Catholique n’a pas manqué d’inviter les autorités dont entre autres, le Premier ministre Jean Ravelonarivo, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation Olivier Mahafaly, le ministre de l’Energie Horace Gatien, ou encore le ministre de l’Agriculture Roland Ravatomanga. Bref, de belles représentations, non seulement du régime mais aussi du parti au pouvoir, le Hvm et de l’autre parti ami, le Tim. Selon une source, les invitations ont été lancées dans un laps de temps assez long pour que ces barons du régime puissent prendre leur disposition : l’accepter en promettant de venir ou la décliner pour envoyer par la suite le représentant en évoquant une quelconque raison, ou encore se défiler en s’excusant auprès du principal concerné, c’est-à-dire l’Archevêque d’Antananarivo. Cette dernière pirouette est pratiquée par de très nombreuses personnalités, et d’ailleurs, le numéro de téléphone fixe de l’Archevêché à Andohalo se trouve dans l’annuaire. Mais on peut aussi appeler directement le téléphone mobile de Mgr Odon Razanakolona.

De toutes ces multitudes de possibilités, les barons de ce régime n’en ont pris aucune et ont préféré tout simplement se mettre aux abonnés absents. Selon les observateurs politiques, ces derniers ont estimé qu’une résolution issue de la Conférence des Evêques sera prise et lue à la fin de la messe, et pour ne pas essuyer la honte en public, on a opté pour la stratégie de … raser les murs et de faire le sourd-muet.

Unique résolution

Quitte à faire de plates excuses plus tard, où on pourrait même l’attester par un certificat médical. Mais beaucoup estiment que c’est loin d’être aussi simple puisque la relation entre l’Eglise Catholique de Madagascar et le régime de Hery Rajaonarimampianina est plus que tendue, notamment après le forcing du président de la République, du Hvm et du Tim lors des assises sur la réconciliation nationale d’Ivato qui s’est tenue au mois de mai dernier. Très mal appréciée par les Evêques de Madagascar, l’organisation de ces assises a pondu en réalité une seule et unique résolution : la remise en selle de Marc Ravalomanana.

L’autre gifle du pouvoir en place, et à l’endroit des Catholiques, venait justement du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation au début du mois de juin dernier. Il s’agit de l’interdiction de la procession relative à la célébration de la fête de l’Eucharistie, une procession allant de l’Ecar Saint-Joseph de Mahamasina pour aboutir, encore une fois, au Collège Saint-Michel d’Amparibe, soit en tout et pour tout, une centaine de mètres ! Tous n’ont pas compris le geste alors que la Commune urbaine d’Antananarivo et la Préfecture ont déjà donné un avis favorable. Et la venue du couple présidentiel à Fianarantsoa lors du JMJ, ainsi que la médiatisation à outrance sur les chaînes publiques – donc avec le feu vert du ministre de la Communication – ne seront pas suffisants pour laver ces affronts. Cependant, l’Eglise Catholique a toujours prôné le pardon, mais seulement, on a affaire à des tenants du pouvoir qui se prennent pour des … Dieux qui n’ont plus besoin d’aller à la messe.

J.L.R