La création et le lancement de Madagascar Airways des jumeaux Raobelina a marqué l’effectivité de l’Open Sky à Madagascar. Aujourd’hui, même avec un seul avion (sans certificat selon certains), cette nouvelle compagnie fait de l’ombre à Air Madagascar sur le réseau intérieur. Et la concurrence ne fait que commencer sur le réseau international avec l’arrivée de Turkish Airlines.

L’objectif des 300 000 touristes pour cette année 2015 ne sera plus atteint si on se réfère au nombre d’entrée des visiteurs jusqu’ici. Par ailleurs, les responsables étatiques l’ont déjà confirmé et se tourne même déjà vers l’avenir. Un million de touristes en 2020 dans la Grande île, c’est l’ambition du ministère du Tourisme qui doit donc trouver tous les moyens et subterfuges possibles pour, cette fois-ci, atteindre son but. Ce n’est donc pas avec Air Madagascar qu’il va pouvoir concrétiser ses plans dans la mesure où la compagnie nationale aérienne est bloquée dans l’annexe B de la commission européenne.

Par ailleurs, l’image de cette compagnie n’est pas au top avec les problèmes techniques et autres retards et on ne parle même pas encore des billets d’avion hors de prix. Toutefois, Air Madagascar reste la compagnie nationale de la Grande île et tout devrait être mis en œuvre pour sa survie. Mais les dirigeants ne le voient pas sous cet angle. Au contraire, pour empirer la situation de la compagnie, Turkish Airlines a été autorisée à desservir ses vols sur Madagascar à partir du 15 décembre prochain. C’est sur le site de l’Office national du tourisme de Madagascar, et la compagnie turque sera au départ de nombreuses villes européennes.

De Londres, de Bucarest ou encore de Sofia, la Turkish Airlines propose des billets aller-retour à partir de 517 euros, et ce jusqu’en mars 2016. La fin et le début d’année sont des périodes fastes pour le tourisme et on ne peut que se réjouir grâce aux revenus engendrés, mais il faut se rendre à l’évidence qu’Air Madagascar est sur la sellette. En comparaison, le billet aller-retour entre Marseille et Antananarivo se vend à partir de 1167 euros. Il n’y a pas photo. Ce sera toujours moins cher de voyager à bord de Turkish Airlines même s’il faut encore par exemple passer par Londres.

La relance de la compagnie au point mort

Après l’arrivée prometteuse de Gilles Filiatreault, nouveau directeur général d’Air Madagascar, les actions entrant dans le cadre de la stratégie de relance de la compagnie sont complètement invisibles. Mis à part la polémique sur une inévitable compression du personnel et les débats autour de la sortie d’Air Madagascar de l’annexe B, Gilles Filiatreault n’a pas encore concrètement commencé la bataille pour faire redécoller la compagnie. Mais certains ne peuvent pas attendre et profitent même de la situation actuelle pour sortir du lot, et pourquoi pas, pour remplacer la compagnie nationale. Bon nombre d’observateurs et d’experts sont d’avis que l’avenir d’Air Madagascar est déjà tout tracé et qu’elle se dirige inexorablement vers sa faillite et fermeture. Aujourd’hui, Air Madagascar n’est pas un canard bien dodu qu’on abat en plein vol, mais plutôt un canard malade aux ailes brisées qu’on fusille alors qu’il est en train de soigner ses plaies. En d’autres termes, certains ne veulent plus voir les avions de la compagnie nationale quitter le tarmac de l’aéroport d’Ivato ni d’aucun autre aéroport du pays et du monde. Et si les dirigeants avaient une réelle volonté politique de relancer la compagnie, il y a longtemps que cela aurait été fait.

Laza Marovola