Le Millenium challenge account (MCA) conduit par la Millenium challenge corporation (MCC) est un fonds de développement bilatéral annoncé par l’administration Bush en 2002 et créée en janvier 2004. Le MCA est un fonds destiné à accélérer la croissance en vue de réduire la pauvreté par le biais de la croissance économique. Depuis 2009, début de la période de Transition, Madagascar n’a plus bénéficié de ce fonds de développement et aujourd’hui, les conditions pour en être bénéficiaire sont très drastiques. Le docteur Shannon Smith, vice-secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires africaines a clairement souligné que des efforts restent à fournir pour figurer dans la liste des pays bénéficiaires. A la base, il faut déjà savoir que la MCC se base sur la performance des pays dans trois domaines dont la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques, la création d’un environnement favorable à l’initiative privée et l’engagement de l’Etat à faire des investissements conséquents dans le secteur social. Déjà sur ces trois points, le régime Rajaonarimampianina aura du mal à se mettre en valeur. Pour cause, la mauvaise gouvernance lui a été souvent reprochée, les initiatives des privées sont rares à cause des différentes dispositions sur la taxe et le volet social qui a été complètement délaissé. Mais le docteur Shannon Smith a rajouté quelques points essentiels en mentionnant la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’homme, la lutte contre le trafic des ressources naturelles et les réformes plus que nécessaires au niveau juridique. En tout point, le régime Rajaonarimampianina et le gouvernement Ravelonarivo ne rapportent que des zéros pointés, raison pour laquelle Madagascar ne bénéficiera pas à partir de cette année du MCA.

Les Américains veulent achever le régime

Les propos et remarques du docteur Shannon Smith sont clairs. Les tenants actuels du pouvoir doivent convaincre et passer l’examen de la Millenium challenge corporation avec brio. Même si le locataire d’Iavoloha a peut être réussi à soigner son image auprès des occidentaux, il faut croire aujourd’hui que rien n’est encore acquis. Quand le dossier Madagascar sera recalé par la MCC et que le MCA ne sera donc pas encore effectif, les institutions de Bretton Woods agiront également de la même manière et la pompe à dollars restera fermée. Pour cause, le dossier Madagascar grouille d’irrégularités et de magouilles. Par rapport aux points énoncés sur lesquels les dirigeants doivent encore fournir de l’effort, il suffit de remettre le dossier concernant l’affaire Bekasy au goût du jour. Bekasy John Frince est un opérateur économique accusé de corruption et de blanchiment d’argent en lien avec du trafic de bois de rose. Il a fait l’objet d’une arrestation justifiée par le dossier en béton entre les mains des responsables du bureau anti corruption. Il a échappé une première à un mandat de dépôt, a été placé sous mandât de dépôt quelques temps après, ensuite il a bénéficié d’une liberté provisoire sous intervention d’un membre influent du cabinet de la présidence de la République et d’un billet en première classe pour quitter le pays. Cette affaire met en évidence le stade avancé du cancer de la corruption dans les couloirs de la haute sphère politique. Aujourd’hui, les Américains voudraient nous lancer un avertissement quant à l’obtention du MCA, mais compte tenu du fait que les dirigeants auront beaucoup de mal à se faire valoir, on peut juste croire que les Américains veulent plutôt achever le régime Rajaonarimampianina.

Laza Marovola