Accord de la CITES sur la vente de bois de rose saisis – Vers la facilitation des trafics
C’est ce que le nouveau Premier ministre et le gouvernement attendait sûrement avec impatience depuis leur prise de fonction au mois de janvier dernier, sinon il n’aurait pas organisé un conseil au palais de Mahazoarivo, lundi dernier. La réunion en vaut la chandelle parce qu’au titre du gouvernement : le projet de décret portant gestion et sécurisation des stocks de bois de rose et de bois d’ébène sur le territoire de Madagascar et à l’extérieur a été adopté. Le communiqué de presse indique l’accord de la Cites pour la vente de ces bois saisis ou dans les sites sécurisés. Même si on nous fait croire que le produit de la vente sera versé en totalité au profit du budget de l’Etat, il ne faut pas se voiler la face dans la mesure où ces quelques lignes du conseil de gouvernement annoncent le début d’une vente massive légale des bois précieux issus des trafics illégaux. C’est une opportunité que beaucoup voudront saisir d’autant plus que maintenant que les voix légales sont disponibles, ce sera plus facile pour certains d’exporter illégalement le bois de rose. Cela concerne des personnes très haut placées tout comme des opérateurs économiques évoluant dans ce milieu depuis des années. Prochainement, ne soyons pas étonnés de voir ou d’entendre que plusieurs milliers de rondins de bois de rose et de bois d’ébène sortent des quais du port de Toamasina sous les yeux de tout le monde.
La population attend de voir les retombées
La vente des bois de rose et de bois d’ébène saisis est une bonne chose si les revenus profiteront véritablement au budget de l’Etat. De plus, alors que le régime actuel peine à trouver des financements, cette vente spéciale qui serait autorisée par la Cites est une véritable manne tombant du ciel. La vente ne rapportera certainement pas des milliards de dollars mais les quelques millions qui pourront en être tirés sont très importants sauf si on n’en sert pas correctement. Les dirigeants n’ont plus beaucoup de temps pour réfléchir aux besoins et attentes de la population parce que cette vente se fera dès que le quota d’exportation zéro pour le genre Disospyros (ébène) et Dalbergia expirera le 15 janvier 2016 prochain. La corruption ne sera jamais bien loin et il faut même se rendre à l’évidence qu’elle va gagner du terrain. Maintenant que le business des bois précieux de Madagascar saisis a été autorisé par la Cites, la corruption sera partout dans la mesure où leur vente et leur exportation se feront par voix d’appel d’offres. Les propriétaires de tous les rondins de bois saisis, donc les gros bonnets jamais inquiétés seront à pied d’œuvre pour écouler le maximum de stock. Il leur suffira de payer la bonne personne pour qu’un appel d’offre fictif sur une dizaine de tonnes de bois de rose soit exposé à la vente légalement. Ensuite l’acheteur, au courant du subterfuge, n’aura plus qu’à répondre à cet appel fictif par le biais d’une société fictive. Les retombées économiques de la vente de bois précieux peuvent être conséquentes mais à qui vont-elles réellement profiter ?
Laza Marovola