Chèque-carburant – Les députés réclament le départ du ministre des finances !
Les parlementaires sont touchés de plein fouet par le refus des Ccal qui pour les compagnies pétrolières ne sont que du « vola baoritra ». C’est fini ainsi les tournées communales et pour rejoindre Tsimbazaza, les députés deviennent comme tout le monde en prenant le taxi-brousse et le taxibe ! D’où la revendication de la démission de Gervais Rakotoarimanana.
« Qu’il range ses affaires tout de suite s’il n’est pas capable de résoudre ce problème », a déclaré un député sur les ondes d’une station de radio, et bien sûr, l’injonction s’adresse au ministre des Finances et du budget. Apparemment, les parlementaires de la Chambre basse sont très remontés contre Gervais Rakotoarimanana puisqu’aucun déplacement n’est plus possible pour les premiers, ni à l’intérieur de la ville d’Antananarivo où siège le Palais de Tsimbazaza, ni au niveau national et pire, ni dans leurs circonscriptions respectives pour la simple raison que les pompistes de presque la totalité des stations de service refusent le sésame appelé communément « Ccal » ! Pour pouvoir bouger, les députés sont obligés de sortir de leur poche de quoi payer le carburant et évidemment, cela nuit gravement à la santé financière de nos avides parlementaires.
Actuellement, seule une compagnie pétrolière accepte encore les Ccal des institutions étatiques puisque les arriérées s’élèvent jusqu’à des dizaines de milliards d’ariary. Chaque station-service de la Capitale a, auparavant, encaissé des chèque-carburant d’une valeur totale de 2,3 millions d’ariary, soit 12 millions d’ariary par semaine et facilement, les arriérés sont montés à plusieurs milliards d’ariary, d’autant que la consommation n’a cessé d’augmenter pour la simple raison que les hautes personnalités du régime deviennent de plus en plus gourmandes.
200 autres sociétés
Trois compagnies pétrolières ont ainsi pris la décision de fermer le robinet, plus précisément les pompes, et réclament d’abord un paiement dans les meilleurs délais avant d’entamer toute négociation, l’option prise par le ministère des Finances.
Justement de ce côté, le Trésor Public gère de manière tatillonne et voit rouge partout, et ce, au nom de la bonne gouvernance, alors que les chèques-carburant proviennent de la même institution. On soupçonne fortement un échange massif contre de la liquidité, ce qui est une suite logique de l’indisponibilité du budget nécessaire au fonctionnement de l’administration publique. Les chefs de service, les directeurs, les directeurs généraux, les secrétaires généraux, les députés, et même des ministres, se voient obligés de financer leurs activités par l’intermédiaire des « Ccal » et il arrive même que, pour faire bonne figure auprès des dirigeants et de la population, les médias sont payés avec cette nouvelle …
« monnaie nationale ».
Pour les finances publiques, la situation n’est pas près de s’améliorer car s’ajoutent aux 20 milliards impayés auprès des compagnies pétrolières, des factures de plus de 200 sociétés allant de 1 milliard à 10 milliards d’ariary et dont les travaux y afférents sont terminés et ont déjà été réceptionnés techniquement. Beaucoup redoutent que l’Etat soit réellement incapable d’honorer ses engagements, et dans ce cas, des milliers de personnes vont rejoindre les prisons puisqu’à coup sûr, leurs fournisseurs ne vont pas attendre indéfiniment et rester les bras croisés.
En somme, la fin de l’actuel exercice s’annonce amère et l’année 2016 plus maussade, d’où, de la part des députés, l’exigence de démission du premier fusible : le ministre Gervais Rakotoarimanana.
J.L.R