Si les dernières élections communales et sénatoriales du 31 juillet ont été truffées d’irrégularités et entachées de fraudes et manipulations frauduleuses en tout genre, le prochain scrutin entrant dans le cadre de la mise en place du Sénat n’est pas totalement hors de danger. Tout d’abord, il faut déjà reconnaître que la nouvelle Commission électorale ne sera jamais vraiment indépendante tout simplement parce qu’elle est juge et parti. En effet, chaque institution qui y est représentée voudra forcément, à un moment donné, faire pression sur son représentant pour faire pencher la balance. En règle générale, on a toujours tendance à pointer du doigt les dirigeants en place à cause de leur désir infini de pouvoir. C’est encore le cas aujourd’hui : le Hvm, même assuré d’obtenir la majorité au Sénat souhaite mettre toutes les chances de son côté pour essayer d’aboutir à la dictature du plus grand nombre. C’est ce que le parti Malagasy Miara Miainga de Hajo Andrianainarivelo a tenté de dénoncer. Selon Laurent Ramarosaona, un des leaders du parti, le parti d’Etat envoie déjà aujourd’hui des émissaires pour mettre la pression et forcer les nouveaux maires élus dans les communes rurales de voter pour les candidats du Hvm le 29 décembre prochain. S’ils acceptent, ils recevront des véhicules 4×4 mais dans le cas contraire, les financements de ces communes seront tout simplement bloqués.

Troubles à prévoir

Voilà maintenant près de 2 ans que Madagascar est dirigé par un président de la République élu en la personne de Hery Rajaonarimampianina. Au début, tout le monde croyait que la situation dans le pays allait s’améliorer, mais le bateau est  aujourd’hui en train de couler. Le taux de pauvreté a atteint 95%, la croissance économique n’est que de 3,2%, la corruption est à son comble et les dirigeants continuent de grossir à vue d’œil. Ces résultats ne sont pas étonnants dans la mesure où le principe de redevabilité et l’intérêt général de la population passent après les intérêts particuliers des tenants du pouvoir. Ce sont ces intérêts particuliers qui dictent généralement le déroulement et les résultats d’une élection en vue de contrôler au maximum l’échiquier politique. Les élections sont le meilleur moyen de placer tous ces pions aux postes stratégiques mais la population l’a déjà compris. C’est la raison pour laquelle le taux d’abstention enregistré dernièrement a été de 70%. Cette fois, même si les élections sénatoriales sont réservées aux seuls grands électeurs, la population est toujours aux aguets et attend le régime au tournant. Pour cause, les sénatoriales de décembre prochain risquent tout simplement de ne plus être tolérées.

Laza Marovola