Expert en mauvaise gouvernance
La Quatrième République de Madagascar existe maintenant depuis près de deux ans. L’élection et l’investiture du nouveau président de la République ont marqué la rupture officielle avec la période de Transition. Aujourd’hui, à ce qu’il paraît, on est sous un régime démocratique, dans un Etat de droit, la bonne gouvernance est le mot d’ordre tout comme la culture de l’impunité et la fameuse politique de Tolérance Zéro. Les tenants du pouvoir paradent pour signer un soi-disant engagement pour la lutte contre la corruption. En gros, on voudrait faire croire que tout se passe merveilleusement bien et que le ciel est bleu dans la Grande île. Mais bien que la météo soit très clémente ces derniers jours, la réalité qui prévaut à Madagascar défraye la chronique. 95% de la population sont pauvres, le taux de croissance économique est très faible avec 3,2% et le cancer de la corruption a infecté la majorité des dirigeants et autres détenteurs d’un quelconque pouvoir. La situation dans le pays empire de jour en jour et c’est tout simplement la faute à un régime lent à la détente. Conséquence : la réalité se résume à un cauchemar et un calvaire incessant pour la majorité de la population, qui n’a plus le droit de s’exprimer librement contre le régime en place. La souveraineté du peuple ne signifie plus rien pour le chef d’Etat actuel et ses acolytes qui ont volontairement ignoré le principe de redevabilité. On a longtemps véhiculé que les dirigeants actuels essayaient de mettre en place un régime dictatorial sans liberté ni respect des droits de l’homme et encore moins d’intérêt supérieur de la nation. Mais quitte à instaurer une dictature, que cela soit une dictature intelligente. A ce propos pourtant, le président de la République n’est pas assez intelligent pour faire la part des choses entre ses intérêts particuliers, sa fixation au pouvoir et les intérêts de la population. Etre à la tête d’un pays de plus de 23 millions d’habitants n’est pas chose facile mais il fallait s’y attendre. De ce fait, les élus sont obligés de mener à bien les affaires du pays et non d’essayer de gouverner un pays et c’est le gros problème du régime cravaté en bleu. Dans tous les domaines, les dirigeants agissent sans réfléchir et sans plan de bataille concret. C’est comme s’ils étaient en train de faire du gribouillage sur un brouillon. Les représentants de la conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement ont même déjà pointé du doigt les responsables étatiques d’être des adeptes de la mauvaise gouvernance. Si l’adage souligne que gouverner c’est prévoir, il semble vraisemblablement que ceux qui gouvernent actuellement la Grande île n’ont rien prévu du tout. La bande de rotariens actuellement au pouvoir n’ont certainement pas prévu que la pompe à dollars fonctionnerait toujours au compte-gouttes près de deux ans après l’investiture du nouveau président de la République. Cette même bande de rotariens n’a pas non plus pensé à ce que « les caisses de l’Etat » s’assèchent en un temps record. Aujourd’hui, il est clair que l’équipe mise en place par le locataire d’Iavoloha tâtonne encore, patauge littéralement dans la boue, est au point mort dans les sables mouvants qui finiront par l’avaler si elle continue à faire du sur place. La majorité des observateurs et des analystes politiques s’accordent aujourd’hui à souligner que même si le régime actuel a déjà duré plus que prévu, la fin continue inexorablement de se rapprocher. Délestage, vérité des prix, insécurité, élections sénatoriales, îles Eparses, querelles politiques, les raisons valables pour une explosion sociale réussie sont toutes déjà réunies et les dirigeants ne semblent même pas s’en occuper et s’en préoccuper. Le pays est fortement miné par une instabilité politique grandissante ne garantissant ni un climat d’apaisement ni le développement d’un pays. Si les dirigeants actuels pensent à rester au pouvoir jusqu’en 2023, ils se précipiteraient à combler tous les besoins prioritaires de la population et à améliorer son quotidien mais ce n’est pas le cas. Quand on est expert en mauvaise gouvernance, on veut rester président le plus longtemps possible en restant les bras croisés et en se remplissant les poches.
Laza Marovola