Démolition du siège du Fisemare – Coup fatal contre le droit syndical
Hier, le Fivondronan’ny Sendikà Malagasy Revolosionera a littéralement et définitivement perdu son siège à Ankadifotsy Befelatanana aux dépens du dénommé Georges Rafidison, réputé pour ses pièces autos d’occasion. L’affaire remonte en 1996, année à laquelle la Commune Urbaine d’Antananarivo a donné le terrain à Ankadifotsy au Fisemare. En 1999, le président du conseil municipal de l’époque a offert le même terrain à Rafidison. A cette époque, s’il a fallu un milliard au Fisemare pour ériger un immeuble de 2 étages en béton, il a juste fallu une demi-journée à l’équipe de Rafidison pour détruire les lieux. Un trait a été très vite tiré sur cette affaire lorsqu’elle a réellement refait surface depuis 2014. En effet, le Fisemare a reçu un avis d’expulsion pour laisser le champ libre à la démolition et à l’ouverture des lieux. La suspension d’exécution qu’il avait gagnée à la Cour d’Appel n’a même pas pu tout arrêter. Aux premières lueurs du jour jusqu’au début de l’après midi, sous l’œil de Rafidison et de son huissier, le quartier a été quadrillé par plusieurs gros bras et des forces de l’ordre du commissariat central pendant que des dockers faisaient littéralement le ménage au siège du Fisemare. Lalao Rasoamananoro, secrétaire du Fisemare a vite fait de souligner que cette démolition ne respecte pas la loi. A partir d’aujourd’hui, tous les employés membres d’un syndicat n’auront plus d’endroit pour se réunir et débattre du statut des travailleurs. C’est un coup fatal porté à tous les syndicats malgaches mais surtout au droit syndical.
Corruption en haut lieu
Tout au long de cette affaire opposant le Fisemare et le dénommé Georges Rafidison, il y a lieu de souligner que l’Etat n’a jamais pris les mesures adéquates pour protéger les droits syndicaux. Lors de la grève d’Air Madagascar ou de la Jirama, les responsables étatiques ne se sont jamais mis derrière les leaders syndicaux tels que Rado Rabarilala ou Oliva Andriamanalina. Résultat : le premier n’a pas encore été réintégré au sein de la compagnie nationale aérienne, le second a été placé sous mandat de dépôt puis libéré sous la pression avec plus de 10 mois d’emprisonnement avec sursis. Aujourd’hui, c’est le Fisemare qui se retrouve littéralement à la rue suite à une affaire empreinte d’acte de corruption à plusieurs niveaux. Après une longue bataille juridique, Rafidison a obtenu gain de cause mais le Fisemare a obtenu une suspension d’exécution du premier président de la Cour d’Appel le 26 août dernier. Le pourvoi en cassation de Rafidison a été enregistré le 21 septembre, lequel a été communiqué au Fisemare le lendemain. Avant même d’avoir pu préparer un quelconque mémoire de défense, la Cour Suprême a sorti son verdict dès le 23 septembre dernier. L’affaire a été réglée en deux temps, trois mouvements. Ni les responsables au sein du ministère de la Justice ni ceux de la Mairie n’ont voulu recevoir le Fisemare pour essayer de trouver un meilleur dénouement à cette affaire. Aujourd’hui le mal est fait et on ne peut que penser que la précipitation de la Cour Suprême à statuer sur l’affaire en se penchant vers le dénommé Rafidison a été motivé par des intérêts particuliers.
Laza Marovola