Etranger devant la justice – Verdict toujours contesté
« Depuis qu’il est incarcéré dans une prison malgache, la famille de Philippe Veyrier se fait beaucoup de soucis. Cet Isérois de 55 ans a été condamné en juin 2011 à deux ans de prison pour une sombre affaire de proxénétisme à laquelle il se dit étranger. Il dénonce, par l’intermédiaire de ses proches, « un procès inéquitable dans la mesure où toute la procédure s’est faite en malgache, et où il ne parvient toujours pas, près de deux ans après, à avoir une version traduite de ce qui lui est reproché ». Cet extrait d’un article publié par le site d’information « ledauphine.com » illustre bien l’image de la justice malgache à l’étranger. Rares sont les familles des condamnés étrangers à Madagascar qui respectent le verdict des tribunaux malgaches.
Pourtant, une affaire comme celle qui implique Philippe Veyrier n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, la presse a relaté des faits similaires. Certains étrangers profitent en effet de leurs hauts niveaux de revenus pour commettre des actes répréhensibles. Avec l’accroissement de la pauvreté, certaines localités sont devenues de véritables destinations sexuelles pour touristes en mal de sensation forte. Un moment, on a même classé des villes très touristiques comme Nosy-Be comme étant l’une des dix destinations sexuelles dans le monde. Certains proxénètes d’origine étrangère échappent parfois à la justice quand d’autres se font condamner. Mais même dans le cas de ces derniers, il est rare que leurs familles n’interviennent pas notamment à travers la presse de leur pays pour dénoncer l’iniquité de la justice malgache. Par contre, il est très rare que les Malgaches dénoncent un verdict prononcé par un tribunal étranger contre un compatriote comme c’est le cas de cette « sombre affaire » de couple échangiste dans les Pyrénées Orientales.
Victimes oubliées
Par ailleurs, quand il ne s’agit pas de dénoncer le déroulement de la procédure ayant abouti à la condamnation des étrangers, les familles de condamnés ne manquent pas toujours de fustiger les conditions carcérales dans la Grande Ile. Dans le cas de Philippe Veyrier, la famille a annoncé qu’elle a dépensé la somme de 20.000 euros depuis son incarcération en frais de justice et pour entretenir le condamné. « Là-bas, à part de la bouillie de manioc, les détenus n’ont rien. On paie 380 euros par mois pour que quelqu’un lui apporte de quoi manger. Idem pour les médicaments et Philippe est malade. Nous sommes très inquiets pour sa vie », a-t-elle encore déclaré. D’ailleurs, elle n’a pas manqué de dénoncer l’attitude des autorités consulaires françaises qui n’auraient pas suffisamment soutenu le condamné.
De telles attitudes sont également courantes. Quand un étranger se fait incarcérer, on pointe du doigt les conditions de détention. L’objectif serait de faciliter son transfert vers son pays d’origine notamment quand entre celui-ci et Madagascar existe une coopération judiciaire. Or, il est rare qu’un Malgache condamné ailleurs soit autorisé à purger sa peine dans son pays d’origine. Et d’une manière générale, dans ce genre d’affaire, la famille des condamnés oublie les victimes innocentes des méfaits de leurs parents.
L. Denis Alexandre