Depuis que le nouveau président de la République de Madagascar a été élu par la voie des urnes il y a presque deux ans, le robinet des aides budgétaires n’a jamais été rouvert à fond par les bailleurs de fonds même si cela doit être logiquement le cas. La semaine dernière, un infime changement a toutefois pu être constaté dans la mesure où le Fonds monétaire international a accordé à Madagascar un peu plus de 40 millions de dollars au titre de la Facilité de crédit rapide. Mais il faut être réaliste dans la mesure où ce prêt ne signifie strictement rien puisque la relation de la Grande île avec les bailleurs de fonds n’est toujours pas au beau fixe. Au contraire, les investisseurs, toujours réticents à cause de l’instabilité politique, sociale et économique, et ceux qui se vantent de nous aider sont tout simplement obligés de le faire. A vrai dire, ces institutions doivent prêter de l’argent pour pouvoir fonctionner grâce aux intérêts des prêts que des générations de pauvres malagasy seront obligés de rembourser. A l’heure actuelle, le monde ne peut plus fonctionner que de cette manière et nous n’y pouvons rien si ce n’est d’utiliser l’argent à bon escient.

Cependant, il faudrait déjà que l’argent soit là et que les dirigeants sachent attirer les investisseurs. Mais après presque deux ans de règne, le régime bleu martial n’a pas su prendre ses marques et gagner la reconnaissance nationale. Résultat : le pays est constamment secoué par des dizaines de revendications, qu’elles soient populaires ou même syndicalistes. Paroles en l’air, promesses non tenues, violation répétée de la Constitution, non respect de la démocratie, manque total et flagrant de transparence, gabegie, dépenses inutiles, irresponsabilité avérée, absence du sens des priorités sont entre autres les raisons qui motivent la masse à se dresser contre le régime en place. Depuis que le soldat Hery Vaovao est aux commandes, le calme n’a jamais pu être constaté même pendant une seule journée et la situation empire même au jour le jour. Au départ, tout le monde croyait que le président actuel de la Quatrième République de Madagascar ne va pas faire long feu mais cela fera bien presque deux ans qu’il s’accroche au pouvoir comme le ferait une sangsue. Cependant, il ne faut pas croire que la population s’est résignée. Si le numéro un actuel est toujours en place, c’est parce que les Malagasy sont réputés pour être patients et sages. Il ne faut pas oublier que Madagascar est surnommé le pays du « mora mora »…qui parvient toujours à ses fins. Par ailleurs, il faut reconnaître que ce n’est pas facile de déloger un président de la République par la force étant donné que cela aura un impact conséquent sur la vie de la nation qui risque donc de replonger dans la crise. Evidemment, une crise achèverait définitivement la Grande île vu qu’aujourd’hui, 95% de la population sont pauvres, le coût de la vie ne cesse de grimper, le pouvoir d’achat ne fait que baisser.

La situation dans le pays le plus pauvre du monde et le plus corrompu d’Afrique est loin d’être souhaitable mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas une fatalité. En effet, les dirigeants peuvent changer la donne en prenant les bonnes décisions et en agissant concrètement dans l’intérêt supérieur de la nation et de la population. A vrai dire, les tenants du pouvoir n’ont qu’à répondre aux attentes et besoins de la majorité pour calmer les ardeurs et pour s’assurer de rester en place sans trembler. En d’autres termes, le pays a grandement besoin de vrais leaders et de vrais hommes d’Etat qui, même s’ils pensent à leurs intérêts particuliers, n’oublient pas de donner à la population. Mais c’est là le grand problème parce qu’en arrivant au pouvoir, les dirigeants ne pensent plus qu’à en profiter pour se remplir les poches quitte à embobiner la population et embrouiller les esprits avec des discours sans consistance. La gestion d’un pays n’est certes pas chose aisée, mais les dirigeants actuels ont prouvé à maintes reprises qu’ils n’ont pas les capacités ni les compétences pour le faire.

Laza Marovola