Le lait contient la plupart des éléments nécessaires au développement et au maintien des fonctions de l’organisme. Aliment complet, la consommation du lait par habitant reste faible car elle n’atteint que 5kg par habitant par an pour la Grande île. La filière a été frappée de plein fouet lors de la crise de 2009. Elle commence maintenant à se restructurer. Cependant, l’insuffisance ou même l’absence de l’Etat la pénalise. Une nouvelle chute est à craindre. En effet, certaines personnes n’hésitent pas à y ajouter des additifs « non consommables » comme l’urine, chaux grasse, formol, bicarbonate,  …Le commerce et la protection des consommateurs figurent parmi les rôles principaux du ministère du Commerce. Le ministère a failli à ses rôles. La présence d’urine dans le lait n’est qu’un cas parmi d’autres. D’autres produits contiennent aussi des éléments dangereux pour la santé si l’on ne cite que  le pesticide comme le Nuvan (produit cancérigène interdit ailleurs mais autorisé à Madagascar) ou autres  dans les poissons séchés, ou la présence du dithane (produit aussi cancérigène) sur la tomate, …Avec l’incapacité de l’Etat à assurer son rôle, le peuple consomme sans le savoir, des poisons.

« Du lait ou produits dérivés sur le marché ne respecte pas les normes y afférentes. La filière qui est en train de s’organiser nécessite plus de contrôle, d’appui de l’Etat » a expliqué Mira Rakotondrandria, directeur exécutif de Malagasy Dairy Board. « A titre d’exemple, la mise en bouteille plastique du lait frais, les étalant sous le soleil ne sont pas du tout dans les normes » rajoute notre interlocutrice.

Constitué à près de 90 % d’eau, le lait est un liquide extrêmement riche qui contient la plupart des nutriments nécessaires à tous les âges de la vie : l’eau nous hydrate, les protéines et les sels minéraux (calcium, phosphore…) construisent, les glucides et les lipides  fournissent de l’énergie, les vitamines nous protègent. La protection du consommateur est régit par des textes dans le pays, mais ces lois ne sont pas appliquées. D’après le décret  réglementant la production primaire de lait destiné à la consommation humaine, le transport du lait, quelle que soient la destination ou l’éloignement, doit être effectué dans des récipients appropriés n’altérant pas les caractéristiques physico- chimiques, organoleptiques et la valeur nutritive du lait. Selon l’article 40 : Le lait réfrigéré doit être transporté et livré sans délai pour éviter sa contamination et limiter au minimum le développement des micro-organismes. Dans le cas de transport de lait non refroidi par les éleveurs, directement vers les centres de collecte, la durée du transport ne doit pas dépasser deux (2) heures. Les citernes et les véhicules de transport doivent être maintenus en bon état de propreté, d’entretien et de marche. Il faut les nettoyer à fond et les désinfecter entre chaque chargement. Les matériels et équipements utilisés pour le transport du lait doivent être nettoyés et désinfectés après chaque livraison.

La réalité ne reflète même pas une petite partie de ces textes. La plupart du lait vendu sur la Capitale, vienne des villages à plus de deux heures de route d’Antananarivo si l’on ne cite qu’Antsirabe ou Faratsiho. Afin de conserver le produit et aussi d’augmenter leur volume, certaines personnes n’hésitent pas à ajouter des additifs. « La présence d’urine dans certains produits est confirmée. A part l’urine, d’autres utilisent aussi de formol, chaux grasse, …le bicarbonate est surtout utilisé par les fabricants de fromage » dixit le directeur exécutif de malagasy dairy board. La maladie causée par ces additifs n’est pas immédiate. Il est difficile de connaître à l’œil nu le lait qui contient des additifs. « A la cuisson, l’on peut sentir l’odeur d’urine » dixit Mira Rakotondrandria. « La couleur, l’odeur, le goût peuvent aussi être des indicateurs pour les consommateurs, même si ce n’est pas toujours évident de connaître un lait qui contient de l’additif » rajoute-t-elle.

Solution de facilité

La filière lait pourra cependant devenir un des piliers du développement même d’une ou plusieurs régions. La consommation nationale reste faible. La demande existe tant sur le marché local que régional. La plupart des industriels importe de la poudre de lait pour la fabrication d’yaourts  ou  autres produits transformés. « Il n’y a que Socolait qui utilise du lait frais. Cette société travaille avec les éleveurs » annonce le directeur exécutif de Mbd. Madagascar importe 30 millions de litre de poudre de lait par an. Le non-respect de la qualité et l’insuffisance de la quantité poussent les industriels à importer de la poudre de lait. « Ils cherchent aussi une solution de facilité car la poudre de lait ne nécessite pas beaucoup de logistique ou autre si l’on ne parle que du transport » explique Isabelle Droy, de l’Ird ou institut de recherche pour le développement.  A part le marché local, le débouché existe aussi sur les marchés régionaux comme la Coi, Comesa ou autres.

Madagascar a 9 millions de tête de bovines toutes races confondues dont 882 400 têtes femelles avec 20% de race laitière. La production nationale tourne autour de 1 million de litres par an.

« Les éleveurs font de gros efforts pour la filière. La preuve, après l’arrêt brutal de l’approvisionnement de Tiko, ils sont arrivés à démarrer la filière avec le développement des petites unités artisanales. Les lacunes se posent au niveau de l’Etat qui ne joue pas son rôle. La mise en place des infrastructures comme l’électricité, la route, appartiennent à l’Etat. L’appui tant au niveau technique que financement revient aussi à l’Etat mais aussi aux industriels» conclut Patrick Rasolofo, de l’institut international des sciences sociales à Madagascar.

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