On commence à en savoir un peu plus sur le projet de loi de finances initiale de l’année prochaine, même si de très nombreux observateurs aimeraient avoir tous les détails possibles, ne serait-ce que pour comprendre la direction et les orientations stratégiques que va prendre la Nation. Sous d’autres cieux, tous les secteurs d’activité sont non seulement mis aux parfums, associés à leur élaboration, ou tout au moins les avis émis sont pris en compte. Prenons l’exemple de la gestion de nos patrimoines forestiers par exemple puisque si les experts en gouvernance forestière, les Ongs œuvrant dans la protection de l’environnement, les ingénieurs forestiers, les communautés de base appelées « Vondron’olona ifotony » ainsi que les acteurs travaillant dans ce domaine, et sans parler des agriculteurs et éleveurs qui paient de plein fouet les erreurs budgétaires sont avisés du montant alloué à ce secteur, ils prendront les mesures nécessaires pour renforcer l’administration et la protection des forêts de Madagascar  et  vont adapter par conséquent leurs stratégies respectives. Le budget inscrit et y afférent n’est qu’une … infinitésimale partie de cette loi de finances mais son impact affecte toute une série de la vie de population, jusqu’aux volets insoupçonnés tels la prolifération des maladies respiratoires, l’arrivée des rats dans les foyers et par conséquent la propagation de la peste, ou encore l’inexistence de pâturage pour les bétails.

Ainsi, la plus belle part du morceau revient à la présidence de la République. Evidemment, diront certains, le « tompon’ny lakile » et les « tandapa » ne vont pas se gêner pour mettre sous leur coupe une importante ressource financière, à savoir plus de 100 milliards d’ariary ou plus 500 milliards fmg, dont beaucoup aimeraient, encore une fois, connaître son utilisation, outre bien sûr les indemnités qui s’élèvent à 16 milliards d’ariary. Déjà, on se demande comment pourrait-on faire pour atteindre cette somme astronomique et rien que pour les indemnités mais avant tout, les contribuables souhaitent savoir la définition de ce mot. En tout cas, le budget de la présidence de la République de l’année prochaine est le double de cette année en cours, selon la loi de finances initiale 2015, ou a connu une hausse de 34 milliards par rapport à la loi de finances rectificative 2015. Cette dernière augmentation représente le budget annuel de la Capitale de Madagascar cette année, et comme on le sait, sert en très grande partie au budget de fonctionnement. Si on veut parler ainsi de vrai développement, ces 34 milliards d’ariary de plus pour cette année devraient octroyer à la Ville d’Antananarivo pour son budget d’investissement. Quoi de plus normal puisque la Capitale reste la vitrine par excellence de la marche en avant d’un pays. Et par rapport au montant inscrit dans la loi de finances initiale pour 2015, ce budget de la présidence de la République a connu une hausse d’un peu moins de 20 milliards d’ariary dans la loi de finances rectificative de la même année, soit une hausse de 40%. Si on prend cette dernière référence pour l’année prochaine, et ce, pour faire un raisonnement plus court, la présidence de la République pourra finalement jouir d’un budget de 150 milliards d’ariary dans la prochaine loi de finances rectificative de 2016. Au minimum ! Avec l’événement majeur de l’accueil du sommet de la francophonie, il n’y aura presque plus de limite et tout serait permis. Et l’écart est tout simplement phénoménal si on jette un œil sur le budget de 2014, à savoir d’un montant de 35,9 milliards d’ariary.
La question qui revient sans cesse à l’esprit du citoyen lambda, est, à coup sûr, l’utilisation de ces sommes. Si beaucoup parlent d’aucune réalisation des promesses présidentielles, et c’est bien le cas de le dire, le président de la République a par contre brillé par ses perpétuels voyages  à l’étranger, ressemblant étrangement à une « world tour » et il n’y a pas un mois où Hery Rajaonarimampianina prend l’avion pour partir ailleurs alors que les résultats sont quasi-nuls. La signature des dons d’une valeur de 528 millions d’euros faite à Bruxelles au début de cette semaine ne résulte, en aucun cas, d’un quelconque lobbying réalisé lors de ce tour du monde puisque le fonds a déjà été réservé par l’Union européenne dans le cadre du 11^ème Fed.
D’un autre côté, les députés censés mettre le holà sur ce genre de dilapidation des deniers publics vont, encore une fois, valider pour cette loi de finances initiale d’autant que ces derniers ne peuvent plus faire de la résistance avec l’arrivée très prochaine de l’autre Chambre. Et si les parlementaires auront quelque chose à dire, ce sera plutôt sur le budget propre à l’Assemblée nationale où ils vont exiger un semblant de nivellement par le … haut !
Bref, le président de la République peut bien mener une vie de pacha et continuer à se pavaner partout dans le monde.

Jean Luc RAHAGA