Une fois sera coutume et pour la première fois, les agents de la Commune urbaine seraient privés de leurs primes de fin d’année ! Par contre, ces derniers seront « gâtés » par trois jours de manifestations culturelles concoctées par la Commission sociale, culture et loisirs du Conseil municipal mais dont ils seront la … cheville ouvrière. Et si jamais l’envie leur prend de voir ces fêtes, ils vont devoir payer de leur poche le ticket d’entrée. Après les affectations massives vers les arrondissements, puis le retard de plus de 3 jours – voire plus – du paiement du salaire de ce mois de novembre, voilà deux épreuves qui attendent le personnel de la Cua.

Pour ceux qui possèdent des comptes bancaires, leur salaire de ce mois de novembre n’a pas encore été versé jusqu’à hier midi si pour les bons de caisse, ils n’ont été disponibles qu’il y a deux jours. Pour le personnel de la Commune urbaine d’Antananarivo, le retard est conséquent puisque habituellement, les agents perçoivent le salaire vers le 20 ou 21 du mois en cours, d’autant qu’on n’est pas du tout en période de vache maigre, bien au contraire. Ce retard a aussi été constaté lors du paiement du salaire des Ecd et d’une manière plus conséquente, exactement de 10 jours !

Du coup, les doutes commencent à s’installer sérieusement, au niveau du personnel, sur la capacité réelle des dirigeants actuels à gérer la Capitale de Madagascar. D’abord, leur incompétence est flagrante puisqu’en quelques jours de pluie, les chaussées sont impraticables, plus de 100 sur les 200 kilomètres existants, selon les estimations de l’administration centrale, et les canaux d’évacuation d’eaux de pluie et d’eaux usées sont complètement bouchés. En tout cas, ce n’est pas une démonstration d’engin, même venu d’Allemagne, qui va résoudre  le problème dans les jours à venir. Durant ces deux mois où l’équipe actuelle est en place, rien n’a été initié et c’est plutôt la guéguerre interne et les provocations à l’endroit du personnel de la Cua et de la  population tananarivienne qui ont primé. Comme l’a spécifié un autre quotidien hier, on est vraiment très loin des promesses électorales de Lalao Ravalomanana et de son empressement à prendre les rênes de la ville des mille.

Question de priorités

Et que dire de cette énorme bourde qu’une commission au sein de l’organe délibérant tente de réaliser ? On sait que la commission sociale, culture et loisirs du Conseil municipal va organiser sur le Parvis de l’Hôtel de Ville des manifestations culturelles à entrée payante, les 21, 22 et 23 décembre prochains dont l’objectif est de faire connaître la Capitale. Les riverains d’Analakely demandent d’abord à l’équipe dirigeante actuelle d’enlever des artères du centre-ville les matières fécales déposées par les sans abris, d’envoyer ces derniers dans les sites d’accueil de la Cua qui se trouvent à Anosizato et à Fenoarivo, et de veiller à ce que l’Avenue de l’Indépendance et la rue Andrianampoinimerina restent propres et à l’abri de l’insécurité. Et puis, ce serait bien la première fois dans l’histoire des collectivités territoriales décentralisées et de tout Madagascar qu’un organe délibérant prend la place de l’Exécutif et se permet d’organiser des festivités au nom d’une institution. Mieux, beaucoup se demandent où rentreront les recettes obtenues – financières et/ou matérielles-, venant des sponsors et de la vente des tickets d’entrée puisqu’elles ne sont inscrites nulle part. A coup sûr, elles vont dans les poches des organisateurs et on ne sera pas étonné si au bout d’un mois d’exercice, un conseiller municipal s’offre la belle vie. Et il n’y a pas que lui !

Du coup, la population tananarivienne se pose la question des priorités  des nouveaux dirigeants de la ville et puisqu’on est bien capable de produire des dossiers de sponsoring pour convaincre les sociétés, pourquoi n’arrivera-t-on pas à élaborer des documents demandant du soutien pour les mille et une tâche titanesques qui attendent cette équipe, au lieu de s’apitoyer sur le fait que les caisses sont vides ?

Homme de confiance

D’ailleurs, elles ne le sont pas du tout puisqu’on sait qu’une manne de 800 millions d’ariary est bel et bien arrivée de la part de deux ministères mais actuellement, il n’en reste plus grand-chose. L’équipe de Lalao Ravalomanana a tenté de se justifier hier matin, et ce, par l’intermédiaire du secrétaire général, en organisant une conférence de presse mais ce dernier n’a en réalité fait que tourner autour du pot. Sur le sujet de la défection du directeur de cabinet de la maire, par exemple, le Sg a avancé une raison bien fumeuse : « On doit bien choisir les collaborateurs, c’est pourquoi il faut du temps et le poste de directeur de cabinet est très important. » En somme, les journalistes présents avaient l’impression que l’ancien Cr d’Atsinanana, donc Sg de la Capitale maintenant, s’adresse à des enfants ou s’il ne l’est pas lui-même. Effectivement, les observateurs n’ont jamais vu pareille situation puisque le « dircab » est la première personne à être nommée quand on accède à une telle fonction. C’est l’homme de confiance, le confident, qui maîtrise les aspects politiques et techniques à la fois de tout et qui s’occupe aussi dès fois d’exécuter les sales … boulots ! Et cette personne, on l’a ou on ne l’a pas. En tout cas, on ne le cherche pas. C’est dire à quel point cette équipe est … « fa tsy afaka », selon le jargon des jeunes d’aujourd’hui !

Pour en revenir au personnel de la Cua, on sait qu’il n’y aura plus question de prime pour la fin de cette année alors que la tradition fait que deux fois par an, avant le 26 juin et pour Noël, les agents en reçoivent et cela varie entre 50 à 100% du salaire. Certainement, on avancera une trésorerie vide. Mais on sait aussi que de son côté, le personnel de la Cua ne va se laisser faire facilement. Déjà avec le retard de paiement du salaire de ce mois de novembre, l’attente s’est transformée  en colère … sourde.

Luc Matthieu