Le droit ignore raccourci et extension
Il ne s’agit pas ici de rentrer dans les débats concernant un contentieux en cours d’instruction. Le juge d’instruction se charge sûrement d’instruire sur le fond. Il reste toutefois qu’un débat ou plutôt une polémique questionne sur la pertinence même du motif de la plainte et particulièrement sur le bien-fondé des poursuites suite à la plainte. Un membre du Conseil Supérieur de la Transition prend la défense du prévenu en induisant le public en erreur par un amalgame honteux. Un procédé utilisé avec mauvaise foi avec une arrière-pensée politicienne ? Une propension à recourir par habitude à des arguments populistes irraisonnés ? Ou simplement l’expression d’une incompétence crasse encrassée dans l’ignorance ? Un peu des trois, mon colon ! Un peu de sérieux quand-même lorsque l’on occupe des postes tellement en vue. C’est vilain de donner l’exemple d’une si mauvaise foi qui de plus pèche à manquer de finesse ! Ce n’est pas beau-beau non plus d’étaler au grand jour des bêtises, on a le droit de ne pas être très fute-fute même « sénateur » de son état, mais au moins on devrait avoir l’élégance de la boucler en terrain minée, la voix de stentor et le débit bien posé ne suffisent pas à habiller de sagesse des propos oiseux. « Zavatra tsy hay tsy ibitabitahana », dit-on en Malgache. Cependant il n’est même pas question de posséder un savoir particulier en l’espèce, une tête bien pensante aurait suffi à éviter de telles sornettes. Dans l’affaire dont il est question les poursuites ne retiennent aucunement comme motif le fait que le prévenu ait dénoncé le trafic de bois de rose, du reste on ne l’a pas attendu pour que le scandale éclate sur la place publique. La plainte s’articule autour du fait que la personne poursuivie a porté des accusations précises contre des personnes nommément citées, et c’est sur la base de ce motif qualifiée de « diffamation », délit prévu et sanctionné par le code pénal, que les personnes calomniées demandent réparation auprès d’une juridiction pénale. Que le « parlement » veuille constituer une commission d’enquête sur le trafic de bois de rose, il est plus que temps. L’opinion attend une telle initiative sans se faire d’illusion outre mesure, le public mesure la rapacité de quelques cupides à voir non un débat mais un marchandage et même un chantage pour négocier quelques avantages de plus à l’occasion de cette session budgétaire.
Léon Razafitrimo