Aussi loin qu’il s’en souvienne, Rakotomalala Andriniriana alias Barhone a toujours aimé faire rire. C’est le genre de personne qui à toujours tendance à nous flatter avec des plaisanteries à couper le souffle. Ses amis et ses proches disent même que Barhone possède en lui un caractère comique depuis son enfance, lui permettant de faire partie des jeunes amuseurs plus que prometteurs dans la Grande Ile. Depuis le temps qu’il ait rejoint le groupe des comédiens malgache, il a donné un coup de jeune à l’humour local. Une nouvelle vision de cette discipline qui a attiré de nouveau le public dans les filets de ce domaine, presque plus exploitable dans le pays. Certes, il est doué, mais il a fallu qu’il passe par beaucoup d’étapes avant d’embrasser une carrière humoristique. Etant donné qu’il est en préparation d’un grand projet en solo, il ne s’est pas gêné d’en parler à notre équipe. Interview !

Madagascar Matin : Comment êtes-vous devenu humoriste ?

Barhone : Depuis mon enfance, j’étais déjà un grand passionné de l’art en général. J’ai presque frôlé toutes les disciplines, mais j’ai été plus attiré par la musique. J’ai commencé  en tant que batteur dans un groupe pendant quelques temps. Etant donné que j’aime aussi la littérature, il fallait que je trouve de quoi assouvir ma soif, et comme une goutte de pluie, le théâtre et le Slam me sont tombés du ciel. J’ai alors rejoint la compagnie Miangaly en 2008, avec laquelle j’ai pu effectuer plusieurs tournées et découvrir les bases et les techniques d’un bon spectacle. Puis mon désir de m’intégrer  dans le milieu  professionnel se concrétisait. En 2010 je me suis imprégné du monde du Slam, où j’ai rejoint l’union Madagaslam. J’ai même sorti une vidéo intitulée « Zeule de bois » sur Youtube, laquelle  a fait un sacré buzz à cette époque. Ces expériences m’ont donc permis d’avoir une notion à l’écriture et à l’art de la scène. C’est là que je me suis forgé petit à petit afin de devenir un excellent humoriste. Ma décision de devenir un comique professionnel date de 2013 mais c’est le 21 novembre 2014, durant mon premier « one man show » que ça devenait une réalité.

Madagascar Matin : Pour vous l’humour c’est du talent ou de l’éducation ?

Barhone : Ce n’est pas si simple que ça. Tout d’abord avoir le sens de l’humour ne s’improvise pas, c’est une nature. Mais avoir les deux serait un atout pour être un bon acteur, c’est-à-dire que cette carrière nécessite du talent auquel on façonne avec une touche d’éducation. Etre humoriste n’est pas seulement être comique, il faut se cultiver, lire, suivre les actualités. Bref, ces deux caractéristiques sont complémentaires, dans les autres disciplines aussi d’ailleurs.

Madagascar Matin : D’après vous, quels sont les problèmes majeurs de cette carrière à Madagascar

Barhone : Contrairement à ce que l’on pense, nous sommes beaucoup à être humoriste dans toute l’Ile. Pourtant, les salles de spectacle pouvant nous accueillir sont peu nombreux. Mais surtout, les organisateurs ne s’intéressent presque plus à nous en nous catégorisant comme un simple « animateur de scène ». Selon moi, on oublie notre place dans le monde du showbiz car le public s’intéresse plus au chant qu’à la comédie. C’est pour ces raisons que les étoiles montantes de cette discipline évoluent presque toute en underground.

Madagascar Matin : Comment avez-vous passé votre premier spectacle ?

Barhone : C’était l’année dernière au Cercle Germano-Malagasy, lors de ma première apparition en solo. A la veille du show, j’avais mal au ventre comme pas possible, je n’ai pas réussi à manger ni à dormir car j’ai imaginé ce qui allait se passer durant le spectacle. Le jour j est arrivé, et la soirée était prévue débuter à 19h, sauf qu’à une demi-heure avant le commencement, on n’avait vendu que 6 billets. J’étais alors à l’aise à l’idée de penser que peu de personnes assisteront au show, pourtant dès que le rideau  est levé, la salle était noire de monde et les places étaient toutes occupées. Très surpris, j’ai oublié presque la moitié de mes sketches (rire). Mais dès que j’ai pris le micro, le trac s’est envolé et en fin de compte, le public réagissait superbement bien à mes plaisanteries. Un truc de « ouf » comme l’on dit. Je me suis même demandé pourquoi ai-je fais de la comédie, si j’étais un chanteur je n’étais pas le seul à me retrouver sur scène.

Madagascar Matin : Ecrivez-vous vos sketches ou bien utilisez-vous la technique de l’improvisation ?

Barhone : Etant donné que j’ai beaucoup appris en matière d’écriture, je préfère les écrire de A à Z puisque je ne suis pas très doué en matière d’improvisation. Je travaille mes textes des semaines, voire des mois à l’avance. Je suis plutôt perfectionniste car faire rire les amis c’est une chose. Etre face à un public en est une autre. Il faut mâcher ses mots et prendre garde à ses gestes en pensant à ne pas froisser personne car  le public est très vaste. Je prépare donc tout et je ne laisse rien  au hasard : les mots, les gestes, les mimes. Tous les thèmes sont d’abord recensés. Je me mets ensuite les écrire. Je ne sors jamais un numéro tant que je ne suis pas sûr qu’il soit impeccable et fera rire toutes les catégories de personne.

Madagascar Matin : Qui est l’humoriste qui vous inspire le plus ?

Barhone : Je suis plus inspiré par Gad Elmaleh. J’adore ses blagues, j’aime sa façon de faire rire les gens. Il a un certain charme et une créativité qui lui différencie des autres humoristes.

Madagascar Matin : Qui est Berinne ?

Barhone : En réalité, Berinne est un nouveau personnage que je viens de créer. Rien à voir avoir Olga de Goth ou bien des autres personnages, c’est une femme qui vient du « bas quartier », du côté d’Andranomanalina. Son rôle est tout simplement de parler pour ne rien dire, Berinne discute de la vie de la société en générale, en se ventant d’être une professionnelle en la matière. Elle sera désormais présente lors de mes spectacles.

Madagascar Matin : Quelles sont vos projets ?

Barhone : Dernièrement, nous avons lancé un nouveau concept intitulé « Comédie club au Karibotel ». Un évènement qui mettra en lumière plusieurs nouveaux talents d’humoriste sur scène, deux fois par mois.

Dossier réalisé par Tahiana Andrianiaina