Dans l’attente du glas !
Dans notre pays, la fin d’une année s’accompagne toujours avec la pluie, les foudres, et de temps à autre, des grêles qui, ces dernières années, deviennent de plus en plus gros. L’inondation menace déjà dès l’avant-dernier mois de l’année et c’est à ce moment qu’on juge si la précipitation sera abondante ou non. Et effectivement, le mois de novembre touche à sa fin et si l’on fait un petit bilan sommaire, on peut aisément craindre le pire. Les conséquences pour la Capitale ne sont plus à énumérer, ni à démontrer puisque la grande ville d’Antananarivo a été frappée de plein fouet par la catastrophe la saison dernière. Des traces de ces dévastations restent toujours visibles et pire, presqu’aucune action de réhabilitation, d’entretien et de préparation n’a été menée pour y faire face cette année, alors que la menace est palpable avec la pluie de ces derniers jours.
Du côté de la politique, c’est aussi l’ébullition si les actuels dirigeants du pays sont plutôt occupés à voyager et à se faire voir ailleurs, principalement dans la capitale française. Outre le président la République et sa femme, des conseillers spéciaux et autres membres du cabinet présidentiel, le chef du gouvernement mais aussi des conseillers techniques et autres membres de son cabinet, plusieurs ministres s’y trouvent aussi, et ces derniers sont aussi bien accompagnés de leurs conseillers techniques, membres de cabinet, ainsi que des directeurs et responsables de leurs départements respectifs allant des directeurs généraux aux chefs de service. Tout ce beau monde a su tirer profit de l’occasion de la Cop21 pour s’évader un peu et il ne sera pas étonnant d’entendre des gens chantonner « Alina Paris » sur les Champs-Elysées puisque là-bas, « ny alina mangatsiaka » ! Le pays est ainsi vidé momentanément de plus de centaines de responsables étatiques qui, en tout cas, ne veulent rien entendre des problèmes vécus ici et du développement de ces situations plus tard.
Il y a d’abord cette réunion en public concoctée par ceux qui réclament le retour des îles éparses. Depuis le début de ce régime, c’est vraiment la première fois qu’on réclame la place de la démocratie d’Ambohijatovo et l’autre place du 29 mars. Après la tentative réussie et même protégée par les forces de l’ordre, d’une déclaration au portail de l’Hôtel de Ville d’Analakely, voilà que l’on tente une nouvelle fois l’expérience et dans le cas où le régime essaiera de réprimer la manifestation, on le taxera d’être de mèche avec les … « occupants ». Voilà une tournure de situation tout à fait inattendue et d’ailleurs, on soupçonne gravement une entente tacite entre les gouvernements malgache et française. Pire, le peuple attend un signal fort de la part de ceux qui sont « en mission » à Paris d’autant que c’est l’occasion unique de faire savoir notre position à ce sujet qui tient à cœur les malgaches et la déclaration doit être entendue, non seulement par les responsables français, mais aussi par le peuple français et le monde entier. C’est plus que normal puisque les dirigeants actuels sont présents en France au nom du peuple malgache et au sujet des îles éparses, le peuple veut leur retour immédiat. De plus, la résolution onusienne le spécifiant date de 1979, c’est-à-dire il y a 36 ans.
L’autre problème qui pourrait péter sous le nez de ce régime – et donc qui pourrait le défigurer complètement – est ce conflit entre le ministère de la Culture et de l’artisanat et les artistes. Ces derniers ont complètement tourné le dos à l’Etat et les petits secrets commencent à être étalés en public. Personne ne savait, par exemple, que 94% du budget utilisé par l’Office malgache du droit d’auteur viennent des artistes mais seul, le ministère a le pouvoir d’abroger son directeur. Telle est la loi, les artistes ne le contestent pas mais exigent un audit sur sa gestion avant que ce dernier parte. Avec toutes ces données, beaucoup diront que l’entente peut être trouvée aisément mais c’était sans compter sur une ministre de la Culture et de l’artisanat qui ne veut rien savoir que de voir la nouvelle entrante – qui ne serait autre que sa nièce – s’installer. D’où l’organisation d’une manifestation, certes dans un endroit clos, mais qui ressemble fortement à une démonstration de force puisqu’elle sera d’abord gratuite et que surtout les artistes font appel à leurs fans respectifs. Il y aura ainsi du monde à Mahamasina et beaucoup se sont donné le mot de venir les soutenir. Ce serait une autre occasion unique de montrer la solidarité tout comme l’opportunité pour le public de recueillir le maximum d’autographes, ce qui ne risque jamais d’arriver, ni à l’actuel ministre de la Culture, ni à sa nouvelle protégée !
Et les « zanak’androy » ainsi que les autres « zanaka » de plusieurs régions de l’île, à savoir, ceux d’Ihorombe, d’Anôsy, de Bongolava, d’Itasy, d’Analamanga, de Haute-Matsiatra, et entre autres d’Analalnjirofo, – en somme, de toutes les régions de l’île -, ont tous été victimes d’injustice de la part des tenants du pouvoir actuel, à un moment ou à un autre. Et les contestations commencent sérieusement à monter à l’approche des fêtes et 2016 apparaît déjà comme une année plus que difficile. Avec la pluie, les foudres et les inondations qui menacent la Capitale, il ne manque plus que le glas !
J.L.R.