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Mercredi 27 Novembre 2024

ombre

La marche à suivre !

La manifestation de l’extrême pauvreté prend différentes formes et si on a l’habitude de voir les 4’mis se servir dans les bacs à ordures, ce dernier … récipient possède désormais ses propriétaires appelés par les agents du service autonome de maintenance de la ville d’Antananarivo, des « gôgô ». Ils sont à la fois les gardiens de bac en question tout en s’occupant de mettre à l’intérieur les ordures éparpillées tout autour de ce matériel. Généralement, les « gôgô » sont les membres d’une même famille et possèdent un ou plusieurs chiens. Et évidemment, ils sont les seuls ayant le pouvoir de se servir de ce que les gens y jettent et dans le cas où des … étrangers essaient de s’immiscer dans leur « territoire », et ne serait-ce qu’y jeter un œil, c’est tout de suite le déclenchement d’une bagarre générale au cours de laquelle on règle le différend à coup de fourche et de coutelas. Bref, c’est le cliché habituel dans les grandes villes, notamment dans la Capitale et comme nous l’avons spécifié supra, cette manifestation de l’extrême pauvreté prend des allures tout à fait inattendues et touche de très près de nombreuses familles tant citadines que rurales.

La dernière statistique mise à la disposition des médias parle de la hausse de 10% du nombre de jeunes filles de moins de 18 ans qui contractent le mariage ! Cette donnée est sortie de la réunion « National girl leadership summit » qui se tient à l’Hôtel Panorama d’Andrainarivo où 88 jeunes filles des 22 régions de la Grande île sont en conclave.
Faisons un calcul simple d’abord : 60% de la population malgache de 23 millions d’habitants sont composés de jeunes de 15 à 24 ans et on sait que la proportion des jeunes filles est de 55 à 60%. Approximativement, cela nous fait un total d’un peu plus de 800 000 jeunes filles concernées par la statistique en question ! En un mot, le pays est dans de beaux draps et le tourisme sexuel prendra d’ici peu un sacré essor, notamment pour les touristes nationaux mais aussi ….institutionnels. C’est bien le cas de le dire puisque, outre les touristes internationaux, les agents de l’Etat comprenant les hauts fonctionnaires et ceux des organisations non-gouvernementales sont presque les seuls ayant ces dernières années le moyen de pouvoir sillonner Madagascar. Mieux, ils parviennent dans les coins les plus reculés, de par leur mission, et arrivent en seigneur pour la simple raison que leurs bourses sont bien garnies d’indemnités et autres per diem octroyés par leurs institutions. Les pauvres habitants se trouvent, du coup, dans une position d’extrême faiblesse, et toutes leurs commandes sont exaucées jusqu’au moindre caprice. De leur côté, ces agents ne sont pas uniquement en connaissance de cette précarité excessive dans laquelle se trouvent la très grande majorité de la population mais savent bien en tirer profit.
En tout cas, on ne peut qu’être ahuri de la tournure que prend la situation des malgaches actuellement avec la naissance d’une énième nouvelle génération de pauvres pour le pays. Mais on constate aussi l’échec de la stratégie et programme de l’éducation nationale, de la planification économique, autant que l’incompétence flagrante des dirigeants. Conséquence immédiate : des milliers de jeunes filles de moins de 18 ans acceptent de se marier alors que les sources d’argent du foyer sont plus qu’aléatoires ou même inexistantes. Ajoutons à ce tableau déjà noir l’autre donnée faisant état du taux de chômage très élevé chez les jeunes : 70%. N’ayant ainsi obtenu aucun diplôme, sauf peut-être le Bepc qui ne vaut même pas son poids de papier sur le marché du travail, ces jeunes filles sont livrées pour devenir des … esclaves, et de leurs maris, et de la situation dans laquelle elles sont entrées. De même, leurs progénitures ne peuvent pas non plus aller plus loin dans l’enseignement puisque la faim, la malnutrition, la malformation, ainsi que diverses maladies les guettent à tout moment. Croyant pouvoir échapper à un destin tragique au sein du cercle familial, elles s’engouffrent dans un dédale sans fin de la misère et du dénuement sans avoir aucune chance de s’en sortir. Mais bien sûr, on peut être attiré par l’argent facile de la prostitution pour trouver une solution rapide à la situation, mais les jeunes filles ne sont pas à l’abri d’autres exploitations dont elles pourront porter à jamais le stigmate. Et dans ce cas, elles deviennent plutôt une charge et un mauvais modèle pour toute la famille.
Pour beaucoup, le régime a complètement failli à sa mission, celle de veiller au bien-être de la population, mais il n’est pas trop tard pour prendre et assumer les responsabilités. Cette année, nous n’arrêtons pas de récolter les mauvaises notes et ce n’est pas uniquement faute de n’avoir pas pu bénéficier des financements extérieurs. On se rappelle par exemple du lancement en grande pompe du projet de réinsertion scolaire de la saison dernière. Bizarrement, le tout est resté, justement, à ce stade de fête et aucune suite du programme n’a été enregistrée. A peine si on a distribué quelques tabliers, cahiers, stylos et cartables à quelques milliers d’enfants et c’est tout. C’est dire qu’il est grandement temps que les actuels tenants du pouvoir revoient leur copie concernant le volet social. Sinon, l’inverse se produira et la population décidera de la marche à suivre pour ces derniers.

Jean Luc RAHAGA

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