Lustucru
On sentait le ton monter, on suspectait le recours à des manœuvres tordues derrière les coulisses, mais qui eut cru que les méthodes voyoutes allaient faire surface de cette manière lors du « finish » des élections destinées à désigner le président d’un des grands partis politiques de France. Avant la proclamation des résultats, des déclarations de victoire par chacun des deux camps, et des accusations réciproques de fraudes. Il n’y aurait pas eu tant de fumées sans nombreux foyers de feu. On est bien en France, mais pas dans une de ces républiques bananières. Lorsque quelques heures avant les résultats, un ancien ministre de son état, un certain Monsieur Wauquiez se répand devant micros et caméras pour mettre à l’aise ses potes tricheurs en excusant à l’avance les tripotages mais que ceux-ci ne devraient pas parvenir au niveau scandaleux atteint par le rival PS quelques années auparavant, cet homme a perdu l’occasion de se taire. Non seulement en apparence l’UMP en la matière a surclassé le PS, le prochain argument consisterait-il à accuser les rivaux de posséder plus d’expertise dans la commission des turpitudes ? Mauvaise pioche, les grosses d’autrui ne justifient pas les petites siennes. Ce procédé renvoie à l’intervention de l’un de ces « faux-poids » de la classe politique actuelle, ancien ministre à passage rapide, intervenant dans l’opération de communication ayant eu pour but d’informer sur la rectitude morale et légale du comportement des forces de l’ordre lors de la récente campagne de pacification menée dans le Sud. L’opinion s’est calmée suite aux assurances données par les patrons responsables qu’il n’y avait pas eu d’exactions et que les rares débordements ont fait l’objet d’enquêtes voire de sanctions. Puis patatras ! L’échafaudage de purification a chancelé. Après avoir subi une claque dans son propre parti, l’ex-ministre ex-ravalomananiste a cru trouver une opportunité pour rebondir en faisant du zèle. Ni plus ni moins il a quasi interpelé l’opinion en interrogeant la conscience publique : est-ce que l’on s’est demandé si les dahalo ont respecté les droits humains ? Bien sûr que non ! Aussi sûr, on ne met pas les forces de l’ordre sur le même pied que les dahalo. Par contre cet argument aurait-il le dessein de justifier des faits graves jusque-là niés en tous cas inavoués ? Génial le mec ! Le zèle a produit l’effet contraire et a apporté de l’eau au moulin des adversaires. Les suspicions sur les forces de l’ordre reviennent au galop. Rattraper de tels impairs impose à l’évidence de déployer les efforts identiques à ceux nécessaires pour ramer à contre-courant. Comme s’il avait pressenti la tournure de la situation, le nouveau Président français, François Hollande, a devancé les difficultés d’avoir à tenir le rôle de donneur de leçon. Il a adressé le message que désormais la France base ses relations avec les pays africains dans des rapports de partenaire à partenaire. Cette déclaration mérite sûrement des suffrages de félicitation, toutefois les populations des pays africains ne devraient pas s’en réjouir trop vite ? La nouvelle donne les renvoie à leur responsabilité de se prendre en charge pour dresser des limites et barrières contre les dérives et abus dont, ni une culture adolescente de démocratie, ni un jeune semblant d’état de droit ne parviennent à brider des tentations les tenants du pouvoir.
Léon Razafitrimo