Grève des transporteurs – Politiquement dangereuse
Les membres de l’Union des Coopératives de Transport urbain (UCTU) ont fait le « bon » choix quand ils ont décidé d’augmenter le tarif du transport à 400 ariary, le 1er novembre dernier. Pour cause, cette journée étant fériée et chômée, les usagers ont plutôt décidé de profiter au maximum du long week-end de la Toussaint au lieu de « s’insurger » contre une décision dont ils sont considérés comme les vraies victimes. Ainsi, lentement mais sûrement, la hausse a été entérinée dans l’indifférence presque totale. Ce « calme » diffère totalement des scènes de violence qui ont ponctué la journée d’hier quand les transporteurs eux-mêmes en sont venus aux mains en marge de la journée de grève générale (voir article par ailleurs).
En effet, les grévistes n’ont pas apprécié la décision de leurs « collègues » ayant opté pour une continuation de leurs activités en dépit du mot d’ordre syndical. Certains taxis-be ont ainsi été littéralement attaqués comme c’était le cas aux 67ha ou encore sur la route de l’Université. Ces actes de violence s’expliquent largement par la position prise ces derniers temps par les dirigeants de l’UCTU dont l’un d’eux, représentant les jeunes transporteurs, a récemment menacé que « si on cherche le trouble, que celui-ci survienne ».
Bien entendu, la légitimité de la grève d’hier est soumise à confusion dans la mesure où l’attitude des transporteurs est jugée à l’antipode des principes régissant le service public. Défendant des intérêts particuliers, ceux-ci prennent les usagers en otages et plus largement l’économie du pays. Avec la pagaille créée par la grève d’hier, la perte pour les entreprises pourrait facilement se chiffrer en milliards d’ariary. Cela est d’autant plus grave que le contexte économique, marqué par la crise politique et ses conséquences, mine la santé des entreprises.
Des solutions en urgence
Quoi qu’il en soit, cette grève des transporteurs aura également des conséquences politiques indéniables. Les entités politiques notamment celles de l’opposition ne manqueront pas de se saisir de cet événement pour fustiger les dirigeants transitoires comme c’était le cas lors de la traque des dahalo dans le Sud. Certains estiment en effet que cette grève est de même nature que celle qui a touché d’autres secteurs comme les hôpitaux publics, les universités ou encore la magistrature. Dans ce cadre, ils pensent que celle-ci, comme tant d’autres avant elle, serait le signe de la faiblesse de l’Etat voire la faillite de sa gouvernance. Leur objectif est de montrer que le régime transitoire est débordé et qu’il est dans l’incapacité d’accomplir la tâche qui lui est dévolue, celle de gérer les affaires courantes.
Dans tous les cas, le gouvernement transitoire semble dos au mur. Pour ce énième mouvement de revendication corporatiste, il doit encore une fois prouver qu’il tient en mains le contrôle du pays et qu’il a les solutions devant atténuer les tensions sociales.
L. D. A.