Madagascar va franchir un nouveau cap dans son voyage de la quatrième République : les élections sénatoriales. Comme ce sont les grands électeurs qui iront aux urnes, la très grande majorité de la population n’aura pas à avoir connaissance des monts et merveilles promis par les candidats. C’est bien le cas de le dire puisque si on essaie de se rappeler des trois premières élections déjà réalisées jusqu’ici, à savoir l’élection présidentielle, celle des législatives et puis dernièrement, celles des communales et municipales, on pourrait écrire un très grand livre sur les promesses électorales faites à l’endroit, cette fois-ci, à la population. D’ailleurs, ce serait une bonne idée de le faire et à coup sûr, l’ouvrage sera vite un best-seller, ne serait-ce que pour servir de repères et/ou références.

On se rappelle, c’est l’exemple souvent pris par tous, de cette promesse d’en finir avec le délestage en l’espace de 3 à 6 mois. Non seulement, la coupure d’électricité s’est intensifée 23 mois plus tard, mais pire, le tarif a connu une hausse vertigineuse de 200% au minimum. Il y a aussi cette autre promesse, faite toujours par l’actuel président de la République, de se battre pour que les îles malgaches deviennent réellement … malgaches. Avec la montée de la contestation de la présence française dans ces petites îles, le pouvoir s’est senti obligé d’annoncer quelque chose et c’était dans le genre de la diplomatie secrète où tout se règle loin des tumultes des rues. Pire aussi, le même président de la République a déclaré qu’il est le premier à avoir réclamé à la partie française leur retour ! Ces deux déclarations, la première est celle de la ministre des Affaires étrangères, Attalah Béatrice – voilà un nom qui sonne plus français que malgache -, n’ont fait qu’irriter davantage le peuple malgache. Quant au côté socio-économique qui touche de près la vie de la population, les chiffres sont là, et ils sont effarants. Tous les classements mondiaux, venant évidemment des organismes internationaux, ainsi que les statistiques obtenues de ces deux dernières années ne font que traduire les constats visuels sur terrain. Beaucoup se demandent, par exemple, du nombre des sans domicile fixe qui errent dans tout Analakely. Ces derniers temps, on voit des mendiants qui dorment sur les trottoirs en … plein jour. Ils ont seulement pris un carton pour s’allonger sous les voitures pour essayer de gagner un petit ombre. Et c’est ainsi partout sur l’Avenue de l’Indépendance et si jamais le propriétaire essaie de faire bouger sa voiture ou encore de partir, c’est une bordée d’injures que ce dernier reçoit en pleine figure. La même chose est arrivée à notre pays sur les plans, à la fois souveraineté et économique, puisque les terres de Madagascar sont tous simplement bradées. D’ailleurs, c’est la politique même de l’actuel ministère de l’Aménagement du territoire qui offre les bonnes terres aux investisseurs étrangers tandis que le petit peuple est dépouillé de ses maisons et rizières, par conséquent jeté dans les rues.

A coup sûr, si le candidat à la présidentielle a promis cela lors de l’élection de 2013, tout le monde aurait voté son concurrent, lui qui ne voulait que le retour de son « dada ».  Pour les élections communales et municipales, beaucoup ont aussi juré d’apporter le changement dans leurs communes respectives  tout en avançant que le problème de financement ne se pose guère. « Les bailleurs de fonds n’attendent plus que nous et nous n’avons nullement besoin des subventions de l’Etat », ont-ils déclaré, puisque l’essentiel est arrivé à la plus haute marche du podium. Trois  plus tard, les habitants vivent dans l’eau dès la première goutte de pluie et toutes les infrastructures se dégradent plus vite qu’on le pense.

Et c’est dans ce contexte qu’arrivent les élections sénatoriales. Le régime qui est pressé de trouver la « stabilité » les cale en pleine saison de pluies mais surtout entre les deux fêtes de fin d’année, à savoir, Noël et Saint-Sylvestre. En réalité, on veut commencer l’année nouvelle avec plus d’assurance et de nouvelle base aussi mais l’histoire nous rappelle que rien, ni personne ne résiste à la …rue ! Il faudrait avoir une très courte mémoire pour ne pas s’en souvenir que toute décision revient en fait au peuple.

Jean Luc RAHAGA