Presque deux ans, c’est le temps que l’actuel président de la République a réussi à rester à sa place malgré les nombreuses tergiversations. Etat de non droit, non respect de la démocratie et des droits de l’homme, corruption en haut lieu ou violation répétée de la Constitution, le régime actuel est certes arrivé jusqu’ici contre vents et marées et il n’est pas encore totalement sauvé. Motion de censure, déchéance, destitution, remaniement, les dangers peuvent venir de partout mais le régime a encore su manœuvrer pour les éviter. Quoique les hommes au pouvoir aient pu faire, il faut reconnaître qu’ils ont un certain talent pour échapper au pire en changeant l’avis des gens qui veulent leur tête. Toutefois, cela n’a pas été gratifiant pour le pays dans la mesure où l’instabilité règne toujours en maître. En effet, récemment encore, la majorité de la population était constamment tenté de penser que la période de transition n’avait pas réellement pris fin avec l’élection d’un nouveau président de la République. Par ailleurs, ce n’est tout récemment que les bailleurs de fonds et autres partenaires techniques et financiers ont recommencé à prêter de l’argent à la Grande île bien que cela ne traduise pas encore le vrai retour de la confiance et l’ouverture de la pompe à dollars. En effet, le pays doit encore se plier à quelques conditions drastiques avant d’espérer quoi que ce soit, notamment de penser à des projets réalistes et réalisables au lieu de véhiculer une piètre image des Malagasy aux yeux du reste du monde. Quand l’Etat demande 18 milliards de dollars pour le plan de mise en œuvre du Programme national de développement, on ne peut qu’en conclure que les dirigeants ont les yeux plus gros que le ventre et veulent tout prendre sans réellement savoir quoi en faire. En règle générale, la majorité des décisions, si ce n’est toutes, prises par les tenants du pouvoir sont non seulement hors contexte mais attisent également la colère de la population. Depuis presque deux ans, la population est sérieusement frustrée, un problème que les dirigeants sont incapables de résoudre pour la simple raison qu’ils ne s’intéressent pas réellement aux besoins prioritaires de la population. Ce manque de redevabilité est pourtant un sérieux danger pour les hommes au pouvoir qui pourront se faire ou être dégagé au moment où on s’y attend le moins. Ainsi, si le chef de l’Etat projette aujourd’hui de régner jusqu’en 2023, il doit immédiatement changer de fusil d’épaule avant qu’il ne soit trop tard. Il doit par exemple se séparer de plusieurs individus de son proche entourage mais puisqu’il ne s’est pas exécuté jusqu’à ce jour, cela ne peut que signifier que le président de la République n’a pas le cran de prendre des décisions. Autrement dit, il n’ose pas limoger les personnes qui alimentent la polémique et qui nuisent à son avenir. Tant mieux pour nous parce qu’en continuant ainsi, il ne peut que dégager au plus vite. Quand on dit qu’il ne tiendra même plus 6 mois au rythme actuel, la majorité de la population voudrait que cela soit vrai mais il va falloir patienter encore un peu. Tout peut encore changer après les élections sénatoriales, mais personne ne sait réellement comment. Dans les cas d’une défaite ou d’une victoire de la majorité des candidats du parti d’Etat, l’échiquier politique se redessinera, reste à voir si le président de la République a déjà prévu tous les cas de figure et fera ensuite preuve d’habilité pour essayer de rester au pouvoir. Les compétences de l’ancien expert comptable ont souvent été remises en question et à l’approche de la nouvelle année, il est attendu au tournant par la majorité de la population. Au moindre faux pas, la situation risque de dégénérer et l’instabilité se transformera vite en nouvelle crise pour le pays.

Laza Marovola