De mauvais exemples !
On dit toujours que l’exemple vient d’en haut et c’est d’autant plus vrai puisque l’autre expression « les souris dansent quand le chat n’est pas là » reste très suivie dans l’administration publique. Prenons d’abord cette mesure prise par l’actuel ministre des Finances et du budget dès sa prise de fonction, alors que ce dernier a été attendu par ses départements durant un peu plus de deux semaines. Il s’agit d’appliquer à la lettre les heures de travail définies par la loi qui sont de 8 heures par jour et les agents de ce ministère devraient se trouver déjà dans leur bureau à 8h précises du matin jusqu’à 16h de l’après-midi avec une pause déjeuner d’une demi-heure à midi. Pour faire plus vrai, de nouvelles machines électroniques ont été installées aux portes des bâtiments de ce ministère mais malheureusement, certaines ne fonctionnent plus n’ayant pas supporté les caprices sans cesse répétées de la Jirama. Très vite, il a donc fallu revenir à la vieille bonne méthode du pointage manuel qu’on suit mollement, d’ailleurs, on sait que les ministères sont devenus des propriétés … familiales ! Et oui, c’est bien le cas de le dire puisque le frère d’un ancien responsable d’une quelconque direction n’est autre que celui qui est à la tête d’une cellule, si sa sœur est le chef d’une telle division, tandis que sa belle-sœur, c’est-à-dire, la femme de son petit frère est le chef de service portant telle dénomination et ses enfants, neveux et nièces viennent d’être recrutés par ledit ministère. Et ici, on ne parle pas encore du réseau qui commence à s’étendre dans d’autres départements ministériels et autres collectivités décentralisées, soit dans l’administration publique toute entière. Il est normal dans ce cas que les « fotsy ila » ou demandes d’explication ne concernent que les … intrus et par conséquent, le « Codis » ou conseil de discipline est destiné à faire un peu plus de places pour les autres membres de la famille qui ne sont pas encore intégrés comme agents de l’Etat. Logique ainsi si théoriquement, tout le monde est déjà au bureau à 8h du matin et le ministre en question a compris que ce n’est pas pour rien que Madagascar est appelé le « pays du moramora ». Mais déjà à l’annonce de la mesure, beaucoup ont ri sous cape et misé sur la durée de l’application du texte. Pire, les démembrements de ce ministère et de ses organismes rattachés dans les régions et districts n’ont même pas pris la peine de lire la note de service qui était tout de suite rangé dans les archives. Pour tous les autres ministères, ils se sont bien gardés de suivre l’enthousiasme de l’actuel ministre qui, rappelons-le, a été importé du Canada, c’est-à-dire que la personnalité restait pendant un très long moment loin de la réalité du pays. Et cela pour deux raisons : d’abord, les agents de l’Etat reçoivent un salaire de misère par rapport au coût de la vie et aux besoins de plus en plus grandissants de leurs progénitures et ce n’est pas la hausse de salaire de 7 à 10% octroyée chaque année qui va remédier à ce problème. Ainsi, ils ne peuvent pas se permettre de recruter des domestiques pour ramener leurs enfants à l’école qui, habituellement, rentrent à l’école à 8h du matin aussi et c’est seulement après qu’ils prennent le taxi-be pour aller au bureau. Avec le déplacement urbain infernal, il est normal que les bâtiments administratifs ne commencent à s’animer qu’une heure plus tard. Afin d’arrondir le mois, les fonctionnaires ont aussi leurs petites affaires à côté bien que cela ait une relation avec leur travail. D’où aussi leur absence l’après-midi.
La deuxième raison est que de très nombreux ministères n’ont pas les moyens pour financer cet investissement de s’équiper de gadget électronique destiné à surveiller les entrées et sorties de leurs agents. D’ailleurs, les responsables savent pertinemment qu’à très court terme, le gadget en question va montrer ses limites. D’où le constat qu’aucun autre département ministériel n’en possède à leurs portes tout en sachant qu’instaurer un climat de confiance avec les agents de l’Etat reste beaucoup plus rentable. Mais il y a aussi cette autre méthode de ne communiquer que lorsqu’on est visé. C’est le cas par exemple de cette histoire rocambolesque de trois millions d’euros qui aurait touché un membre du cabinet de la présidence de la République. Avant la diffusion d’une lettre émanant de l’Ambassade de la France à Madagascar, aucune communication n’a été faite de la part des autorités malgaches alors qu’il aurait suffi un démenti officiel en lieu et place de ce qu’un quotidien de la place appelle « violation d’une correspondance diplomatique ».
Bref, on a eu sans cesse de très mauvais exemples dans la gestion du pays depuis l’avènement de ce régime alors que ce ne sont pas les références en la matière qui manquent.
Jean Luc RAHAGA