Banque centrale – Restriction des marges de manœuvre de l’Etat
La banque centrale a servi autrefois comme une réserve sans limite pour les «besoins » de l’Etat, même ceux en dehors de sa fonction. Les autorités ont toujours trouvé des micmacs pour déjouer la loi qui régit la banque centrale. En difficulté, les autorités sont obligées de suivre les « conditionnalités » des bailleurs de fonds. Dans le programme de référence avec le fonds monétaire international, Madagascar s’est engagé à mettre des réformes au niveau de la banque centrale.
Malgré la forte croissance de la masse monétaire en 2015, les conditions de liquidité sont devenues plus restrictives pour la majorité des banques. Le financement du déficit budgétaire par le recours aux «avances statutaires» de la banque centrale a accéléré la croissance de la masse monétaire fin 2014. Les banques ont utilisé ces liquidités pour augmenter leurs prêts au secteur privé et leurs portefeuilles de bons du Trésor au premier semestre 2015. Cependant, au second semestre, la plupart des banques ont fait face à un durcissement des conditions. La liquidité globale paraît suffisante mais le système est très segmenté : près de 80 % des liquidités sont détenues par seulement trois banques (sur onze). Les établissements liquides se sont semble-t-il, fixé des règles de gestion interne des risques qui limitent leur participation au marché des bons du Trésor, d’où une faible demande et des taux d’intérêt plus hauts (sur les bons du Trésor : 12 % l’an). La banque centrale a réagi en abaissant à la fois le taux de réserves obligatoires de 15 à 13 % et le taux directeur, de 9,5 à 8,7 %, procédant ainsi au premier ajustement depuis 2004.
Les autorités ont lancé plusieurs actions pour renforcer les capacités de la banque centrale en 2015. Ces actions en faveur d’une politique monétaire plus active visent aussi à accroître la capacité de la banque centrale à préserver la stabilité macroéconomique :
- une loi révisée sur la banque centrale est en cours d’élaboration, avec pour objectif i) de supprimer graduellement les avances statutaires de la banque centrale à l’État; ii) de transférer automatiquement les pertes et bénéfices de la banque centrale à l’État; et iii) d’établir un comité d’audit du Conseil d’administration ;
- les adjudications de dépôts et les ventes de bons du Trésor ont été réintroduites pour améliorer la gestion des liquidités ;
- la banque centrale a été recapitalisée en juin 2015 par l’État, qui a réglé les arriérés d’intérêt pour un montant équivalant à 0,4 du Pib ;
-en septembre, en liaison avec la fin des opérations d’aller-retour, la banque centrale a œuvré pour plus de transparence sur le marché des changes en commençant à publier chaque jour les taux de change minimum et maximum, en plus du taux moyen ;
-de nouvelles directives concernant respectivement l’investissement et la gestion des réserves ont été approuvées ;
-un Programme d’Evaluation du Secteur Financier (Pesf) du Fmi et de la Banque mondiale est en cours.
Compensation sur les émissions entre 2011 et 2013
Emission des titres ces dernières années, le financement du déficit budgétaire par la banque centrale, les subventions pétrolières et les fortes fluctuations de l’excédent des réserves bancaires qui en ont résulté ont été problématiques pour le maintien de la stabilité macroéconomique. Afin de renforcer l’indépendance, la gouvernance et la responsabilité de la banque centrale, les autorités prévoient de soumettre au Parlement une loi révisée sur la banque centrale d’ici fin décembre 2015. Le texte prévoit de fixer des limites plus restrictives au financement de l’État et de renforcer la gouvernance et la gestion. En outre, l’État compensera les pertes subies par la banque centrale sur la période de 2011 à 2013 en émettant des titres pour une valeur équivalant à 0,8 % du Pib, ce qui affermira encore la position financière de la banque centrale. Afin d’améliorer la transparence, la banque centrale adoptera les normes internationales d’information financière (Ifrs) à compter de 2016.
Taux de change
La banque centrale s’est engagée à maintenir un taux de change flexible et améliorer le fonctionnement du marché des changes interbancaire. Les autorités ne réintroduiront pas les opérations d’aller-retour et prévoient de limiter les interventions à une accumulation progressive de réserves en devises, sauf volatilité exceptionnelle des taux de change. Le taux de change sera en adéquation avec les paramètres économiques fondamentaux. L’obligation provisoire de cession de 100 % des devises qui avait été introduite en août expirerait avant fin décembre 2015 et les autorités se sont engagées à recourir le moins possible à des mesures administratives pour limiter les sorties de devises et à respecter scrupuleusement leurs engagements au titre de l’article VIII.
Engagement pour un taux d’inflation inférieur à 10 %
La banque centrale s’engage en faveur d’une politique monétaire plus active. Le gonflement actuel de la masse monétaire et du crédit au secteur privé est positif, car il reflète un approfondissement des circuits financiers, mais il faut rester vigilant pour éviter tout effet inflationniste ou risque d’assujettissement à la politique budgétaire. À l’avenir, la banque centrale se concentrera de plus en plus sur le maintien de l’inflation au-dessous de 10 % et la constitution de réserves suffisantes; avec l’assistance technique du Fmi, elle s’emploiera en particulier à fixer des objectifs de liquidité bancaire explicites et à utiliser les ventes de bons du Trésor et les adjudications de dépôts et de crédits pour atteindre ces objectifs. Le taux directeur pourra fluctuer plus souvent pour refléter les mouvements du marché monétaire. Il importe aussi de rendre le marché interbancaire plus efficient, car sa segmentation complique la mise en œuvre de la politique monétaire et le financement de l’État.
Recueillis par FR.