Horizon 8 Mai 2013
Les troubles dans le Sud menacent de ne pas représenter un simple épiphénomène sur la voie actuelle que chacun souhaite mener vers une sortie de la crise.
La gravité des événements promet des séquelles que l’on ne peut espérer effacer de sitôt. L’opinion s’inquiète, à fortiori les populations qui vivent le drame aux premières loges, ou celles qui subissent un schéma de terreur identique en des endroits autres que dans le Sud. Les gens en guériront sûrement, la loi de la nature obligera à reprendre le dessus sur les mésaventures, mais la confiance en l’Etat en aura ou en a déjà pris un sale coup. Ceux qui risquent de payer très cher par une note la plus sévère sont peut-être les forces de l’ordre et les forces armées. La stratégie de répression ou plutôt de la poursuite contre les dahalo a favorisé un scénario d’émulation qui tend à virer en des séquences de rivalité. Saine et sainte émulation comme on le dit en langue du pays. Ce nouvel épisode n’aide pas à la restauration d’un prestige qui en a pourtant besoin depuis que les hommes en treillis ont quelque peu délaissé les préoccupations relatives à l’exercice de leur art dans les casernes, pour se glisser davantage dans les antichambres et salons de la politique.
Depuis l’embrasement par le phénomène dahalo, nombreux officiers, subalternes supérieurs ou même généraux ont chaud aux fesses. Les rumeurs alimentent l’opinion publique de collusions de certains d’entre eux avec les Remenabila et autres. Dans les rangs, des hauts responsables promettent des révélations quand le moment sera venu. Pourquoi pas de suite ? Quelle cause peut donc bien servir ce suspens ? Toutes les supputations sont permises, ce qui ne profite pas à l’ensemble du corps, toujours de plus en plus suspect. Bonjour l’ambiance, quand aucun d’entre eux n’est à l’abri d’une délation ou de toute autre dénonciation calomnieuse.
Le personnel politique essaye lui de son côté de mettre à profit ces moments troubles afin d’avancer chacun ses billes avec en point de mire le 8 Mai. Tout bien vu pourtant la situation ne leur est pas si favorable qu’ils veulent s’en persuader. Toutes les initiatives font l’objet de commentaires les plus disgracieux. S’il ne faut pas prêter oreille et encore moins crédit à ces commérages, on ne peut pour autant fermer les yeux sur cette ambiance délétère de recomposition, qui ne s’opère ni sans trahison ni sans tout au moins infidélité, ambiance qui n’augure ni d’un climat d’apaisement ni d’une possible volonté de réconciliation. Du spectacle ? Il y a des chances d’y en avoir. Peut-être pas dans le registre que l’on attendait, les coups de théâtre promettent de surprendre un public pourtant déjà averti.
Léon Razafitrimo