Du rêve à la réalité
Plus que quelques jours et les deux premières années du mandat nouveau Président de la République élu seront officiellement clos. Mais le bilan est tout simplement décevant si on écoute les plaintes et revendications de la majorité de la population. En parallèle, le pays Madagascar est devenu l’un des pays les plus pauvres et les plus corrompus de la planète et au lieu de trouver des solutions durables concrètes, les dirigeants ne cessent d’accuser leurs prédécesseurs, cause de tout leur malheur. Si les membres du pouvoir exécutif se sont toujours auto-félicité d’avoir réalisé ceci ou cela, la population ne peut pas constater tous ces soit disant « zava-bita ». Au lieu de cela, la majorité ne peut que hausser la voix face à la manœuvre des dirigeants en place pour contrôler tout l’échiquier politique afin de s’assurer le contrôle total de tous les pouvoirs. Mais quand des citoyens décident de s’attrouper à un endroit précis pour exprimer leur point de vue et pour manifester leur mécontentement, la répression, voire même la punition est de rigueur pour les retenir. Quand les forces de l’ordre ne protègent plus la population mais agissent pour les comptes personnels des hommes au, ou proche du pouvoir et cela témoigne d’un régime faible et totalement corrompu. Si les dirigeants actuels ont toujours été critiqués pour le non respect de la liberté d’expression, la réouverture récente de la Place de la Démocratie pourrait même ne pas empêcher les tirs de bombes lacrymogènes, les coups de matraques électriques ou même l’usage de balles réelles si l’occasion se présente. Même si le président de la République se félicite d’avoir rendu possible le retour de Madagascar dans le concert des nations, l’instabilité politique règne en maître et les récentes signatures d’accords de prêts ne signifient rien. Certains peuvent se targuer d’avoir rétabli la confiance avec les partenaires techniques et financiers, et autres bailleurs de fonds, ces dettes n’ont aucuns impacts positifs concrets sur la majorité de la population, obligé de rouler sur des routes fracassées et de respirer les gaz nauséabondes dégagés par l’entassement des ordures. Par ailleurs, la majorité doit se serrer la ceinture jusqu’à l’os pour survivre pendant que les dirigeants vivent dans des palais, se nourrissent dans les restaurants et voyagent à leur guise sans se soucier de leurs dépenses. Les hommes au pouvoir rêvent de réduire la pauvreté et relancer l’économie de la Nation mais sans volonté politique réelle, les promesses ne se concrétiseront jamais. Pour ne citer que le délestage, la majorité de la population connaît trop bien le fonctionnement de la machine étatique. Si la nouvelle année est souvent assimilée à un nouvel élan, ce ne sera pas le cas pour les dirigeants qui continueront à agir selon leurs habitudes, et les budgets de fonctionnement attribués à la Présidence ou à la Primature le prouvent parfaitement. Quand la population rêve de redevabilité, d’Etat de droit ou de bonne répartition des richesses, les hommes au pouvoir ne rêvent de richesse et plus de pouvoir. En d’autres termes, les priorités ne sont clairement pas les mêmes et cela ne peut qu’aboutir à une mésentente entre les gouvernants et les gouvernés. Aujourd’hui, on ne peut que compter sur nous-mêmes pour la simple raison que les dirigeants ne pensent qu’à eux. De ce fait, si ces derniers se focalisent déjà sur l’élection présidentielle de 2018, ils ne doivent pas rêver tant que la majorité de la population continuera d’être endettés pour rien à cause d’eux. Pour cause, cela augmente encore plus la frustration de la population et donc le risque de soulèvement général qui pourrait ramener les dirigeants à la réalité et les faire cesser de fantasmer pour qu’ils se concentrent plus sur du concret. Jusqu’à présent, les hommes au pouvoir n’ont fait que divaguer sans jamais concrétiser quoi que soit de très importants, raison pour laquelle la population rêve d’être dirigée par un autre, qui aura les couilles d’être un vrai président de la République.
Laza Marovola